C’est le 7 avril que le premier long métrage de Lawrence Côté-Collins, Bungalow prend l’affiche au cinéma. Le film met en vedette entre autres Sonia Cordeau, Guillaume Cyr, Geneviève Schmidt, Eve Landry, Benoit Mauffette, Martin Larocque et Anaïs Favron. Un humour noir, des rénos de l’enfer, un couple à la dérive, le rêve américain qui tourne au cauchemar, voilà ce qui résume un peu ce film hilarant et audacieux.
Résumé : Sarah et Jonathan achètent un bungalow à rénover pour en faire la maison de leurs rêves. Les mauvaises décisions, le manque de cash et les mensonges poussent le couple à franchir des zones extrêmes. Leur vie se transforme en cauchemar. Jusqu’où iront-ils pour sauver leur amour et les apparences? Watch out les petites réno !
Ce film est à l’image de sa créatrice Lawrence Côté-Collins qui est unique en son genre. Lors de mon entrevue avec elle, j’ai eu un réel coup de cœur, pour cette femme dynamique, excentrique, qui assume pleinement d’être différente et d’être en colère contre le capitalisme et les moules auxquels on devrait se conformer. Cette femme a des choses à dire et des émotions à passer et elle le fait magnifiquement dans son premier long métrage. Pour en savoir plus sur le processus de création du film et la genèse de ce projet, voici le lien vers mes entrevues avec les artisans du film : https://lesartsze.com/entrevues-avec-les-artisans-du-film-bungalow-qui-prend-laffiche-des-le-7-avril-au-cinema/
Elle le dit elle-même, Lawrence est une réalisatrice queer qui n’entre dans aucune case. Et son film est à son image. Il n’entre dans aucune case de style ou de genre. Il est à la fois drôle, d’un humour noir jouissif, mais également revendicateur, dénonciateur et confrontant par moment. Ce film est une expérience visuelle à la frontière du kitsch et de l’excentrique tout en ayant des moments de pure frayeur avec la musique d’horreur en trame de fond.
On alterne entre le très laid de la maison, au décor excentrique d’après rénos, avec ses couleurs criardes et ses étoffes zébrées. Il est recommandé de voir le film sur grand écran, afin de pouvoir apprécier tous les détails, les éléments de décor, tout l’aspect visuel dont rien n’est laissé au hasard. Chaque poussière, chaque morceau de décor est pensé et réfléchi par Lawrence. Et tout le monde va se reconnaître un peu dans ces personnages ou ces situations de rénovations, ou même dans ce couple qui vit des moments difficiles.
Alexandre Auger a coscénarisé le film et est en grande partie responsable des magnifiques dialogues et surtout des monologues des divers personnages. C’est du vrai bonbon à écouter. Le personnage que joue Geneviève Schmidt est totalement hilarant avec ses histoires macabres de rénos qui n’ont rien pour rassurer Sarah (Sonia Cordeau). Et que dire du monologue de Sarah, que Sonia Cordeau nous livre avec une justesse d’émotions inouïe: j’en ai eu des frissons. On comprend toute l’ampleur de la fragilité de son personnage, alors que tout au long du film, on ne voit que sa façade de femme fonceuse qui sait ce qu’elle veut.
Le couple Sarah et Jonathan, qu’incarne Sonia Cordeau et Guillaume Cyr est vraiment crédible. On y croit vraiment. Il ressemble à tous ces couples dont la femme, un peu germaine, gère les rénos, alors que l’homme, très peu manuel, adulescent qui n’a pas décroché de ses jeux, se sent de plus en plus inadéquat et tente du mieux qu’il peut de satisfaire sa blonde qu’il adore. Mais quels mauvais choix il va prendre et qui va plonger le couple dans encore plus de terreur que juste leurs rénos… Je n’en dirai pas plus pour ne pas vendre les punchs. Guillaume Cyr est génial dans son interprétation de Jonathan, car il réussit à nous rendre son personnage si attachant malgré ses mauvais choix constants.
Une chose est certaine, au-delà des rires, des rénos et des problèmes de couples, ce film amène les gens à se questionner sur le fameux rêve américain (American dream). Est-ce qu’on doit tous être dans le même moule? Se marier, avoir une maison, avoir des enfants, pour être heureux ? Est-ce qu’il y a des alternatives ? Est-ce qu’on peut être heureux même si on ne veut pas d’enfants, ou de maison, ou de mari ? C’est très intéressant comme approche pour nous faire réfléchir.
Finalement, je dois mentionner le rôle qu’interprète avec brio Ève Landry. Elle nous joue à la perfection la version féminine du gars de la construction un peu cochon qui cruise la jeune dame chez qui il fait des rénos. Quel beau moment de voir Ève et Sonia dans un moment de tentative de séduction ! WOW!
Bungalow, a remporté le grand prix du jury au Festival du film canadien de Dieppe, en France, qui s’est déroulé du 23 au 26 mars derniers et le film a été présenté en compétition officielle au 26e Festival Black Nights de Tallinn (Estonie) qui a eu lieu du 11 au 27 novembre derniers.
Bungalow, produit par Hany Ouichou et Luc Vandal pour la COOP Vidéo de Montréal, avec la participation financière de la SODEC, des programmes de crédit d’impôt provincial et fédéral et la collaboration de Radio-Canada et Crave, prendra l’affiche au Québec le 7 avril prochain.
DISTRIBUTION
Sonia Cordeau
Guillaume Cyr
Geneviève Schmidt
Ève Landry
Martin Larocque
Benoît Mauffette
Également : Julie de Lafrenière, Florence Blain Mbaye, Anaïs Favron, Sasha Migliarese, Alain Zouvi, Antoine Vézina et avec la participation spéciale de Sylvie Léonard.
RÉALISATRICE
Lawrence Côté-Collins
SCÉNARISTES
Alexandre Auger et Lawrence Côté-Collins
PRODUCTEUR
Coop Vidéo Montréal
DURÉE
102 minutes
Bande-annonce : https://youtu.be/t15MN26RL6I
Crédit photos : Les films Opale