Sur fond de guerre civile, Kalo Pothi met en scène l’innocence. Dans un petit village du nord du Népal, Prakash et Kiran, deux amis inséparables malgré leur différente caste, décident d’élever une poule afin de gagner un peu d’argent en vendant les œufs. Quand le père de Pradash vend la poule, les deux amis se donnent pour mission de la retrouver. Nous les suivons donc dans leur quête et parallèlement nous voyons la guerre maoïste prendre place petit à petit dans ce village isolé du Népal.
L’histoire commence doucement, sans qu’on ne perçoive réellement les chamboulements à venir. Les éléments qui nous emportent dans l’environnement de la guerre sont placés un à un, et c’est seulement à la fin que les univers des enfants et de la guerre se croisent. C’est à ce moment que les deux gamins sont confrontés directement à la guerre.
La trame narrative est bien ficelée. Même si le départ est lent, il est fascinant de voir comment l’innocence de l’enfance les préserve de bien des maux. À vrai dire, cette façon de présenter le récit ajoute encore plus d’humanité à un conflit qui a pourtant déjà été traité à de multiples reprises dans des œuvres cinématographiques. On comprend comment une guerre, pourtant si cruelle, a pu s’immiscer et rallier des partisans.
La guerre civile au Népal
En 1996, le Népal connut le début d’une guerre civile destructrice qui dura jusqu’en 2006, et qui fit plus de 13 000 morts. De 100 000 à 150 000 personnes ont également fui les zones de conflits vers d’autres régions, principalement vers la capitale Katmandou. Le parti communiste du pays, composé de maoïstes, a fait face à une monarchie qu’il jugeait corrompue. Les maoïstes réclamaient le départ du roi et l’instauration d’une République populaire du Népal.
Ce conflit a mené à une transformation profonde et complexe de la société népalaise. Kalo Pothi met en scène cette guerre, mais dans un village, chose que l’on voit peu souvent. Les films népalais mettent plus souvent en avant-plan des histoires se déroulant dans les grandes villes.
Une des forces du film est de ne pas avoir pris position dans cette guerre. Chose certaine, les victimes de ce conflit sont les habitants du village, qui sont pris entre les deux clans.
TransIndia
J’en avais parlé plus tôt cette semaine, le court-métrage TransIndia était à surveiller au Festival des films de l’Asie du Sud de Montréal cette semaine. Le film a été à la hauteur de mes attentes.
Dans ce documentaire d’une durée de 30 minutes, on découvre une communauté transgenre, appelée Hijras, à Ahmedabad en Inde. On découvre le véritable mode de vie des membres de cette communauté, leurs croyances et leur culture.
Je ne vous mentirai pas, ce documentaire est assez dur. La transsexualité est encore taboue et incomprise au Québec, une société pourtant très ouverte à la différence. Imaginez en Inde comment ces personnes peuvent être ostracisées.
Souvent rejetés par leurs proches, les hommes transgenres quittent leur famille et se joignent au Hijras. Dans cette communauté, ils se sentent évidemment acceptés, valorisés et soutenus dans leur choix de vie. Ils passeront donc par une série de rituels et l’étape ultime, la castration complète, pour devenir femme et être membre à part entière du groupe. Puisque les Hijras ne sont pas bien perçues par la société indienne, les femmes ne peuvent que très rarement trouver des emplois, elles doivent donc mendier pour survivre.
L’Inde est un pays fascinant et magnifique, mais il reste encore tellement de traditions arbitraires et racistes. Beaucoup de travail reste à faire pour permettre un traitement égalitaire de toute la population.