Si Frida Kahlo était de ce monde, elle se réjouirait de la tendance à l’égoportrait du moment. En effet, 80% de l’oeuvre de l’artiste et icône mexicaine est composée d’autoportraits. Solitaire et rejetée dès l’enfance à cause de cette poliomyélite qu’elle contracte, qui déformera sa jambe droite et lui vaudra des moqueries devant la botte orthopédique qu’elle porte, elle sera aussi victime d’un grave accident. D’ailleurs, la peinture lui viendra, alitée, après cet accident. Elle affirmera que le sujet qu’elle connaît le mieux c’est elle-même.
Dès l’entrée dans l’exposition immersive Frida Kahlo, la vie d’une icône, on est sollicité dans ce magnifique espace qu’est l’Arsenal Art Contemporain de Montréal par des tableaux retraçant les moments clés de la vie de Frida Kahlo à partir de sa naissance en 1907 et pendant ses années fastes comme artiste peintre aux États-Unis (Galerie Julien Levy à New York), puis à Paris (au Louvre). On y découvre une femme hors norme pour son époque, au temps de la Révolution mexicaine et de Pancho Villa. Fille d’une Mexicaine et d’un Allemand, photographe, elle sera vivement influencée par ce dernier qui ne cesse lui-même de faire des autoportraits.
L’accident
Très rapidement son destin est fixé : ses succès scolaires la pousse à vouloir devenir médecin. Mais le 17 septembre 1925, le bus dans lequel elle est passagère avec son premier amour Alejandro Gomez Arias, est percuté par un tramway. Ils survivent. Mais après trois mois d’hospitalisation et de nombreuses chirurgies, ses plans ont changé.
L’accident sera un thème abordé sous diverses formes et symboles dans le cadre de cette exposition virtuelle. Sept salles différentes rappellent chacune à sa façon l’oeuvre de Frida Kahlo. On prend non seulement la mesure de l’atmosphère laissé en héritage par cette femme activiste, communiste, féministe, désireuse d’autonomie financière, passionnée pour son mari, l’artiste Diego Riviera même si elle aura eu de nombreux amants dont Leon Trotsky mais aussi de la texture mexicaine par la musique ambiante, des couleurs lumineuses du Mexique traditionnel, des collages et de la mode si singulière.
Quiconque a frôlé le sol mexicain, sait à quel point cette femme devenue une artiste reconnue mondialement, fait encore aujourd’hui la fierté des Mexicains. Son image faite de ces sourcils épais, de sa chevelure montée en chignon et de cette moustache fine, apparaît partout même si ses trésors n’ont été découverts qu’en 1970.
Valeurs ajoutées
Bien entendu, on se retrouvera dans cette gigantesque salle, habitée de lumières, de sons et de mouvements, devenue un classique des expositions immersives, des mûrs sur lesquels défileront photos de Kahlo, effets spéciaux, portraits, oeuvres et citations au son d’une musique d’occasion. Comme valeurs ajoutées pour le public, une salle de dessins a été aménagée pour colorier la tête reconnaissable et embellie de végétation de Kahlo et pour afficher sur le mûr nos petites oeuvres. Dans une autre salle, des lunettes de réalité virtuelle et des écouteurs ouvrent la porte sur les oeuvres de Kahlo décomposées. Finalement votre visage capté dans les cabines photographiques donnera un résultat plutôt psychédélique et joyeux avec l’art génératif.
Frida Kahlo en virtuel a été songé avec goût et délicatesse par un artiste espagnol. Il permet de passer de merveilleux moments et de découvrir l’oeuvre d’une artiste et un modèle féminin révolutionnaire qui n’a pas pris une ride. Elle est décédée le 13 juillet 1954 à l’âge de 47 ans.
L’exposition immersive est une première en Amérique du Nord et la seule ville au Canada qui accueillera l’exposition. Elle a été couronnée de succès à Barcelone, Porto, Bruxelles et Lisbonne. Et elle est attendue dans 7 villes aux États-Unis et à Tel Aviv. Les textes biographiques sont en français et en anglais mais les citations au cours de l’exposition sont pour la plupart uniquement en anglais.
Arsenal Art Contemporain de Montréal – Détails – jusqu’au 24 juillet 2022