En écoutant, mercredi soir 21 mars, à la Maison Symphonique de Montréal, les
dernières mesures du Requiem de Giuseppe Verdi présenté par le choeur de
l’Orchestre symphonique de Montréal mis en forme par leur répétiteur et directeur
Andrew Megill et l’OSM dirigé par Kent Nagano, je me suis animé de l’espoir que
quelqu’un eût enregistré (piratage ou pas!) ce concert présenté dignement à la
mémoire de madame Jacqueline Desmarais. On croit que Madame Desmarais n’était
qu’uniquement mélomane, mais la famille Desmarais possède la plus belle collection
artistique de peintures et sculptures canadiennes invitant l’ouverture glorieuse
d’un musée mérité dédié à cette présentation fabuleuse d’éclat et de couleurs
quelque part dans le Vieux-Montréal le jour où se libérera un immeuble patrimonial
digne de la recevoir cette collection, un autre fleuron méritant largement un
catalogue raisonné disert, éloquent et poétique. Cet autre héritage bien préservé
surviendra peut-être avec les souhaits du nouvel an. Pour l’instant, la famille est
en deuil et mérite l’expression de nos condoléances les plus sincères.
Monsieur Lucien Bouchard, président du Conseil d’administration de l’OSM, après
quelques paroles contrites de son amie directrice générale de l’OSM, madame
Madeleine Careau, a humblement rendu hommage au mécénat valeureux de madame
Desmarais, récente figure de proue disparue des arts québécois, subitement emportée
il n’y a pas même un mois. L’ancien premier ministre du Québec a parlé d’une voix
s’adressant encore à elle au présent historique, temps verbal le plus solennel qui
soit.
Parlons succinctement de la valeur musicale du programmé, cette messe des morts
chantée et prévue à la saison en cours donc depuis longtemps malgré cette
coïncidence événementielle: la chanteuse soprano Patrizia Ciofi, la Québécoise
contralto et mezzo-soprano Marie-Nicole Lemieux, le ténor Ovidiu Purcel et la
sensationnelle basse Nicholas Brownee ont offert une prestation parfois s’approchant et digne
des plus grands enregistrements suivants: Mirella Freni, Christa Ludwig Carlo
Cossuta et Nicolai Ghiaurov sous la Philharmonie de Berlin de Karajan et le Wiener
Singverein (DG413217-2) et allez encore vérifier (pour ceux qui étaient présents
mercredi soir!) donc à l’occasion même s’approchant presque tout à fait des forts moments de la version Elisabeth Schwarzkopf, Christa Ludwig,
Nicolai Gedda Nicolai Ghiaurov sous Carlo Maria Giulini et l’Orchestre Philharmonia
avec ses choeurs (EMI 747257-2). Rien de moins en valeur musicale et tout autre
commentaire comparatif à propos du niveau atteint serait même oiseux et superflu.
Pâques approche et s’envoler au sommet de la montagne, chez soi, au terme d’une
telle soirée, avec la souvenance d’une pareille performance des choeurs, des
solistes et de tout l’OSM est un état de grâce en soi.
En préliminaire gracieux, la solennelle contralto Marie-Nicole Lemieux avait chanté
dans sa vaste tessiture de prédilection le Pie Jesu de Maurice Duruflé accompagné à
l’orgue Pierre Béïque, baptisé du nom l’ami cultivé qui a mis sur sa route musicale,
jusqu’à nous, madame Jacqueline Desmarais. Émouvante prestation de tous ces artistes
élégants nous ayant rendu la paix intérieure si nous ne l’avions pas déjà acquise au
repos quotidien et nocturne de notre âme de bref passage sur Terre.
Photo © Antoine Saito
LE REQUIEM DE VERDI Maison Symphonique Kent Nagano, directeur musical Patrizia Ciofi, soprano Marie-Nicole Lemieux, mezzo-soprano Ovidiu Purcel, ténor Nicholas Brownlee, basse Chœur de l’OSM