Costumes et maquillages flamboyants, décors scintillants, chorégraphies et numéros de cirque diversifiés, le Cirque du Soleil a mis le paquet pour rendre visuellement spectaculaires des chansons de Céline Dion, Safia Nolin, Diane Dufresne, Elisapie, Ginette Reno, Ariane Moffatt, Marie-Mai, Dominique Fils-Aimé, etc. Dans une mise en scène de Lydia Bouchard, les chanteuses Marie-Christine Depestre, Heidi Jutras et Francesca Como interprètent, la plupart du temps en direct, ces mélodies réarrangées par Jean-Phi Goncalvez. Il y a, certes, de bons moments, mais certaines des pièces choisies se prêtent plus ou moins au monde circassien. Aussi, il ne faut pas s’attendre à une revue musicale des plus grands succès des chanteuses québécoises.
Avant de plonger dans leurs numéros de trampoline, contorsion, monocycle, etc., les personnages de Vive nos divas, tous vêtus de rouge, s’amènent sur scène en se frayant un chemin à travers les rangées de spectateurs étonnés et heureux de pouvoir admirer d’aussi près les héros de la soirée.
On ouvre le bal avec l’intimiste Cul-de-sac des Soeurs Boulay. Ce sera suivi d’un extrait de Si j’étais un homme de Diane Tell chanté par Anaïs Gonzales, 13 ans.
Cette dernière incarne Phoénix, «une jeune reine… qui chemine à travers un long pèlerinage accompagnée de son peuple.» Il s’agit, en fait, du personnage central de Vive nos divas qui établit certains liens entre les numéros. Gonzales interprète ce rôle en alternance avec Colette LeMay.
Après ces deux numéros plutôt sages, un vent de folie traverse la salle au rythme d’une entraînante adaptation techno du succès : Le début d’un temps nouveau. Il faudrait rendre cette relecture accessible à tous ! C’est du Goncalvez à son meilleur ! «Et l’infini ne nous effraie pas!», dit la chanson. Ça semble aussi être la devise des épatants casse-cous du numéro de trampoline qui accompagne ce classique de Renée Claude.
Beau clin d’oeil, également, que cette version aux accents gospel de la chanson Tous les cris les S.O.S., popularisée par Marie Denise Pelletier. On se demande encore comment une acrobate a pu, à ce moment, survoler la scène en étant suspendue par les cheveux !
Entre l’ombre et la lumière de Marie Carmen a permis à un duo d’athlètes qui se trouvait perchées dans une sphère, à des dizaines de pieds de la scène, de garder la salle sur le qui-vive durant de longues minutes. On retenait son souffle en voyant l’une des deux femmes retenue par un seul pied à sa partenaire qui elle même se tenait accrochée à la sphère en question.
Le fantôme d’Alys Robi est venu illuminer les regards, grâce à une amusante chorégraphie sur Chica Chica Boom Chic. Mais, fallait-il vraiment reprendre en entier C’est zéro de Julie Masse ? Non seulement la chanson est longuette, mais elle est accompagnée d’un numéro de tissu aérien comme on en a vu des dizaines !
La savane pour Céline
Heureusement, le rythme reprend ses droits avec la chanson de Céline, I’m Alive, durant laquelle le décor s’est métamorphosé en savane. De la diva de Charlemagne, on entendra aussi un extrait de J’irai où tu iras.
Enchaînements laborieux
Il m’a semblé laborieux qu’on enchaîne la chanson La laideur de Safia Nolin à J’ai un bouton sur le bout de la langue de La Bolduc ! Cet hymne de la Gaspésienne boute-en-train fait merveille à la sauce électro-pop de Goncalvez. Le public s’apprête alors à frapper des mains, mais on n’en joue que quelques mesures pour bifurquer vers l’improbable Bloody mother fucking asshole de Martha Wainwright. Décousu ?
«J’ai douze ans» et la danse du feu
L’un des temps forts du spectacle est certainement la relecture très percussive de J’ai douze ans de Diane Dufresne accompagnée d’un saisissant numéro intitulé «danse du feu». Lisiate «Oné» Tovo est un véritable danseur du feu dans la plus pure tradition hawaïenne, dit-on. L’homme souriant captive le public en ne faisant qu’un avec son bâton de feu qu’il manipule avec l’aisance d’une majorette enthousiaste !
Ginette Reno et Renée Martel
À la fin du spectacle, on retrouve la jeune Anaïs assise sur une balançoire qui s’élève pendant qu’elle interprète Un peu plus haut, un peu plus loin, en hommage à Ginette Reno. Les artistes quitteront ensuite la scène au son d’un réenregistrement d’une immortelle de Renée Martel : J’ai un amour qui ne veut pas mourir.
Série hommage
Avec Vive nos divas, le Cirque du Soleil présente le sixième spectacle de sa «Série Hommage» à l’Amphithéâtre Cogeco. Après avoir célébré l’oeuvre de Beau Dommage (2015), Robert Charlebois (2016), Luc Plamondon (2017), ainsi que les Colocs (2018) et les Cowboys fringants (2019), où les voix étaient enregistrées, on présente pour la première fois des chanteuses en direct. Leurs interprétations appuyées par d’imposants moyens visuels permettent un survol d’environ 75 minutes de refrains immortalisés par des Québécoises, mais on reste sur sa faim.
Cirque du Soleil – Vive nos Divas
Amphithéâtre Cogeco, du 20 juillet au 20 août 2022