L’heure était à la réjouissance en ce jeudi 29 mars à l’Orchestre Métropolitain (OM) qui venait de remporter le 33e Grand Prix du Conseil des arts de Montréal pour sa toute première tournée européenne qui s’est déroulée l’automne dernier. Le bonheur ambiant n’a pas tardé à atteindre l’assistance.
Si la plupart des spectateurs étaient sans doute venus pour L’Oiseau de feu (suite tirée du ballet), on s’est rapidement laissé gagner par des pièces pourtant peu connues du grand public. Même si le Divertimento tiré du ballet Le Baiser de la fée est rarement joué, on est loin d’y être en terrain inconnu, puisque Stravinski en a fait un hommage à Tchaïkovski, empruntant des thèmes aux œuvres de jeunesse de ce compositeur. Cette musique est bien servie par la direction dynamique du chef Cristian Măcelaru.
Même si ce dernier ne semble pas maîtriser la langue de Molière, on respectera la tradition établie de parler au public depuis longtemps à l’OM. C’est donc avec l’aide d’un traducteur que Măcelaru expliquera qu’on a construit le programme de la soirée de façon à avancer vers la lumière.
Tout de suite après ce laïus, s’amène la mezzo-soprano Sasha Cooke qui capte instantanément l’attention du public avec Il Tramonto de Respighi. C’est toutefois après l’entracte qu’on est conquis par la chanteuse qui interprète une oeuvre écrite pour elle par Pierre Jalbert, un compositeur américain issu d’une famille d’origine québécoise. Le cycle de mélodies From Dusk to Starry Night (Du crépuscule à la nuit étoilée), sur des poèmes de Walt Whitman, Amy Lowell et Stefen Foster, crée des ambiances très contrastées passant de Beat! Beat! Drums, «une sorte de scène de bataille nocturne apocalyptique», dit le compositeur, à Slumber my darling qui s’apparente à une berceuse. C’est l’ovation, alors que la majeure partie de l’assistance ne connaissait sans doute ni l’oeuvre, ni son compositeur, ni son interprète!
Puis, vient la pièce de résistance, L’Oiseau de feu, cette musique qui propulsa Stravinski au firmament des célébrités à l’âge de 28 ans. L’OM a choisi la suite de 1919 qui serait la plus souvent jouée. On comprend pourquoi cette partition centenaire continue d’éblouir. Si l’usage de thèmes folkloriques russes a contribué à émouvoir les compatriotes de Stravinski, chez nous La Ronde des princesses plonge ceux qui connaissent Jacques Blanchet dans la nostalgie de la magnifique chanson Le Pays de tendre. Puis, c’est la Danse infernale. L’orchestre se déploie comme les ailes d’un oiseau gigantesque! L’acoustique de la Maison symphonique de Montréal contribue à nous faire redécouvrir cette grande musique et ce superbe orchestre. Nouvelle ovation ! Les yeux des spectateurs brillent d’une nouvelle lumière.
STRAVINSKI
Le Baiser de la fée, Divertimento
RESPIGHI
Il Tramonto
JALBERT
From Dusk to Starry Night
STRAVINSKI
L’Oiseau de feu, suite (1919)