Les dizaines de milliers de personnes qui ont l’habitude de prendre le métro pour se rendre à la Place des Arts ne sont pas au bout de leurs peines ! Le corridor bloqué qui les oblige à faire un détour considérable à l’extérieur de la station Place-des-Arts, depuis l’hiver dernier, ne semble pas préoccuper les autorités. Que vous soyez une personne à mobilité réduite, un aîné, ou tout simplement un usager du métro, les réponses aux questions que j’ai posées à la Société de transport de Montréal et à la Place des Arts n’ont rien de rassurant…

Photo prise le 12 août 2022 / Crédit : Marc-Yvan Coulombe
La STM ne peut expliquer ce retard !
Comme je le soulignais dans mon texte du 12 août dernier, la STM a laissé traîner une affiche trompeuse à l’entrée du corridor fermé, du côté de la Place des Arts. On peut y lire «Fin des travaux : printemps 2022».
C’est ainsi que, depuis des mois, des milliers de personnes qui voulaient prendre le métro après avoir assisté à des spectacles, entre autres, aux Francos, au Festival de jazz et à la Virée classique ont dû rebrousser chemin, sans trop savoir comment accéder aux quais de la station Place-des-Arts.
J’ai donc demandé des explications à la Société de transport de Montréal. Amélie Régis des Affaires publiques de la STM m’a d’abord répondu le 12 août, par courriel : «J’ai bien eu votre demande et je vous reviens. Laissez moi vérifier à qui appartiennent ces travaux…»
Autrement dit, après six mois de fermeture pour la réfection d’un corridor qui n’est toujours pas terminée, on ne sait pas trop ce qui se passe; on doit «vérifier».
N’ayant aucune nouvelle de madame Régis, trois jours plus tard, je l’ai relancée et voici la suite de sa réponse, toujours par courriel, le 15 août : «Ce corridor appartient à la PDA de même que les travaux qui en découlent. Nous avions fait les affiches pour eux, mais ce serait à eux de vous expliquer les raisons de ce retard.»
Mais, pourquoi la STM placerait-elle une affiche annonçant la fin de travaux dans lesquels elle ne serait pas impliquée ? Bien entendu, personne ne se donne la peine d’accorder une entrevue pour faire le point.
Quelle que soit sa part de responsabilité dans cette situation, la Société de transport de Montréal laisse sa clientèle poireauter depuis des mois et il faut talonner une porte-parole pour obtenir des réponses incomplètes !
Vraisemblablement, les inconvénients causés aux dizaines de milliers d’usagers du métro qui se rendent à la Place des Arts et au Complexe Desjardins ne préoccupent pas la STM qui avait pratiquement oublié cette fermeture. Comment peut-on traiter les gens avec si peu de respect en plus de leur imposer des hausses de tarifs ?
Langue de bois
Du côté de la Place des Arts, Marie-Claude Lépine, «gestionnaire, communications», se limite elle aussi à l’envoi d’un courriel dans lequel elle contredit la STM : «…la Société de la Place des Arts de Montréal… coordonne présentement des travaux en vue d’assurer l’accessibilité universelle dans le corridor reliant la Place des Arts à la station de métro du même nom, et sa modernisation… Les travaux s’arriment à ceux de la Société de transport de Montréal à la station de métro Place-des-Arts.»
Où en sont les travaux ? Quand le corridor sera-t-il rouvert ? La réponse de madame Lépine pourrait sans doute servir de modèle à ceux et celles dont le métier est de faire semblant de répondre aux questions tout en s’assurant de ne rien dire : «Une réouverture partielle du corridor devrait avoir lieu incessamment.»
Après tout ce temps, madame Lépine ne nous dit nullement où en est le chantier et elle se garde bien d’évoquer un échéancier. N’a-t-on pas ici un bel exemple de ce que signifie ajouter l’insulte à l’injure ?
Parions que bien des clients de la STM et de la PDA qui se sont cogné le nez sur des portes fermées à l’entrée de ce corridor névralgique n’hésiteront pas à utiliser leur voiture la prochaine fois. On a beau tout faire pour chasser les automobilistes de Montréal, allant jusqu’à interdire le stationnement sur la rue Ste-Catherine qui fut longtemps une artère commerciale florissante, il n’en reste pas moins que les discours moralisateurs sur l’environnement ne suffisent pas. On doit aussi offrir des alternatives fiables aux gens ou à tout le moins leur expliquer pourquoi il faut six mois et plus pour rénover un corridor !
«Tout est dans la manière», chante Daniel Bélanger. En se comportant comme elles le font dans ce dossier, la STM et la PDA n’améliorent certainement pas la réputation de Montréal.
De son côté, l’administration Plante demeure muette sur cette situation qui devrait pourtant la préoccuper, puisque les usagers du métro n’ont plus d’accès direct au principal complexe culturel montréalais, ce qui soulève un mécontentement tout à fait légitime. Faut-il rappeler que Montréal perd de sa popularité au point d’enregistrer une perte nette de plus de 48 000 personnes dans ses échanges migratoires avec les autres régions, ce qui représente son plus lourd déficit de population en 20 ans.