Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) vous invite à redécouvrir l’intérieur, un lieu avec lequel notre relation a été bouleversée par de nombreux mois de confinement.
Lieu de l’intime, foyer de la vie familiale pour certains, espace de repos ou de travail pour d’autres, l’intérieur revêt diverses significations selon qui l’habite. Cet espace compris entre des limites, des frontières, peut être appréhendé dans une perspective domestique, carcérale, féministe, spirituelle ou même politique. L’exposition Vues de l’intérieur : portraits de l’espace habité met en lumière cette multiplicité de points de vue à travers le regard d’une vingtaine d’artistes québécois et canadiens représentés dans la collection du Musée.
Proposée au niveau S2 du pavillon Jean-Noël Desmarais du MBAM, cette exposition regroupe une quarantaine d’œuvres – peintures, photographies, estampes, installations et sculptures – en rotation qui déclinent une ou plusieurs évocations de l’espace intérieur. L’exposition aborde cinq thèmes – l’atelier, l’entre-lieu, l’intérieur utopique, l’intérieur intime : un espace de soin et l’intérieur domestique – présents dans l’œuvre de Kim Adams, Paul André, Raymonde April, Nicolas Baier, Michel Campeau, Sorel Cohen, Pierre Dorion, Stan Douglas, Charles Gagnon, Serge Lemoyne, Christine Major, Kim Ondaatje, Alain Paiement et Andrea Szilasi, ainsi que dans des acquisitions récentes de Robert Arndt, Lynne Cohen, Oreka James, Guillaume Lachapelle, John Massey, John Max, Robert Polidori, Natalie Reis, Joanne Tod, Martha Townsend et Ian Wallace.
Cette exposition est organisée par le Musée des beaux-arts de Montréal.
Commissariat : eunice bélidor, conservatrice de l’art québécois et canadien contemporain (1945 à
aujourd’hui) et titulaire de la Chaire Gail et Stephen A. Jarislowsky au MBAM
PARCOURS THÉMATIQUE
L’ATELIER
L’atelier demeure un espace de travail de prédilection pour les artistes. Qu’il soit attenant au lieu de vie, quelques kilomètres plus loin, partagé ou individuel, l’atelier est un endroit pour réfléchir, s’inspirer, laisser aller sa créativité et matérialiser ses idées. Malheureusement, dans les grandes villes, l’embourgeoisement et le développement du marché immobilier chassent toujours plus d’artistes de leurs ateliers. Il y en a qui se mobilisent pour assurer une gestion coopérative de leurs ateliers, mais ils et elles font alors face à la complexité souvent rébarbative des règlements municipaux. Résultat : bon nombre doivent abandonner certaines formes de création, faute d’espace, ou font le choix de s’excentrer.
LES ENTRE-LIEUX
L’entre-lieu est un terme de plus en plus utilisé dans la conception d’espaces de bureau ; il se définit comme un espace d’une grande polyvalence qui permet de s’isoler après une réunion, de reprendre son souffle, de rattraper du temps perdu. Ici, l’entre-lieu se veut un espace de transition, une zone qui n’appartient à personne, que tout le monde peut traverser et qui offre des occasions de rencontres fortuites. Halls, escaliers, toilettes, fenêtres : bien que nécessaires à l’aménagement des espaces intérieurs, ces entre-lieux sont souvent réfléchis après coup, presque accessoirement.
L’INTÉRIEUR UTOPIQUE
Le mot « utopie » est dérivé de deux mots en grec ancien : εὖτόπος (« eutopos »), qui signifie « bon lieu », et οὐτόπος (« outopos »), qui signifie « sans lieu » ; un espace inexistant qui est représenté dans la conscience par une attente de ce que l’avenir pourrait être. Les intérieurs utopiques sont des constructions imaginaires, parfois rigoureuses, d’espaces qui constituent un idéal pour l’artiste qui les réalise. Souvent nostalgique, la pensée utopique nécessite un regard dans un passé idéalisé pour imaginer un avenir radicalement optimiste. Les oeuvres de cette section sont empreintes d’un désir d’illuminer des futurs possibles par la construction d’espaces fictifs.
L’INTÉRIEUR INTIME : UN ESPACE DE SOIN
La fonction première de l’espace intérieur est d’être un abri, un refuge, un lieu pour se protéger des intempéries. Pour ces raisons, se loger constitue un besoin essentiel. Les artistes de cette section dépeignent encore plus que cette réalité : l’intérieur devient un abri symbolique où l’on se réfugie pour prendre soin de soi. C’est à l’intérieur qu’on se laisse aller à l’intimité physique, qu’on soigne la maladie, qu’on se recueille et se nourrit spirituellement, et qu’on se préserve des agressions, du danger.
L’INTÉRIEUR DOMESTIQUE
L’intérieur domestique est l’espace le plus souvent habité et utilisé ; il est le centre de la vie familiale et de la vie commune. Cette section porte sur les tâches, objets et moments du quotidien qui font partie de la vie domestique. Il va sans dire que dans une société patriarcale, cette part « ménagère » de l’existence, parce qu’elle relève des femmes, passait habituellement inaperçue. Cependant, depuis quelques années, et surtout depuis que la pandémie a forcé toute la population au confinement, le travail jadis invisible lié à la vie domestique est de plus en plus manifeste.
VUES DE L’INTÉRIEUR
Portraits de l’espace habité
Musée des beaux-arts de Montréal
Du 1er juin 2022 au 2 juillet 2023
Photo mise en avant : Andrea Szilasi (née en 1964), Sans titre (Couple sur canapé), 2000.
MBAM, achat, fonds des employés du MBAM. Photo MBAM