La comédie burlesque Le Père Noël est une ordure revit au théâtre, cet été, avec Jean-Michel Anctil, Josée Deschênes, Mario Jean, Brigitte Lafleur, Claude Prégent et Pierre-François Legendre. André Robitaille signe l’adaptation de cette histoire rocambolesque portée au grand écran en 1982, avec Thierry Lhermitte et qui allait devenir un film culte. Entrevue avec le metteur en scène de ce Père Noël québécois qui vient braver des interdits de notre époque, où l’on doit souvent faire attention à ce qu’on dit.
Mieux vaut en rire
Le spectacle qui prendra l’affiche, cet été, à la Maison des arts Desjardins Drummondville, est fidèle à l’histoire créée, d’abord au théâtre, à Paris, en 1979, par la célèbre troupe du Splendid. Des personnages qu’on qualifierait aujourd’hui d’«infréquentables» reprennent du service en s’exprimant, cette fois-ci, en langue québécoise, dans le quartier montréalais d’Hochelaga-Maisonneuve.
C’est ainsi que dans les locaux de SOS Détresse Amitié, au soir de Noël, les deux bénévoles en poste, Pierre (Jean-Michel Anctil) et Thérèse (Josée Deschênes) reçoivent la visite d’hurluberlus qui ne font pas dans la dentelle. Entre le voisin bulgare, déterminé à faire goûter ses recettes infectes, le couple dysfonctionnel et les appels répétés d’un obsédé, la magie de Noël éclate en mille morceaux, là où se croisent le désenchantement et la comédie.
Plus de quarante ans plus tard, sommes-nous plus ouverts à la différence? André Robitaille s’interroge en évoquant l’actuelle controverse sur la présence des drag queens dans les écoles. «Pas de doute, Le Père Noël est une ordure regorge de sujets délicats, qu’on pense au travesti en crise existentielle ou à la femme enceinte qui fume! D’ailleurs, il faut se rappeler que le collectif derrière cette oeuvre voulait déranger.»
On se souviendra qu’à sa sortie en salles, ce film avait été boycotté par la RAPT (Régie autonome des transports parisiens) qui refusait de louer des panneaux publicitaires pour l’irrévérencieux Père Noël. Certains cinémas avaient ajouté diverses mentions sur leurs affiches : Le père Noël est une ordure… pas le vrai, ou encore Le père Noël est… presque… une ordure.
«On remonte cette farce en souhaitant que le public s’amuse, tout en constatant que, heureusement, on a évolué!», ajoute monsieur Robitaille.
Un exercice libérateur
De son côté, Mario Jean incarne l’inquiétant Félix, un individu déguisé en père Noël et qui est à la fois voleur, mythomane et violent. «C’est un peu épeurant de reprendre un classique, surtout lorsqu’il est question de suicide, de meurtre et même de dépecer un cadavre! Oui, ce sont des thèmes fragiles mais, on y va à fond et paf! On s’éclate avec des sujets qu’on a refoulé, depuis quelques années et ça fait du bien!»
L’humoriste et comédien est emballé par la «belle folie» qui règne lors des répétitions. «On est dans un formidable esprit d’équipe, caractéristique de cette époque où plusieurs auteurs s’unissaient pour écrire des pièces ensemble, comme, par exemple, Broue. Alors nous, les comédiens, on travaille dans cet esprit là. On s’aide! On contribue mutuellement à raffiner nos répliques.»
Prendre des risques
André Robitaille plonge dans cette nouvelle aventure après avoir longuement négocié avec les six auteurs du Père Noël est une ordure. «C’est cher et il faut payer d’avance pour réserver les droits. Il faut prendre des risques! C’est un gambling!» Le metteur en scène qui fait équipe avec Mario Provencher dans Monarque Productions est toutefois très confiant de gagner son pari, après le succès du Dîner de cons, joué à guichets fermé devant plus de 950 personnes à chaque soir, à Drummondville, l’été dernier.
Le Père Noël est une ordure
Mise en scène: André Robitaille
Avec: Jean-Michel Anctil, Josée Deschênes, Mario Jean, Brigitte Lafleur, Pierre-François Legendre et Claude Prégent.
À la Maison des arts Desjardins Drummondville
À compter du 30 juin 2023 / Billets