Grande première, mercredi soir (17 juillet), du spectacle «Joyeux calvaire», du Cirque du Soleil, consacré aux Cowboys Fringants. Après des hommages très réussis à Beau Dommage, Robert Charlebois, Luc Plamondon et Les Colocs, la magie opère-t-elle encore cette année ?
Univers féminin
«Joyeux calvaire» est l’histoire d’une jeune fille qui habite «une somnolente banlieue» et qui réussit à s’évader de son «monde cerclé de maisonnettes», en se laissant porter par la poésie et la fougue des Cowboys Fringants. D’entrée de jeu, la rêveuse apparaît dans un numéro de trapèze ballant au son de «Les hirondelles». Tout doucement, notre regard est attiré vers le haut pour cette entrée en matière, malheureusement gâchée par un faux mouvement de l’acrobate Milena Oksanen.
L’idée de raconter visuellement les chansons des Cowboys à travers le regard de cette banlieusarde est discutable. L’univers féminin de «Joyeux calvaire» ne colle pas toujours aux réalités masculines évoquées par le groupe originaire de Repentigny. C’est particulièrement flagrant dans «Le gars d’la compagnie», où l’on voit, à plusieurs moments, des danseuses à l’avant-plan, alors qu’on entend les Cowboys chanter : «Depuis le début du siècle Des gars courageux ont coupé l’bois du Québec Partaient à l’automne, passaient l’hiver dans des camps…»
L’enfant de «Droit devant» n’aurait-il pas été un ambassadeur tout indiqué pour cette odyssée en chansons, presque toutes signées Jean-François Pauzé ? «Prépare toi petit garçon Elle s’ra longue l’expédition… Il faut marcher Droit Devant». Des paroles emblématiques du répertoire des Cowboys et qui mettent la table pour tous les thèmes qu’ils abordent.
Des musiques pratiquement inchangées
Qu’il s’agisse de «La cave», un numéro dansé avec manipulation de drapeaux, «Joyeux calvaire» (barre russe), «Toune d’automne» (main à main), etc., les grands succès des Cowboys sont au menu et pratiquement inchangés. Cela tranche d’avec les hommages précédents où Jean-Phi Goncalves avait réussi à produire de brillantes relectures, notamment, de chansons de Luc Plamondon. Rien de tel ici. Non seulement il n’y a pas de relecture, mais en plus, les pièces sont diffusées pratiquement en entier et, en général, on se contente d’une discipline par chanson (roue Cyr, unicycle, hula hoop. etc.). Résultat, on ressent des longueurs, notamment, dans les chansons plutôt lentes, dont «Les hirondelles» et «La tête haute».
Visuellement surchargé
Pour ce qui est des décors, on se demande pourquoi avoir placé à l’avant-scène, au début du spectacle, l’énorme dispositif sur lequel on a disposé les maisonnettes illustrant la «somnolente banlieue». Malheureusement, de nombreux spectateurs des premières rangées, côté cour, ne voyaient presque plus ce qui se passait côté jardin et vice versa.
En plus, des arbres gigantesques surgissent à divers moments, tant et si bien qu’on n’arrive pas à décoder les projections sur écran, à l’arrière-scène. On ne sait plus ou regarder ! On perd de vue les acrobates, dans cette mise en scène souvent surchargée de Jean-Guy Legault.
Numéro du spectacle «Joyeux calvaire»
Crédit photo : Valérie Bergamo
Visuellement, s’il y a un numéro qui se distingue, c’est celui où les circassiens s’en donnent à coeur joie dans un bassin d’eau, aménagé à l’avant-scène. Espiègles, ils en profitent pour asperger les spectateurs des premières rangées. Bon moment ! Pour le reste, ce sont sans doute les chorégraphies endiablées («Le gars d’la compagnie», «Droit devant») de Vincent Desjardins qui traduisent le mieux la fougue des Cowboys.
Les Cowboys au rendez vous
Enfin, l’un des moments les plus émouvants de la soirée aura été de voir les Cowboys Fringants (Jérôme Dupras, Marie-Annick Lépine, Jean-François Pauzé et Karl Tremblay) monter sur scène pour saluer, aux côtés de l’équipe de «Joyeux calvaire».
Joyeux calvaire (hommage du Cirque du Soleil aux Cowboys Fringants)
Metteur en scène : Jean-Guy Legault
Directeur musical et arrangements : Jean-Phi Goncalves
Conceptrice de la performance acrobatique : Emilie Therrien
Chorégraphe : Vincent Desjardins
Conceptrice des maquillages : Florence Cornet
Concepteur des costumes : Sébastien Dionne
Conceptrice des coiffures : Karine Beaudoin
Concepteur des éclairages : Eric Champoux
À l’Amphithéâtre Cogeco, jusqu’au 17 août.