Alain Zouvi qui a fait son apparition au petit écran dans Des dames de coeur, dans les années 1980, est de ceux qui savent se réinventer. Très actif dans le domaine du doublage, le sexagénaire s’est distingué, cette année, grâce à sa brillante mise en scène de l’adaptation à l’opéra de Messe solennelle pour une pleine lune d’été, une pièce de Michel Tremblay, mise en musique par Christian Thomas. Il faut dire que le metteur en scène avait déjà fait ses classes à l’Opéra bouffe du Québec où il est de retour, cet automne, avec La Périchole d’Offenbach. Alors qu’on croyait disparu l’engouement pour l’opérette, les billets s’envolent pour les cinq représentations à l’affiche!
Année après année, l’OBQ fait salle comble, pratiquement à chacune de ses représentations, au Théâtre des Muses de la Maison des arts de Laval qui peut accueillir environ 330 spectateurs.
C’est là que Zouvi a présenté, en 2019, sa première mise en scène d’une opérette : La Fille du tambour-major de Jacques Offenbach.
Franc succès, ce spectacle lui a permis de rappliquer, en 2022, avec La Belle de Cadix de Francis Lopez.
«C’est un style qui plaît, parce qu’il y a des airs mélodieux portés par de grandes voix, mais aussi des chorégraphies, de l’action et de l’humour. Ça rejoint un large public qui serait sans doute dérouté par un opéra sérieux et dramatique. C’est du théâtre de boulevard mis en musique!»
La Périchole : un voyage au Pérou
Créé à Paris, en 1868, sur un livret de Ludovic Halévy et Henri Meilhac, cet opéra-bouffe nous entraîne à Lima, où La Périchole (Rosalie Lane Lépine) et son amant Piquillo (Thomas Vinals) mènent une existence misérable. Le vice-roi Don Andrès de Ribeira, (Geoffroy Salvas ) qui participe incognito à une fête populaire, remarque la jeune femme épuisée par la faim et lui propose de l’emmener à la cour. La Périchole finit par accepter et dit adieu à Piquillo.
Le règlement exige toutefois que cette nouvelle favorite du vice-roi soit mariée. On lui trouve un mari, choisi au hasard et qui est, en fait, Piquillo! Complètement ivre, l’homme se marie sans même en avoir conscience. Après une série de quiproquos, il trouvera le bonheur avec sa bien-aimée.
La débrouillardise porte ses fruits
Très à l’aise dans cet univers qu’il voit «comme du Feydeau mis en musique», le metteur en scène a toutefois hésité avant de se lancer dans l’aventure de La Périchole. C’est que l’OBQ a déjà présenté cet opéra-bouffe, en 2008, dans une mise en place de Michèle Deslauriers.
«J’adore Michèle mais, je ne voulais surtout pas copier son travail. Alors, j’ai réussi à trouver ma vision de cette opérette. En fait, ma version devient une sorte d’hommage aux artisans de l’Opéra bouffe du Québec, fondé en 1978.
En ouverture du spectacle, vous verrez comment ça se passe avant leur entrée en scène et l’agitation qui règne alors qu’ils enfilent leurs costumes. C’est complètement fou et je crois que c’est une belle façon de faire la fête de l’OBQ, un organisme dont le succès repose en grande partie sur ses bénévoles généreux et débrouillards!»
Alors que cette production réunit une vingtaine de solistes et de musiciens rémunérés, sous la direction de Simon Fournier, on y trouve aussi plus de 40 choristes qui ne comptent pas les heures, même s’ils ne sont pas payés. L’homme de théâtre se dit touché par le dévouement de ces passionnés qui participent aussi aux chorégraphies de Monik Vincent, en plus de s’impliquer dans la confection des décors et costumes, d’administrer l’OBQ et de voir à la publicité des spectacles. La Périchole est d’ailleurs annoncée sur d’imposants panneaux en bordure d’autoroutes de la région métropolitaine, cet automne.
Des airs connus
La Périchole (prononcer «Péricole») opéra-bouffe alternant parlé et chanté, s’inspire de l’histoire de la comédienne et courtisane péruvienne Camila Périchole, elle-même inspirée d’une autre célébrité de Lima, soit, Micaëla Villegas. Cette dernière, connue sous le nom de «la perra chola» (littéralement «chienne métisse»), fut en son temps actrice et maîtresse du vice-roi du Pérou Don Manuel de Amat, au XVIIIe siècle.
Quant à la musique, il est fort probable que vous reconnaîtrez, entre autres, plusieurs choeurs et duos, dont «C’est aujourd’hui la fête» et «Vous a-t-on dit souvent». Faut-il rappeler que cette riche partition est l’oeuvre du maître incontesté Jacques Offenbach (1819-1880), compositeur français d’origine allemande à qui l’on doit de nombreux opéras-bouffes célèbres dont, Orphée aux Enfers et La belle Hélène, ainsi que l’opéra fantastique Les contes d’Hoffmann.
Fidèle à ses habitudes, Zouvi promet un spectacle rythmé : «J’aime ça quand ça roule! Je déteste les entractes, Il y en aura tout de même un mais, un seul, puisque les actes 2 et 3 sont enchaînés.
Opéra bouffe du Québec | La Périchole de Jacques Offenbach
Au Théâtre des Muses de la Maison des arts de Laval, du 28 octobre au 5 novembre
Mise en scène : Alain Zouvi
Direction musicale: Simon Fournier
Chorégraphies : Monik Vincent
Distribution:
La Périchole – Rosalie Lane Lépine
Piquillo – Thomas Vinals
Le vice-roi – Geoffroy Salvas
Don Pedro – Éric Thériault
Panatellas – Alexandre Iannuzzi
Tarapote/le notaire/le prisonnier – Martin Héroux
Guadalena, Frasquinella – Léa Jourdain
Mastrilla, Ninetta – Natasha Demers
Berginella, Brambilla- Geneviève Bastien
Billets
*Photos fournies par l’OBQ