Les momies égyptiennes ont toujours suscité émoi, émerveillement et un certain recueillement. Pour sa première grande exposition de l’automne, le MBAM exploite à merveille ces sentiments en présentant Momies Égyptiennes : Passé retrouvé, mystères dévoilés. Produite par le British Museum, cette exposition entretient le mythe et l’engouement voués à l’une des civilisations les plus médiatisées, mais qui, paradoxalement, a toujours su conserver sa part de secrets…
… Jusqu’à aujourd’hui. S’il est vrai que le Bristish Museum et le Louvre notamment, ont joué un grand rôle dans la diffusion publique des connaissances que nous avons de la civilisation égyptienne, les nouvelles technologies non invasives largement mises en vedette au MBAM franchissent une étape de plus dans notre familiarité grandissante avec ces femmes, hommes et enfants d’un autre temps.
Pourquoi les momies sont-elles si populaires ? Parce qu’elles répondent à un certain voyeurisme de la part de l’Humain. Côtoyer la mort de si prêt… il y a quelque chose de mystique et d’interdit que nous prenons tous plaisir à entretenir. Il n’empêche que les violations de sépultures dont elles proviennent – eh oui – remettaient fortement en cause notre conscience. Et puisqu’il faut continuer de connaître notre passé pour construire notre futur s’il en est, autant le faire avec un tant soit peu de bonnes manières. Et c’est là que les technologies entrent en jeu.
L’exposition s’articule autour de la rencontre avec six momies : trois femmes, un homme, un adolescent et un enfant. Différents sujets, différentes époques. Différentes sépultures aussi, aux ornements riches, colorés et aux visages de plus en plus troublants. Les voir d’aussi près est réellement impressionnant. En observant les dessins sur les cartonnages qui renferment les précieux corps, on peut déjà avoir une bonne idée de la personne qui se trouve devant nous : sa classe sociale, son genre, sa taille, mais tout cela va pouvoir être précisé de manière déconcertante.
La première salle, plus intime, nous met directement face à l’objet de notre curiosité. Un cartonnage ouvert nous permet également de constater que l’intérieur est loin d’être laissé pour compte. Chaque salle disposera par la suite d’un plus grand nombre d’objets, autour des momies, avec des tableaux, sculptures, vaisselle, objets du quotidien, vêtements. Si puissante soit leur aura, ces personnes avaient aussi un quotidien plus accessible et ressemblant à ce que l’on connaît.
Dans chaque salle, un écran décortique et reconstitue le processus d’embaumement. Ainsi, sans ouvrir les cartonnages, la tomodensitométrie (CT scan) et l’imagerie tridimensionnelle nous renseignent sur ces rites funéraires, mais aussi sur le régime alimentaire, la cause de la mort, les objets laissés en offrande avec le défunt ou la défunte. Plus question dès lors, de défaire les fameuses bandelettes et d’aller plus profond encore dans l’invasion faite au nom de l’Histoire. La science conjugue très bien le passé.
Parmi les objets ou les « images » les plus marquants, les reconstitutions 3D des amulettes qui accompagnent les momies dans leur cartonnage sont d’une précision déconcertante. Si peu de couleurs ont été discernées, les faisceaux à rayon X ont tout de même conduit à une reproduction très juste de ces objets aussi petits que significatifs. Les représentations des visages qu’elles soient façonnées ou peintes sur les momies, ou encore sculptées dégagent un réalisme à la fois beau, fascinant et étrangement apaisant.
Petit à petit, grâce au progrès aussi bien scientifique qu’Humain, l’Égypte ancienne se dévoile. Une exposition qui nous ouvre les yeux et nous en apprend un peu plus sur cette civilisation décidément remarquable et en avance sur son temps, en bien des points.
Crédit photo : Charleyne Bachraty
L’exposition Momies Égyptiennes : Passé retrouvé, mystères dévoilés est présentée au Musée des Beaux-Arts de Montréal jusqu’au 2 février 2020.