Pour son premier roman, Jouer à la cachette, Jeanne Charlebois nous propose, dans un style simple, authentique et rafraichissant, l’histoire d’Ève, jeune fille plutôt timide, effacée, mais attachante, que l’on suit de ses 8 ans jusqu’au début de sa vingtaine. Du primaire, à l’université, à travers de courts chapitres, on fait une incursion dans les moments marquants de sa vie, ses amitiés, son amour pour Simon, ses premières fois, partys, frenchs, règles, son amour pour la lecture et surtout sa passion pour l’écriture. Un premier roman fort divertissant. Une autrice à suivre…
Résumé : Depuis sa tendre enfance, Ève s’efforce de passer inaperçue partout où elle va. Malgré sa nature réservée, au fil des années, elle tisse des liens forts avec Maryline, Joanie et Audrey, rêve de devenir autrice alors que sa mère l’imagine journaliste, fait l’amour pour la première fois et participe à des partys inoubliables dans le sous-sol de Maryline. Pendant tout ce temps, elle est secrètement amoureuse de Simon. Elle lui avoue ses sentiments dans une lettre, mais celle-ci reste au fond de son sac à dos. Maintenant à l’aube de l’âge adulte, Ève déménage à Montréal pour ses études universitaires. Elle y emporte sa lettre jamais décachetée en souvenir, même si elle est bien déterminée à s’affranchir de son passé de timide. Une fois installée en ville, elle s’ouvre à une réalité qui la bouscule, la change, la fait grandir. Une réalité qui la forcera, ultimement, à sortir de sa cachette.
J’aurais aimé lire ce genre de roman quand j’étais plus jeune. Je pense que plusieurs jeunes filles et femmes vont se reconnaître dans le personnage d’Ève ou de ses amies. Je trouve cela intéressant que l’autrice ait choisi de nous présenter Ève à travers de courts chapitres, racontant des épisodes de sa vie, un peu à la manière d’un journal intime, avec sa vision de la vie, ses émotions, ses peurs et ses envies. Au début, ce sont ses peurs de petite fille que l’on trouve charmante, celle des films d’horreur, et celle de prendre sa douche dans les vestiaires avec les autres filles. Il y a aussi des moments plus confrontant et de malaise, lors d’une partie de cachette chez son amie, avec le frère de cette dernière. C’est là qu’on apprend aussi à connaître la mère d’Ève. Celle-ci est un personnage assez particulier, qui n’est pas étrangère assurément au fait que sa fille soit si timide, introvertie et ait si peu confiance en elle. Une chance que son père, lui est très aimant, malgré ses maladresses.
Ce roman est rempli de moments cocasses parfois, et d’autres plus confrontant, comme le party d’anniversaire chez son amie qui se termine abruptement. Il y a aussi des chapitres plus lourds, plus dramatiques, comme celui sur Mathieu, qui aura un impact sur plusieurs personnes. L’autrice amène avec bienveillance des sujets tabous, et délicats. Que ce soit le suicide, la séparation, les attouchements, je pense qu’elle traite ces sujets de manière qui pourrait aider des jeunes dans ces situations. En tout cas, il y a une belle profondeur qui génère des réflexions intéressantes.
J’aime bien qu’il y ait beaucoup de références à des livres, des chansons, et émissions des années 90, cela nous amène un brin de nostalgie de ces années. Je me suis surprise à être triste de voir qu’Ève n’ose pas se lancer dans une relation avec Simon, de peur de ne pas être à la hauteur, de le décevoir. Elle préfère rêver à cette relation qu’elle imagine idyllique, plutôt que d’essayer de peur d’être déçu.
Bien que je ne sois pas ce genre de personne, qui fait des études dans un domaine pour faire plaisir à ses parents, je connais plein de gens qui l’on fait. Je trouve que cette histoire est très réaliste et donne une bonne représentation de ce genre de fille qui s’efface pour les autres. J’aime voir éclore cette jeune femme, graduellement au secondaire, puis s’émanciper un peu à l’Université, et finalement se donner une chance de vivre la vie qu’elle souhaite depuis le tout début.
Finalement, je voudrais proposer un extrait du livre pour donner un avant-goût de cette belle plume et aussi le genre de réflexion que je trouve très intéressante.
«…Je me cherche une contenance, sur le point de me mettre en bikini devant mes collègues de travail… Je ne devrais pas avoir peur d’exposer ma peau malmenée par ma perception corporelle boiteuse et dix ans de gavage oculaire de mannequins maigrichons aux courbes politically correct…Je devrais créer mes propres standards de beauté et les flasher au monde entier en me disant : I got this… Pourquoi est-ce que j’ai l’impression d’insulter le regard d’autrui quand je ne rentre pas mon ventre ? Pourquoi je ne suis pas capable de me dire «fuck it» et d’y croire pour de vrai quand je retire le t-shirt ?»
Mention spéciale pour l’illustration de la page couverture. Une image fascinante et accrocheuse qui m’a donné envie d’en savoir plus sur roman. De plus, l’originalité dans la présentation du titre du roman m’a plu énormément.
Jeanne Charlebois est conseillère en acquisition de talents en cybersécurité. Éternelle curieuse des humains et grande amoureuse d’histoires en tout genre. Jouer à la cachette est son premier roman.
Date de parution : 16 aout 2023
Prix : 26.95$
Nombre de pages : 262 pages
Éditions Hurtubise : https://editionshurtubise.com/