Le baryton Étienne Dupuis et sa conjointe, la soprano australienne Nicole Car, vivent une fin d’été mémorable. Non seulement le Québécois s’apprête-t-il à chanter chez lui, à Montréal, dans l’un de ses opéras préférés, mais, en plus, il partage la scène avec son épouse qui se produit pour la première fois au Québec.
«Nous sommes chanceux d’avoir de belles carrières et le fait qu’on nous offre des rôles ensemble simplifie grandement les choses, car nous avons un enfant de deux ans qui voyage avec nous…», explique le chanteur.
Quant à Eugène Onéguine, c’est un rôle qui le passionne, malgré les travers du personnage. «D’abord, la musique de Tchaïkovski est un enchantement du début à la fin. Puis, la langue russe est un superbe véhicule pour l’art lyrique. Ça sonne ! Cela dit, il est clair que c’est un rôle de composition, car je ne crois pas avoir beaucoup d’affinités avec ce héros égoïste, » dira-t-il. Rappelons que l’intrigue se déroule à la campagne, près de Saint-Pétersbourg, à la fin du XVIIIe siècle. Tatiana s’éprend d’Eugène, qui répond à sa passion avec mépris et il courtise la soeur de la jeune femme, Olga, ce qui déchaînera l’amant de cette dernière, Lenski. Celui-ci périt lors d’un duel avec Onéguine. Des années plus tard, l’homme a compris qu’il éprouve de l’amour pour Tatiana, désormais mariée au Prince Grémine. Rejetté à son tour, Onéguine demeure seul, entre rage et douleur.
Heureusement, pareils tourments n’existent pas dans la vie du couple Dupuis-Car, rencontré dans une salle de répétition de la Place des Arts. «Je dois vous dire que je suis tombé en amour deux fois avec ma femme !», précise-t-il. D’une part, il a été envoûté par la chanteuse, avec qui il a d’abord travaillé, lors de la production d’Eugène Onéguine au Deutsche Opera, à Berlin, en 2015. Puis, ce fut le coup de foudre qui les a amenés à vivre ensemble et à s’installer à Paris.
Quant à madame Car, qui parle un excellent français, elle se dit emballée de monter sur scène devant sa belle-famille. La chanteuse ajoute, à la blague, que le dodo de leur petit Noah est le seul moment où elle et son mari peuvent clarifier certaines questions qui émanent après les répétitions.
Onéguine est d’ores et déjà gravé dans l’histoire personnelle du couple, puisque monsieur Dupuis garde un merveilleux souvenir d’avoir vu sa conjointe chanter cet opéra avec le regretté Dmitri Hvorostovsky à Covent Garden. «On savait le baryton russe très malade et on m’avait embauché comme doublure. J’étais donc payé pour regarder et écouter», s’esclaffe-t-il.
Hommage à Joseph Rouleau
L’Opéra de Montréal dédie sa série de représentations d’Eugène Onéguine, à la basse Joseph Rouleau, décédé en juillet dernier, à l’âge de 90 ans. «Joseph a toujours eu un regard bienveillant sur moi ! Je me souviens, lors d’un des premiers contrats que j’ai obtenus à l’étranger, il s’est tapé sur une cuisse en s’écriant : «T’es rendu là!» Je vais m’ennuyer de lui et de sa voix phénoménale !»
Eugène Onéguine de Piotr Ilitch Tchaïkovski
Opéra en 3 actes
Langue : en russe avec surtitres français et anglais
Livret : Constantin Chilovski
Avec : Étienne Dupuis (Eugène Onéguine), Nicole Car (Tatiana), Carolyn Sproule (Olga), Christianne Bélanger (Larina), Own McCausland (Lenski), Denis Sedov (Grémine) et Simon Chaussé (M. Guillot) et des chanteurs de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal
L’Orchestre métropolitain, dirigé par le chef français Guillaume Tourniaire
Le Choeur de l’Opéra de Montréal, préparé par Claude Webster.
Mise en scène : Tomer Zvulun (directeur artistique du Atlanta Opera)
Coproduction du Opera of Kansas City, Hawaï Opera Theatre, Michigan Opera Theatre, The Atlanta Opera et du Seatle Opera
À la Salle Wilfrid-Pelletier, les 14, 17, 19 et 22 septembre 2019