La chanteuse et comédienne Brigitte Saint-Aubin reprend son spectacle de monologues et chansons Design intérieur chez Duceppe. Accompagnée de trois excellents musiciens, elle raconte avec humour l’histoire d’une quadragénaire qui retourne étudier au cégep, en design intérieur. Elle veut se changer les idées après le décès de sa mère et ce retour sur les bancs d’école, parsemé de scènes cocasses, aidera la femme endeuillée à se transformer.
La loi des chiffres
D’entrée de jeu Brigitte Saint-Aubin nous informe qu’il y a 125 personnes dans la salle qui peut en accueillir 177, compte tenu des mesures de distanciation. Il y a donc 71% des sièges qui ont trouvé preneurs, en ce soir de première. Avec autodérision, elle s’évalue : «71 %, c’est correct.» Puis, elle demande au public si son spectacle aurait moins de valeur, un soir où l’assistance serait moins nombreuse ?
Parlant de chiffres, les 45 ans de son personnage inspirent presque la pitié de ses jeunes collègues de classe et enseignants. Elle s’en moque d’être «la madame» du groupe ! Puis, il est question d’un designer qui incite ses élèves à ne pas trop se prendre au sérieux, en leur rappelant que chacun va mourir un jour ou l’autre.

Lâcher prise
D’ailleurs, la mort qui fauchera sa mère atteinte d’un cancer met en lumière les souffrances liées à l’égo. «Ma mère est en colère de savoir que la vie va continuer sans elle et je la comprends tellement !» Puis, à mesure que progresse la maladie, la patiente accepte son sort et trouve la sérénité dans son agonie.
Même si le propos est grave, Brigitte Saint-Aubin s’exprime avec simplicité et ses chansons font avancer le récit en y apportant une dose de légèreté, grâce à l’excellent travail des musiciens Guido Del Fabbro, Bernard Falaise et Vincent Carré. Les trois hommes sont dissimulés derrière des panneaux où apparaissent des silhouettes et se dessinent diverses formes lumineuses.
« Où suis-je ? Qu’ai-je fait ? Que dois-je faire encore ?» Brigitte avait 23 ans lorsqu’elle avait interprété cet extrait d’Andromaque à l’École de théâtre. Plus de 20 ans plus tard, ces mêmes interrogations demeurent. Mais, il n’est plus question pour elle de s’évaluer avec des chiffres qui sont sensés témoigner d’un succès ou d’un échec. Elle écoutera son coeur, quoi qu’on en dise. Elle note aussi que son père qui ne croyait plus en l’amour après le décès de sa mère a pourtant trouvé une nouvelle compagne à l’âge de 80 ans. «Tout est possible», conclut-elle sur une note d’optimisme.
Présenté sur scène pour la première fois lors de l’édition 2018 de Coup de cœur francophone, Design intérieur revit au Théâtre Jean-Duceppe jusqu’à dimanche, 20 juin.
DESIGN INTÉRIEUR
Texte et musique : Brigitte Saint-Aubin
Mise en scène : Éric Jean
Musiciens : Guido Del Fabbro (direction musicale, violon) / Bernard Falaise (guitare) / Vincent Carré (batterie)
Du 16 au 20 juin 2021 au Théâtre Jean-Duceppe