La comédie dramatique Ligne de fuite, coproduite par Cinémaginaire et Les films du lac, arrive dans nos salles de cinéma dès le 6 juillet prochain. Ce film se veut un portrait sans concession des trentenaires du Québec d’aujourd’hui. Lignes de fuite est réalisée par Catherine Chabot et Miryam Bouchard, tandis que le scénario est signé par Catherine Chabot et Émile Gaudreault et s’inspire librement de la pièce de théâtre éponyme, écrite et jouée par Catherine Chabot en 2019. On y retrouve une distribution du tonnerre avec entre autres Mariana Mazza, Catherine Chabot, Léane Labrèche-Dor, Victoria Diamond, Mickaël Gouin et Maxime de Cotret.
Synopsis : Une comédie dramatique qui nous convie à des retrouvailles mouvementées entre trois amies du secondaire. Après un début de soirée festif et bien arrosé le trio de trentenaires se délie : les vieilles tensions rejaillissent, les discussions s’enveniment et les révélations se succèdent – le tout forme un cocktail de plus en plus explosif qui mettra leur amitié à rude épreuve. Les meilleures amies d’hier pourront-elles l’être encore aujourd’hui?
Le 28 juin dernier, une partie de l’équipe d’artisans du film est venue présenter Ligne de fuite au cinéma Le Clap Ste-Foy en grande première et j’en ai profité pour leur poser quelques questions. Voici mes entrevues avec Catherine Chabot, Mickaël Gouin, Miryam Bouchard et Maxime de Cotret.
Mickaël Gouin
Le rôle de Paul-Émile est assez déprimant. C’est rare qu’on vous voie si peu sourire dans un rôle et être aussi peu attrayant. Qu’est-ce qui vous plaisait dans l’idée de jouer ce personnage ? Et quel en a été le défi pour vous ? Écoutez-le parler du : defi du personnage
Avoir deux réalisatrices, cela se passe comment ? qui dirige les acteurs ? Surtout quand Catherine est actrice sur le plateau ? « En fait, j’avais déjà travaillé avec Miryam sur le plateau de mon Ex à moi. Donc, je connaissais déjà comment elle travaillait. Et Catherine comme elle jouait en même temps que nous, alors c’était plus Miryam qui dirigeait le plateau à ce moment-là. Mais Catherine arrivait souvent avec des notes de jeu, principalement pour la cohésion de groupe. Donc, Catherine était beaucoup dans le contenu. Miryam aussi, mais elle avait tellement un gros plateau à gérer, avec six comédiens, en temps de COVID avec la gestion des protocoles à respecter entre autres. Miryam était aussi dans l’image, le cadrage, l’éclairage. Et Catherine se préoccupait surtout du texte, écrit ou encore la partie improvisation qu’on ajoutait lorsqu’on se parlait un par-dessus l’autre. Elle s’assurait de tout bien doser et faire ressortir les phrases importantes. En même temps, parfois c’était le contraire. Elles interchangeaient les tâches. »
Vous jouez le conjoint de Valérie, qui est votre conjointe dans la vie. C’est plus facile ou non de jouer avec sa conjointe? Écoutez-le parler de : jouer avec Leane
Comment qualifiez-vous le genre de film que Catherine et Miryam ont voulu offrir au public ? «Je trouve que les créateurs ont réussi à faire un film qui a une belle intelligence, en arrière des blagues. Et malgré l’intelligence, il y a le côté comédie qui est important aussi. Les deux s’agencent très bien, et il y a un bel équilibre entre les deux. Oui il y a des sujets lourds, des préoccupations déstabilisantes et angoissantes même, il y a toujours l’humour qui vient détendre un peu. Par exemple le chien qui revient sans cesse, avec son regard globuleux, je trouve ça hilarant. Et à d’autres moments, les répliques sont tellement too much, comme lorsque Amber, l’anglophone pète une coche et elle utilise fuck à tout ce qu’elle déteste des Québécois. Autant c’est dramatique, autant c’est vrai, autant c’est vraiment drôle, parce que c’est exagéré et absurde d’envoyer chier tout ce qu’est le Québec. Au final, je trouve que pour faire jaser et réfléchir, je trouve que la comédie est le meilleur canal pour le faire. Je vais vraiment réfléchir sur un sujet si tu réussis à me faire rire, à le critiquer de façon comique. J’aurai envie alors d’avoir un point de vue sur ce sujet. Mais si c’est juste de critiquer bêtement, alors je trouve ça juste lourd.»
