Le public du Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts s’est en quelque sorte laissé téléporter aux îles de la Madeleine, en ce soir de première montréalaise du spectacle Entre ciel et mer du Cirque Éloize. Avec son accent madelinot, le conteur Cédric Landry nous entraîne dans des histoires anciennes et envoûtantes qui se déroulent aux îles. Chaque numéro est imagé avec des acrobaties, au son de musiques traditionnelles interprétées en direct par le groupe Suroît.

Le charme de l’accent madelinot
Avec humour, Cédric Landry nous prépare à entrer dans son univers en attirant notre attention sur l’accent madelinot et le vocabulaire développé par ces insulaires imaginatifs et pressés d’aller droit au but. C’est ainsi que plusieurs mots ont subi des contractions. Par exemple, «bateau à voile» est devenu «boatawel»!
Aussi, on a pris l’habitude de parler des gens en mentionnant leur prénom, suivi de celui de leur père ou de leur mère, comme : Paul à Armand.
Puisqu’il y a de nombreux Paul dont les pères porte le même prénom, on ajoute parfois un troisième, voire un quatrième prénom pour distinguer celui dont on parle.
Cédric Landry qui est aussi auteur, a d’ailleurs publié une pièce de théâtre intitulée Pierre-Luc à Isaac à Jos.
Cirque et danse
Ce joyeux voyage dans le temps commence par une étrange parade costumée de la Mi-Carême, une fête d’origine française qui arrivait au vingtième des quarante jours du jeûne avant Pâques.
Dès le début du spectacle, Suroît devient un personnage à part entière, avec ses reels et refrains aux accents acadiens, interprétés par Henri-Paul Bénard, Félix Leblanc et Simon-Charles Cyr.
Portés par ces rythmes d’autrefois, les spectateurs sont entraînés dans des contes à rebondissements multiples, dont celui de l’église qui a mystérieusement brûlé deux fois, coup sur coup! Et comment résister à la fabuleuse rencontre des amoureux Claire et Louis qui nous transporte jusqu’à Verdun, après des mois de patinage sur le fleuve!
À ces scènes se greffent des numéros de cirque exécutés par Florence Amar (tissu et cerceau), Esteban Immer (mât chinois et monocycle), Amie Patching (équilibre sur cannes), Delaney Bayles (jonglerie), Mathys Guyon Matte (mât chinois), Léa Perion (roue Cyr).
En général, il s’agit d’acrobaties plutôt classiques qui ressemblent à ce qu’on a pu voir à plusieurs reprises dans divers spectacles. Toutefois, on applaudit, entre autres, la précision du numéro où deux jeunes pros du mât chinois grimpent et descendent à toute vitesse, au rythme des mésaventures racontées. Haute voltige!
Parmi les autres temps forts de la soirée, on se souviendra d’une scène particulièrement émouvante où l’on évoque la mort du père, en avançant jusqu’à la ligne d’horizon, entre ciel et mer. Ce texte magnifiquement poétique est mis en valeur par des éclairages majestueux!
En résumé, la force du spectacle Entre ciel et mer réside dans l’alliance ingénieuse entre le cirque et la musique, autour des contes bien tournés et chaleureusement incarnés par Cédric Landry. Les dix artistes qui semblent en symbiose nous sortent de notre quotidien et nous font prendre le large! Tout semble couler de source dans cette mise en scène où Félix Dagenais a pris la relève de Michel-Maxime Legault, ce dernier étant metteur en scène de la pièce Le roi danse, présentement à l’affiche au Théâtre Denise-Pelletier.
Au-delà de la performance, on a le sentiment de partager la fierté des Madelinots qui bravent vents et marées avec une certaine insouciance et un immense amour de la vie ! Qui sait… ça vous donnera peut-être le goût d’aller aux îles!
En attendant, trois autres représentations sont prévues à Montréal, aujourd’hui et demain. Entre ciel et mer poursuivra ensuite sa tournée au Québec, avant de partir en Europe, en 2024, pour une vingtaine de représentations en France, en Belgique et en Suisse.
Entre ciel et mer
Spectacle du Cirque Éloize
Avec: Cédric Landry, conteur, ainsi que six acrobates et le groupe de musique traditionnelle Suroît
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
Vendredi, 17 novembre, à 20h
Samedi, 18 novembre, à 14h
Samedi, 18 novembre, à 20h
Crédit photo: Sébastien Jetté