Hier soir, le légendaire Michel Sardou a fait son grand retour sur scène au Centre Bell à Montréal, devant un public en délire. À 76 ans, ce monstre sacré de la chanson française a prouvé une fois de plus pourquoi il a vendu plus de 100 millions de disques dans le monde. Le spectacle a débuté avec un programme de projection holographique époustouflant, où un majestueux cheval blanc est apparu, illuminé par un soleil levant, entouré d’un pré et d’un clocher, le tout accompagné par les accords envoûtants des « Lacs du Connemara ». C’était tout simplement spectaculaire!
Ensuite, c’est le cornemusier et une violoniste, également géants sur écran, qui ont pris le relais pour nous plonger dans l’univers de Sardou. C’était un véritable voyage sensoriel et visuel qui nous a transportés au cœur de sa musique et de son talent.
Pour Michel Sardou, c’était son grand retour sur scène au Québec après 10 ans d’absence. Il s’est dit heureux d’avoir repris la route, grâce aux précieux conseils de son épouse. Cette tournée, intitulée « Je me souviens d’un adieu », est présentée comme son ultime tournée, et Sardou a refusé toute entrevue préalablement, ainsi que toute photo ou vidéo journalistiques pendant les concerts. Seule une affiche de sa silhouette dans l’ombre a été utilisée pour promouvoir le spectacle. Cela montre bien que Sardou souhaite se concentrer sur l’essentiel et offrir au public une expérience unique et intime.
Si certaines de ses chansons, comme « Je vais t’aimer », ont suscité la controverse et l’accusation d’être phallocrate, il faut reconnaître que l’énergie dégagée par sa musique, son orchestration majestueuse, ses paroles percutantes et sa voix puissante et grave en ont fait un tube incontournable. Dès les premières notes jouées par son orchestre composé d’une vingtaine de musiciens et de 6 choristes, le public a été conquis. Et cette voix si distincte, chaude et expressive, semble être restée intacte en dépit du temps qui passe.
Malgré quelques pas lents et incertains, Michel Sardou a osé quelques joyeuses stepettes, montrant ainsi qu’il était encore prêt à tout donner sur scène. Son visage dur s’est parfois fendu de rictus, de sourires et de regards vers le ciel, comme pour exprimer sa gratitude envers son public. Avec sa crinière blanche abondante, il incarne davantage un papa ou un grand-papa sévère, ce qui ajoute une touche de charisme et d’authenticité à sa performance.
Sur scène, Sardou a interprété ses classiques revisités avec brio, tels que « Une fille aux yeux clairs », « Être une femme », « Les Ricains » et « Musulmane ». Il a également abordé des thèmes politiques, notamment avec la chanson « Vladimir Ilitch », accompagnée d’une projection holographique exceptionnelle. Cette dernière mettait en scène une statue qui, au fil de la chanson, explosait, perdant ses membres avant de s’écrouler. Cette fin rappelait douloureusement la catastrophe des tours de New York en 2001 et toutes les guerres qui ont marqué notre monde.
Un moment fort du spectacle a été le duo de Sardou avec l’un de ses musiciens sur « La rivière de notre enfance » de Didier Barbelivien, une chanson qu’il avait initialement interprétée avec Garou en France. Son pot-pourri de près de dix chansons a également ravi le public, avec des titres connus tels que « Quand j’étais petit garçon », « Je veux l’épouser » et « Les vieux mariés », entre autres. La salle a été enchantée d’entendre Sardou interpréter en solo la magnifique « Quelque chose de Tennessee », qu’il avait eu la chance de chanter avec Johnny Hallyday. Et en rappel, il a offert avec grâce le classique des classiques « My Way/Comme d’habitude.
Montréal a la chance de faire partie de ces villes choyées de grands artistes comme Sardou qui malgré le temps étonnamment continuent de remplir les stades et des arènes. Il offre un spectacle impeccable dans la lignée des inoubliables. Après Québec ce soir, il poursuit sa longue tourné en Europe.