Est-ce que vous avez une scène que vous préférez dans le film ? Écoutez-le parler d’une : scene de_45_pages
Catherine Chabot :
Ligne de fuite c’est d’abord une pièce que tu as écrite, puis tu l’as scénarisé avec Émile Gaudreault, tu l’as ensuite réalisé avec Miryam Bouchard et tu es une des interprètes du film. D’où t’es venue l’inspiration pour écrire cette histoire ? «Je voulais faire un ici maintenant de ma génération. J’avais envie de me voir représenté à l’écran. J’avais envie de voir mes questionnements représentés à l’écran. Ces personnages-là, ce sont les six voix dans ma tête qui se confrontent tous les jours. Des fois, je suis plus l’un, des fois je suis très cynique… Le film pose la question du futur collectif, mais en premier lieu c’est le futur de la gang d’amis… Comment on fait par exemple pour se donner la place pour évoluer, changer, et donc changer la perception que nos amis ont de nous, et la perception que l’on a d’eux au fil des ans ? Et collectivement, comment on se donne la possibilité de rêver autrement, comment attraper notre ligne de fuite et s’imaginer autrement?»
Et comment est-ce que le film est vraiment différent de la pièce ? Écoutez-la parler des : differences
Comment s’est fait le choix des acteurs principaux du film ? Car toi, Victoria et Léane vous reprenez vos rôles. «Vu que Miryam est la coréalisatrice, il était important qu’elle participe au casting, qu’elle ait son mot à dire dans le choix des acteurs. Donc, on a décidé que tous les acteurs soient choisis par audition. Donc, Léane et Victoria ont refait l’audition pour leurs rôles, moi aussi j’ai repassé l’audition… Éventuellement, comme le film est différent de la pièce et que le médium aussi est différent, alors ce sont les auditions qui nous ont fait pencher pour le choix d’acteurs qui nous plaisait à toutes les deux, en fonction aussi de la chimie entre les personnages.»
Que voudriez-vous que les gens retiennent du film ? «Je vois mon film comme un appel à la bienveillance. Donc, j’aimerais qu’ultimement on ait plus de bienveillance envers nous-mêmes et envers les autres et que l’on parte de là pour se questionner sur vers où on s’en va collectivement.»
