Une douce ambiance teintée de nostalgie et de joie flottait au Théâtre du Rideau Vert, en ce soir de première médiatique du spectacle de Catherine Sénart : L’amour selon Venne. La comédienne et chanteuse y interprète d’inoubliables titres de Stéphane Venne : Et c’est pas fini, Le temps est bon, Le début d’un temps nouveau, etc. En complicité avec le pianiste Marc-André Cuierrier, cette femme de scène fait revivre l’oeuvre d’un grand auteur-compositeur québécois, dans un spectacle qui va bien au-delà du tour de chant.
L’amour dans tous ses états!
Debout au fond de la scène, Catherine Sénart donne le ton de la soirée avec Ça commence doucement, une pièce en crescendo sur la beauté d’une rencontre amoureuse.
Le public est tout ouïe ! Il faut dire que ce refrain popularisé par Emmanuelle, il y a 50 ans, demeure envoûtant et truffé d’images fortes! Entre autres, Venne compare la naissance de l’amour à «une île qui sort de l’eau»!
À travers des textes d’enchaînement de son cru, l’actrice aborde avec une touche d’humour les différentes étapes d’une relation amoureuse.
Le début d’un temps nouveau évoque la lune de miel. Mais, on sait bien qu’en matière de sentiments, il n’y a pas de garantie : «C’est notre fête aujourd’hui… quant à l’avenir, je n’sais rien, je ne lis pas dans la main». On constate que ce tube de Renée Claude, enregistré en 1969, n’a pas pris une ride!
D’élégants rideaux blancs sinueux, mis en lumière par Lucie Bazzo, permettent à l’interprète de nous donner l’impression qu’elle change de lieu, au fil des chansons, dans une habile mise en scène de Marie-Ève Gagnon.
C’est dans cet écrin soyeux que renaissent les diamants que sont Les enfants de l’avenir, La fidélité et Tu trouveras la paix. Tout semble couler de source dans ce spectacle bien mûri, dont une première version avait été créée, il y a plus de 10 ans.
En pleine possession de ses moyens
Maintenant âgée de 53 ans, Catherine Sénart est en pleine possession de ses moyens. Celle que le grand public a découvert, il y a plus de 25 ans, dans le rôle-titre de la télésérie Marguerite Vollant, a aussi oeuvré au théâtre auprès de nombreux metteurs en scène dont, René-Richard Cyr, Denise Filiatrault et Wajdi Mouawad. De plus, elle a chanté dans plusieurs productions de théâtre musical, incluant My Fair Lady et Les Filles de Caleb, opéra-folk de Michel Rivard. Enfin, l’été dernier, on l’a vue dans Belmont, un spectacle à la fois théâtral et musical, explorant l’univers de Diane Dufresne.

Crédit : Maxime Côté
C’est avec tout ce bagage que Catherine revisite le riche répertoire de Stéphane Venne. Quant à l’artiste de 82 ans qui a aussi écrit des titres marquants pour Isabelle Pierre, Nicole Martin et Pierre Lalonde, on se souviendra qu’il a été découvert par de nouvelles générations de Québécois, lorsque sa chanson Et c’est pas fini a été reprise à Star Académie, en 2003. On aurait bien aimé l’applaudir de nouveau mais, l’octogénaire n’était pas présent à la première de L’amour selon Venne.
Cela dit, en résumé, la comédienne est à l’aise sur la scène du Rideau Vert, au point de nous donner l’impression d’y être chez elle. Elle va jusqu’à se coucher sur le piano ou à s’y asseoir, en balançant les jambes comme une gamine. Très en voix, elle s’offre des envolées qui collent aux chansons sans les dénaturer.
Il était une fois des gens heureux
Après l’avoir écoutée religieusement durant quelque 80 minutes, on l’a longuement ovationnée! Comment faire autrement, alors qu’elle termine avec une vibrante interprétation de Il était une fois des gens heureux ! De toute évidence, la tendresse et l’intelligence de ce spectacle ont touché le public droit au coeur.
En ces jours sombres où le conflit entre Israël et le Hamas se traduit par d’inquiétantes tensions, même au Québec, ces refrains d’espoir, élégamment interprétés sans prêchi-prêcha, ont eu l’effet d’un baume sur le public qui remplissait le TRV. Deux autres représentations sont à l’affiche, ce vendredi soir, ainsi que samedi après-midi.
L’Amour selon Venne (chansons de Stéphane Venne)
Catherine Sénart, accompagnée au piano par Marc-André Cuierrier
Mise en scène : Marie-Ève Gagnon / Décor : Geneviève Lizotte / Éclairage : Lucie Bazzo
Au Théâtre du Rideau Vert
Le 10 novembre à 19h 30
Le 11 novembre à 16h. / Billets
Martin Leclerc Productions
Crédit photo : Maxime Côté