Un peu plus de six mois après avoir dû fermer ses portes au public à cause de la pandémie de COVID-19, la salle Bourgie va recommencer à présenter des concerts à compter du 16 septembre. Bien sûr, la programmation prévue pour la 10e saison de cette salle a été complètement chamboulée, entre autres, parce qu’on ne peut envisager, pour l’instant, la visite de musiciens étrangers. Cela dit, d’ici la mi-novembre, on pourra y applaudir des artistes d’ici, dont les pianistes Louis Lortie et Charles Richard-Hamelin, Les Violons du Roy, le quatuor vocal Quartom, la mezzo-soprano Michèle Losier et le quintette à vent Pentaèdre.
«On va fonctionner à perte pour un certain temps.»
La directrice artistique Isolde Lagacé qui a elle-même été parmi les premiers Québécois atteints du coronavirus, en mars dernier, est maintenant rétablie et piaffe d’impatience de revoir les mélomanes. «C’est tellement ma vie, je n’en pouvais plus d’attendre!» Cependant, elle reconnaît que le défi est de taille, même si les rassemblements de 250 personnes dans les lieux publics intérieurs sont maintenant permis au Québec. «On va fonctionner à perte pour un certain temps car, dans les faits, la capacité de la salle est réduite à environ 125 places, avec deux sièges libres entre chaque personne ou chaque cellule familiale. Mais, le plus important est de garder vivant le fragile écosystème de notre milieu.»
Deux concerts pour un seul cachet
Pour faire face à cette situation sans précédent, madame Lagacé a demandé à des artistes de présenter deux fois leur concert pour un seul cachet. «Tous ceux à qui j’ai fait cette demande m’ont répondu oui. Cela m’a amenée, par exemple, à programmer un concert de Louis Lortie à 14h30 un lundi, puisqu’il faut prévoir environ 4 heures pour tout désinfecter entre deux représentations. Il reste maintenant à voir si le public va suivre.»
Concerts sans entractes
En fait, Louis Lortie poursuit l’intégrale des Sonates pour piano de Beethoven qu’il avait entamée en février. Ces concerts seront présentés en après-midi et en soirée les 14, 16 et 18 octobre, ainsi que les 9, 11, 13 et 15 novembre. «Tous nos concerts dureront environ une heure et se dérouleront sans entracte. Trois entrées seront utilisées en fonction des sections où seront assis les spectateurs; ça veut dire que pas plus d’une quarantaine de personnes passeront par une même porte. C’est bien mieux que chez Costco!», renchérit-elle à la blague. Rappelons que les spectateurs pourront retirer leur couvre-visage une fois assis.
La distanciation physique sur scène également
Si tout est mis en oeuvre pour que les spectateurs gardent leurs distances, cette règle vaut également sur la scène de la salle Bourgie qui ne peut plus accueillir qu’une dizaine d’artistes. Comme on pouvait s’y attendre, en raison du nombre important de musiciens et chanteurs impliqués dans la présentation des concerts de l’intégrale des cantates de Bach, cette série est suspendue. Les concerts annulés au printemps 2020 et ceux initialement programmés au cours de la saison 2020-2021 seront reportés à des dates qui demeurent à préciser.
Diversité musicale
Malgré tout, la programmation automnale de la salle Bourgie repose sur une grande diversité de styles musicaux. Par exemple, Les Violons du Roy vont jouer du Purcell, Vivaldi, Handel, Bach et Lully (9 octobre 19 h 30 et 10 octobre 14 h 30). De son côté, la chanteuse Karen Young, bien connue pour ses incursions dans le domaine du jazz, interprétera des chansons de l’auteur-compositeur américain Steve Lacy accompagnée, notamment, de Jean Derome (saxophone alto, flûte basse et voix) et du contrebassiste Normand Guilbeault (22 octobre 18 h). Quant au concert du pianiste David Jalbert, consacré aux Sept dernières paroles du Christ en croix de Haydn (24 septembre 19 h 30), il donnera le coup d’envoi à une collaboration avec ATMA : une série de sept rendez-vous avec des artistes de cette maison de disques retransmis en webdiffusion sur la plateforme Livetoune.
Et l’année Beethoven ?
Alors que la planète s’apprêtait à célébrer le 250e anniversaire de naissance du compositeur de l’Ode à la joie, la COVID-19 en aura décidé autrement. «L’année Beethoven est à l’eau !», se désole madame Lagacé. Néanmoins, une oeuvre du grand Ludwig est au programme du tout premier concert de cette saison particulière. En effet, Le Nouveau Quatuor à cordes Orford jouera le Quatuor no 9 en ré majeur, op. 59 no 3 « Razoumovski », ainsi que le Quatuor à cordes no 2, op. 50 du Québécois Jacques Hétu, les 16 et 17 septembre, à 19 h 30.
Quant à la programmation du temps des Fêtes, elle est déjà prête et sera dévoilée au cours des prochaines semaines.