François Dompierre lance l’album Phonèmes regroupant des adaptations pour orchestre à cordes de pièces qui viennent en bonne partie de ses musiques de film. On y reconnaît, entre autres, certains thèmes des trames sonores de La Passion d’Augustine, Mon amie Max et Les Portes tournantes. Pour cet enregistrement, le compositeur a travaillé avec le chef d’orchestre Francis Choinière qu’il qualifie de jeune prodige !
«Une rencontre de générations»
Au cours de sa carrière prolifique qui se poursuit depuis près de soixante ans, Dompierre a mis ses talents de compositeur au service d’une soixantaine de films. Déjà en 1971, il marquait l’histoire de la culture québécoise avec la comédie musicale cinématographique IXE-13.
Après tout ce temps, l’artiste a eu envie de regrouper ses adagios qu’il qualifie de «contemplatifs». De là, le projet Phonèmes, «élément sonore du langage articulé», tel que défini dans le dictionnaire. Par extension, rumeur musicale, vent mélodique, c’est ce que le mot évoque pour Dompierre : «Il me semble assez justement résumer le caractère des pièces de cet enregistrement.»
Tout semble couler de source sur ce disque qui s’écoute comme une suite de mouvements à la fois calmes et lumineux. L’album s’ouvre avec Maxime (tiré de Mon amie Max), où s’installe un dialogue entre l’orchestre et le piano. Ce thème est ensuite repris dans différentes variations tout en douceur pour instruments à cordes. Le piano reviendra clore ce voyage musical onirique avec Augustine.
Parmi les temps forts de Phonèmes, on remarquera Cortège que Dompierre avait jouée en improvisation à Radio-Canada. «Il y a des jours où on est en grande forme et où l’inspiration est au rendez-vous ! Ça se tenait tout seul ! Je n’ai rien eu à changer ! J’ai simplement transcrit cette musique pour orchestre.»
Si Méandre semble plutôt tragique, dans l’ensemble, c’est la sérénité qui émane de cette quarantaine de minutes de musique. La plus longue pièce de l’album, Céleste (un peu plus de 9 minutes), est en elle-même une sorte de promenade en apesanteur où les délicates envolées mettent en valeur la précision et l’élégance de l’interprétation de l’Orchestre FILMharmonique, enregistré à la Maison symphonique. Que du beau !
«Quand on m’a proposé de travailler avec un chef d’orchestre de 24 ans, je me suis dit, oh la la, est-ce qu’on va bien se comprendre ? Puis, je dois dire que j’ai été époustouflé ! Ce garçon a un immense talent ! Il me fait penser à Yannick Nézet-Séguin à ses débuts ! En plus, il a créé sa propre compagnie de production avec son frère Nicholas. Ils ne sont pas du genre à attendre qu’on leur offre des contrats. Ils sont très proactifs ! Ça a été une rencontre de générations qui m’a fait beaucoup de bien !»
Invité d’honneur de Cinemania
Nouveauté à la 28e édition du festival Cinemania : les organisateurs ont décidé d’ajouter un volet musical et de rendre hommage à Francois Dompierre. La journée du 12 novembre lui sera consacrée avec la projection, à la Cinémathèque, de deux films dont il a fait la musique, soit : IXE-13 de Jacques Godbout et La Passion d’Augustine de Léa Pool.
On aura aussi droit à la table ronde Les grands esprits se rencontrent : Dompierre et les acteurs de la relève (en composition de musique de film). Pour cette discussion animée et imaginée par Monique Giroux, François Dompierre sera entouré, entre autres, de Pierre Lapointe (auteur-compositeur-interprète) et de Catherine Major (autrice-compositrice-interprète-arrangeuse). Ce sera suivi d’une prestation musicale de Catherine Major, inspirée par les œuvres de Dompierre.
C’est aussi dans le cadre de cette Journée François Dompierre qu’aura lieu la projection en première mondiale du documentaire François Dompierre : Gestes d’un compositeur, réalisé par Ariel St-Louis Lamoureux. La séance du 12 novembre, à la Cinémathèque, sera présentée par la réalisatrice et suivie d’une conversation entre François Dompierre et Monique Giroux.