Il ne reste que quelques jours pour profiter des meilleurs clichés de la plus prestigieuse compétition professionnelle de photographie : le World Press Photo (WPP). Exposés au Marché Bonsecours du Vieux-Montréal, sachez qu’il est aussi possible de les voir à la Pulperie de Chicoutimi jusqu’au 29 octobre.
Un long processus
La sélection est complexe. Près de 4000 photographes ont soumis plus de 60 000 images en décembre 2022; seules 120 seront primées provenant de six grandes régions du monde : Afrique, Amérique du Nord et centrale, Amérique du Sud, Asie, Europe, et Asie du Sud-Est et Océanie. Les jurys régionaux procèdent à une sélection initiale réduisant à 4481 le nombre de photos qui seront analysées par le jury mondial, composé des présidents de chacun des jurys régionaux et d’un président mondial. Un groupe d’analystes scientifiques indépendants passent aussi en revue les images, afin de s’assurer qu’elles respectent les règles strictes de World Press Photo en matière de manipulation de l’image. Il faudra en tout près de quatre mois pour élire les gagnants, qui sont révélés en primeur à l’ouverture du WPP à Amsterdam au Pays-Bas, qui constitue la première étape d’une tournée dans plus de 70 sites à travers le monde, dont Montréal, et Chicoutimi. Toute la liste est ici.
Un détour qui en vaut la peine
Contrairement à d’autres années, la majorité des images primées cette fois-ci ne sont ni sanglantes, ni horrifiantes au premier coup d’oeil, mais elles sont toutes très chargées et peuvent donc être difficiles pour certaines âmes sensibles ou trop empathiques. Il est primordial de lire les légendes pour en comprendre toute l’essence. Et dans l’ordre : le photographe y est d’abord présenté et les vignettes numérotées affichent l’ordre de lecture, ce qui aide à la bonne compréhension des séries. Oui, c’est beaucoup de lecture. Il est donc important de savoir qu’une entrée est valide pour toute la journée. Il est possible de sortir s’aérer l’esprit dans le contraste enchanteur qu’offrent les décors du Vieux Port afin d’y revenir plus tard, les idées plus claires.

Saveur locale
Le 2e étage de l’exposition présente diverses sections à saveur plus locale. Ainsi, la Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec (FPJQ) nous révèle les photojournalistes finalistes au prix Antoine-Desilets qui honore les meilleures photographies de presse de l’année au Québec dans les catégories Arts et Culture, Vie quotidienne, Enjeux de société, Sport et Portraits. Aussi, la comédienne Magalie Lépine-Blondeau, porte-parole de l’événement cette année, y expose quelques clichés de ses nombreux voyages; de la Colombie à la Papouasie-Nouvelle Guinée, en passant par le Mozambique et le Sri Lanka, entre autres. Radio-Canada propose un coin interactif dédié à la fausse nouvelle, aux dangers de l’intelligence artificielle, et la portraitiste shawiniganaise Justine Latour nous présente, à travers son objectif, quelques lauréats des bourses Retour Réussite qui soulignent la persévérance et la détermination de jeunes et d’adultes ayant réussi avec succès une démarche d’alphabétisation ou une formation de base.
Un portrait planétaire
Représentant autant les événements majeurs de 2022 que d’autres moments importants négligés par la presse généraliste, le WPP est un détour essentiel qui s’adresse à tous. Lors de notre passage, une école de photographie était sur place, afin d’analyser le côté plus technique des clichés : la lumière, la profondeur de champ, la composition, le cadrage, etc. Les autres visiteurs sont de tous âges, de tous milieux, mais tous désireux d’en connaître d’avantage sur l’actualité mondiale, sur les enjeux cruciaux que vivent certains peuples; que ce soit la sécheresse éthiopienne qui compromet la sécurité alimentaire de 26 millions de personnes, l’augmentation considérable du commerce illégal d’organes en Afghanistan afin de subvenir à leurs besoins, les maisons inachevées de Chine, les Golden Gays des Philippines, la liste est longue…
Pourquoi passer par le World Press Photo ? Pour s’ouvrir l’esprit sur tout ce qui se passe sur la planète.