Un face à face avec une histoire de violence familiale et ses conséquences irréversibles résument la pièce de théâtre Le Projet HLA, présentée dans le Studio Marc-Doré du Théâtre Périscope à Québec, du 4 au 22 février prochain.
Guillaume Pepin, metteur en scène de la pièce Le Projet HLA et Nicolas Fretel, auteur français du texte écrit en 2005, se rejoignent sur un point commun, les conflits familiaux ravageurs. Le premier, par expérience vécue et l’autre par son travail auprès de mineurs en danger.
Nous faisons la rencontre des trois membres d’une famille, père, mère et fils, pour qui la vie commune n’est que confrontation, désolation, illusion, violence verbale et physique. Nous connaîtrons les sentiments ressentis de chacun envers l’autre et chercherons à comprendre d’où vient cette dynamique familiale toxique.
Le père (Carol Cassistat), éduqué à la dure, mélangeant frustration et alcool, ayant pris lui-même un engagement meurtrier envers son père, transmet ce mal de vivre à son fils comme on transfert un bagage génétique (HLA représentant un code d’identification des cellules d’un individu). On aimerait pouvoir le comprendre, mais le mal qu’il sème autour de lui nous en empêche.
La mère, quant à elle, est déchirée entre l’amour de son homme malgré sa violence, de l’amour qu’elle porte à son enfant et de la distance que celui-ci a créé dans le couple. Verbalisant ses reproches à son fils, éprise du sentiment amour-haine avec son conjoint, comment un enfant peut-il grandir dans un contexte aussi dévastateur.
Le fils, ayant développé une grande peur envers son père, cherche désespérément à être aimé et surtout à oublier son enfance dont il ne garde aucun bon souvenir. De plus, il craint de reproduire le même comportement de violence avec sa future progéniture.
La mise en scène de ce drame, sous forme d’une partition de musique électronique, donne un rythme troublant parfois irritant mais jamais ennuyant.
Un an après que la mère et le fils ait tué le père, les deux revivent en boucle l’épisode fatidique tout en manipulant les souvenirs d’un passé indélébile. Nancy Bernier qui incarne, d’une manière réaliste et touchante la mère, est enfermée dans des mécanismes de destruction et d’autodestruction, de fausses perceptions de la réalité et de déchirement entre son fils et son mari. À plusieurs reprises elle répétera «Je l’aime, j’ai peur, j’ai honte» des mots qui frappent dur. Vincent Nolin-Bouchard, jouant remarquablement les humeurs nuancées du fils, celui-ci rempli de sentiments refoulés, de souvenirs malheureux, de violence subie. Les deux perdent peu à peu contact avec la réalité et s’enfoncent dans l’engrenage de la violence et de la culpabilité.
La scène du dernier souper, avant le meurtre, fait office de refrain, qui se répète et s’étoffe à mesure que l’intrigue avance. Au tout début du spectacle, cette scène nous est présentée avec distorsion et de façon inaudible. Une deuxième fois, l’avant meurtre est exprimé avec violence et brutalité et finalement la même scène est interprétée calmement mais toujours dans les mêmes mots qui frappent, qui blessent, qui marquent à jamais.
Pour l’originalité de la mise en scène, la finesse et la justesse des interprétations, pour les sentiments exprimés et pour désamorcer toute violence vécue, le Projet HLA est une expérience qui vaut la peine d’être vécue.
Nicolas Fretel affirme que la violence quotidienne des liens familiaux est aussi traumatisante que guerres et massacres, alors soyons aux aguets de ce qui se passe près de nous.
Présentée par la compagnie La Trâlée
Distribution — Nancy Bernier, Vincent Nolin-Bouchard et Carol Cassistat
Équipe Texte — Nicolas Fretel
Mise en scène — Guillaume Pepin
Assistance à la mise en scène — Edwige Morin
Lumière et intégration vidéo — Keven Dubois
Costumes — Laurie Carrier
Décor et accessoires — Dominique Giguère
Conseillère au mouvement — Eve Rousseau-Cyr
Conception sonore — Etienne Lambert
Conception vidéo — Keven Dubois et Alexandre Berthier
Direction de production — Laurence Croteau-Langevin et Nicolas Fretel, auteur
La pièce Le Projet HLA est présentée du 4 au 22 février au Théâtre Périscope – 2, rue Crémazie Est, Québec
Mardi au samedi à 20H30, exception des samedis 8 et 15 février à 14H00.
Durée : 1 heure 10
https://www.theatreperiscope.qc.ca/programmation/projet-hla2
Crédit photo David Mendoza Helaine