D’entrée de jeu, le conteur de Saint-Élie-de-Caxton déclare à la blague que le spectacle Les jours de la semelle est le «quatrième volet de la trilogie». C’est qu’au début de son alliance avec maestro Nagano, Fred Pellerin espérait monter trois spectacles. Mais voilà qu’après Une tuque en mousse de nombril, en 2011, Le bossu symphonique, en 2013 et Il est né le divin enfin! , en 2015, le public en redemande. D’ailleurs, à voir et entendre les réactions des spectateurs en ce mercredi soir de première, il est permis de croire que l’événement pourrait devenir une tradition.
Noël et l’argent
Cette année, Fred braque ses lunettes sur Toussaint Brodeur, marchand général de Saint-Élie-de-Caxton, pour qui le profit était la principale priorité. Mais voilà que l’histoire d’une mère monoparentale de 473 enfants, («une mitraillette de la fallope»), qui devait changer les paires de bottes de tous ses petits, vient secouer les valeurs de ce Caxtonien mercantile.
Les péripéties des Jours de la semelle sont entrecoupées par des pièces de Ravel, Copland, Gounod, Tchaïkovski, etc. jouées par l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction de Kent Nagano. Dans certains cas, la musique colle bien au texte, comme par exemple, les dissonances de Schnittke qui font écho aux tensions dans le couple Brodeur. Mais, on peut se demander si l’extrait de dix minutes de la Symphonie innachevée (Schubert) ne vient pas briser le rythme du conte. Quant aux Petits chanteurs du Mont-Royal, ils ne chantent que dans quatre des pièces de ce spectacle d’une durée d’une heure trente. N’empêche que leur présence semble illustrer les dires du conteur voulant que, si ça prend un village pour faire grandir un enfant, ça prend aussi des enfants pour faire grandir un village…
Les mots de Pellerin et sa galerie de personnages prennent vie, dans une mise en scène de René Richard Cyr, sous une sphère qui sert de support à diverses projections dont, bien sûr, celle d’un village qui pourrait bien être celui de votre enfance.
Après Petit papa Noël et le Gloria en ré majeur de Vivaldi, Fred conclut en chantant à son tour Le grand cerf-volant de Gilles Vigneault.
Les jours de la semelle
Conte de Fred Pellerin et musiques de Ravel, Copland, Tchaïkovski, Schubert, Gounod, Schnittke, Stravinski, Mahler, Tino Rossi et Vivaldi.
Orchestre symphonique de Montréal et Petits chanteurs du Mont-Royal, direction: Kent Nagano
Mise en scène : René Richard Cyr
À la Maison symphonique, jusqu’au 15 décembre
Le spectacle sera aussi diffusé sur les différentes plate-formes de Radio-Canada, au cours des prochains jours.