C’est vrai qu’il faut de la bienveillance, car on voit que les personnages se parlent comme dans des discussions sur les réseaux sociaux, sans filtre, avec insultes et injures. «C’est exactement ça.» Écoutez la suite avec la : theorie du castor
Le titre Lignes de fuite est un peu expliqué par le personnage de Paul-Émile dans le film, mais pouvez-vous me le résumer svp ? Écoutez-la résumer ce qu’est une : ligne_de_fuite
Je sais que tu es jeune maman, on s’en est parlé lors de notre rencontre pour le film Le guide de la famille parfaite. Tu as aussi écrit cette pièce avant d’avoir un enfant. Dans le film, il y a Paul-Émile et Valérie qui parlent durement de l’avenir et l’idée d’avoir un enfant. Est-ce que ce sont des questions que tu te posais toi-même avant d’avoir un enfant ? « Oui. En fait, j’avais 29 ou 30 ans quand j’ai écrit la pièce au départ. Et même si à ce moment-là je n’avais pas de partenaire pour penser avoir des enfants, c’est une question que je me posais, à savoir si c’était responsable d’avoir des enfants. Et je sais que plusieurs personnes de mon âge se la posent cette question maintenant. Et selon moi, cette question sera encore plus présente pour les générations futures… Finalement, pour moi, à la question, je réponds oui. J’ai donc eu un enfant. Et là, la prochaine question, est-ce que j’en veux un deuxième ? »
Miryam Bouchard (coréalisation)
Vous avez réalisé le merveilleux film «Mon cirque à moi», qui était un projet très personnel à vous, et là vous avez réalisé Ligne de Fuite avec Catherine Chabot qui est une des actrices du film et celle qui a inventé cette histoire. Comment aborde-t-on l’idée de la coréalisation dans un cas comme celui-là ? Écoutez-là parler de son : coup de coeur pour ce projet
Comment se fait la coréalisation sur le plateau ? «On dit à la blague que Catherine et moi on est un dragon à deux têtes. C’est sûr qu’en préproduction on a travaillé conjointement. Puis on a fait des approches de réalisation chacun de notre côté. Puis on s’est comparé et on était pas mal synchronisés. Oui, il y a eu des moments où moi je faisais de la recherche pour les lieux de location et Catherine était en répétition pour son rôle, ou en tests de CCM. Ensuite, en tournage, Catherine s’est plus concentrée sur son jeu d’actrice et moi j’étais plus derrière la caméra à ce moment-là. Puis, on était toutes les deux en salle de montage.»
Aviez-vous vu la pièce avant ou si ce n’était pas nécessaire, vu que le scénario du film être assez différent ? «Je n’ai pas vu la pièce, car je ne voulais pas teinter mes choix artistiques.»
Quels ont été les défis que vous avez rencontrés en tant que réalisatrice ? «Un des grands défis c’est de faire des mises en scène avec presque toujours six personnages d’impliqués. On n’est pas dans des scènes où on a deux personnages qui prennent un café assis. Donc, je voulais qu’ils soient beaucoup en mouvement au début, comme s’ils formaient un tout. Et graduellement, en arrivant au condo, là, on les sépare en couple. Et oui, il y a eu des choix théâtraux qu’on a faits, comme le dernier plan du film, où l’on voit en plan très large, les trois couples assis. C’est très théâtral, comme si on était juste avant la tombée du rideau. » Écoutez-la parler des : plans de camera
Pour la musique, il y a plusieurs chansons en français et quelques-unes en anglais. Comment s’est fait le choix de la musique ? « Dès le départ, les deux, on avait le même désir de ne pas composer de trame sonore pour le film. On voulait que ce soit de la musique des lieux où sont nos personnages. Donc, pour la chanson d’ouverture, on voulait que ce soit une chanson qui était populaire, au moment où leur amitié s’est cristallisée, en secondaire 5 ou début cégep. Donc on a cherché ce qui aurait pu être leur chanson à cette époque. Ensuite, au vernissage, on voulait quelque chose de très actuel pour sentir que c’est une artiste émergente… »
