Disons-le tout de suite, on rit beaucoup ces jours-ci au Théâtre Denise-Pelletier, où Frédéric Bélanger et Steve Gagnon offrent leur Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, transposé dans un monde de stars. Cela donne une résonance très contemporaine à cette pièce du 17e siècle, racontant les mésaventures amoureuses de deux couples aux prises avec les mauvais tours que leurs jouent des êtres féeriques sous les ordres d’Obéron (Étienne Pilon) et Titania (Maude Guérin) qui, ici, n’est pas une fée mais bel et bien une star de cinéma.
D’entrée de jeu, des ouvreurs s’amènent sur scène et provoquent les premiers éclats de rire, alors que l’ouvreuse (Olivia Palacci) clame l’admiration qu’elle et sa mère ont pour Maude Guérin. Le ton est donné, la soirée sera empreinte de dérision, oscillant entre rêve et réalité.
Bien sûr, on retrouve Maude Guérin avec plaisir dans un rôle qui lui va comme un gant. Étienne Pilon s’avère un convaincant Obéron, alors que l’entremetteur et fauteur de trouble Puck (Dany Boudreault) est hilarant et électrisant, avec une gestuelle flamboyante allant jusqu’au moonwalk.
Quant aux quatre amoureux, Steve Gagnon (Démétrius), Gabrielle Côté (Hermia), Hubert Lemire (Lysandre) et Karine Gonthier-Hyndman (Helena), ils ne ménagent rien pour servir les multiples rebondissements de cette comédie. Chacun est imbibé d’orgueil et se comporte un peu comme une star n’hésitant pas à faire sa crise de vedette. D’ailleurs, il est plutôt agaçant d’entendre Lysandre et Helena crier (hurler) si volontiers pour exprimer leur mécontentement. Pire encore, pourquoi permettre à un personnage féminin de gifler son partenaire et même de lui cracher au visage ? Ces automatismes qu’on nous ramène sans cesse me semblent encore plus inacceptables en ces temps de dénonciations d’inconduites.
Quant aux projections sur écran, – rappelons-le, Shakespeare est ici à Hollywood – sont-elles vraiment utiles?
Ajoutons que nos trois ouvreurs du début de la soirée (Adrien Bletton, Jean-Philippe Perras et Olivia Palacci) sont aussi musiciens et qu’ils jouent sur scène une trame sonore qui ajoute encore du rythme à ce bon spectacle. Par contre, à certains moments, leur musique domine un peu trop les dialogues.
Mais, en résumé, en ce début de printemps, ce Songe d’une nuit d’été est une ingénieuse invitation au rêve et au rire.
Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare
Adaptation : Steve Gagnon et Frédéric Bélanger
Mise en scène : Frédéric Bélanger
Coproduction Théâtre Denise-Pelletier et Théâtre Advienne que pourra
Jusqu’au 18 avril 2018 / Théâtre Denise-Pelletier (Salle Denise-Pelletier)
Photo: Jean-Philippe Perras, Maude Guérin, Adrien Bletton ; (debout) Olivia Palacci
© Gunther Gamper
http://www.denise-pelletier.qc.ca/.