Quel a été le plus gros défi à réaliser dans une scène en particulier ? «Les grêlons, la tempête de grêle…» Écoutez-la parler de ce : defi majeur
Maxime de Cotret
Votre personnage de Jonathan est celui qui est le bon gars, l’optimiste, celui qui ne tombe pas dans le cynisme. Comment avez-vous obtenu ce rôle et qu’est-ce qui vous plaisait dans l’idée de l’interpréter ? «J’ai passé les auditions pour le rôle et je l’ai obtenu, j’en suis bien heureux qu’ils aient crû à la proposition du Jonathan que j’ai offert. Ensuite, jouer un bon gars, ça peut devenir un piège, et t’amener à juste jouer de bons gars. Mais ici, on avait le bon gars qui a de l’humour et aussi une certaine profondeur à jouer. Et il y avait un défi de trouver la fine ligne pour ne pas le jouer trop nigaud et ne pas le juger non plus. Donc, je me devais de l’aimer, le défendre et y trouver sa vérité à ce Jonathan. »
Vous n’aviez pas joué dans la pièce, mais aviez-vous vu la pièce ? Et est-ce que cela a teinté votre façon d’incarner votre propre personnage de Jonathan ? « Oui j’ai vu la pièce au théâtre d’aujourd’hui, en 2019. Et non, cela n’a pas teinté ma façon de l’incarner, car je n’ai pas la même énergie que celui qui l’a interprété au théâtre. J’ai donc préféré m’approprier le personnage et le jouer comme je le voyais, comme je le sentais que je pouvais le faire. Et au final, c’est ma proposition qui a été retenue aux auditions, donc cela devait cadrer avec ce que voulaient les deux réalisatrices pour donner cette chimie entre nos six personnages. »
Est-ce que vous avez une scène que vous préférez dans le film ? Écoutez-le parler du : Jeu de Leane
Vous jouez le conjoint d’Audrey, incarné à Catherine qui a écrit et réalisé ce film. Est-ce que cela ajoutait un stress de jouer avec elle en plus d’être dirigé par elle ? «Non pas du tout, au contraire. Elle porte tellement de chapeaux et elle a choisi toutes les étapes. Donc, je me dis que si c’est moi qu’elle a choisi, je lui fais confiance, je m’abandonne complètement à elle. Je me sentais privilégié d’avoir été choisi. Donc, je n’avais aucune pression. »
Mais aussi, il y a une scène plus intime à jouer justement avec Audrey. Comment on aborde une scène aussi intime avec sa partenaire ? Écoutez-le parler de la : preparation
Dans le film, il y a quelques scènes qui sont filmées un peu comme au théâtre, comme un grand plan séquence où la caméra se promène et met l’accent sur une discussion, puis se tourne vers une autre. Je pense à la scène dehors alors que les filles se parlent en marchant et vous êtes au téléphone et vous parlez aussi. On se promène entre les deux conversations. Est-ce plus difficile à jouer ce genre de scène ? «Oui, c’est plus complexe. Car normalement, ce serait le montage qui ferait ce genre de changement de focus entre les discussions. Car il faut être bien concentré pour faire semblant de parler pendant que je suis hors champ, mais quand même écouter pour savoir quand ce sera mon tour de prendre l’avant-scène. Mais ce sont des scènes intéressantes à jouer.»
Au cinéma partout au Québec dès le mercredi 6 juillet
DURÉE: 95 minutes
ÉQUIPE CRÉATIVE
RÉALISATRICES Catherine Chabot
Miryam Bouchard
SCÉNARISTE Catherine Chabot
SCÉNARISTE et COPRODUCTEUR Émile Gaudreault
PRODUCTRICE Denise Robert
DIRECTRICE PHOTO Stéphanie Weber-Biron
CRÉATION ARTISTIQUE Guillaume Couture
CRÉATION COSTUMES Sharon Scott
MONTAGE Arthur Tarnowski, ACE
CRÉATION SONORE Marie-Claude Gagné
SON Arnaud Derimay Louis Gignac
CASTING Lucie Robitaille
Dandy Thibaudeau
1ère ASSISTANT RÉALISATION Gabriel Teller
PRODUCTRICE DÉLÉGUÉE Sylvie Trudelle
DIRECTEUR DE PRODUCTION Simon Marcotte
DIRECTEUR DE POSTPRODUCTION Guy Langlois
d’après la pièce de théâtre Lignes de fuite de Catherine Chabot
Distribution
Catherine Chabot : Audrey
Mariana Mazza : Sabine
Léane Labrèche-Dor : Valérie
Victoria Diamond : Amber
Maxime de Cotret : Jonathan
Mickaël Gouin : Paul-Émile
Crédit photos : Shirley Noel