Lendemain de fêtes ne rime pas toujours avec morosité ! Parlez-en aux spectateurs qui ont assisté à la comédie musicale « Kinky Boots » présentée pour la première fois à Montréal. L’ambiance était au rendez-vous et il était impossible de ne pas ressortir le sourire aux lèvres…
Inspirée du film du même nom sorti en 2005, lui-même inspiré de faits réels, « Kinky boots » relate l’histoire de Charlie Price qui, après la mort de son père, quitte Londres et ses aspirations pour reprendre l’usine familiale de chaussures : « You all do realize you’re talking about shoes? » (« Est-ce vous réalisez que vous parlez de chaussures ? ») Le ton est rapidement donné : loin de son domaine de prédilection et face à la situation financière plus qu’alarmante de l’entreprise, les espoirs ne semblent plus permis jusqu’à sa rencontre avec Lola, pétillante drag queen, avec qui il décide de s’associer pour fabriquer des bottes sexys et on ne peut plus originales !
Ce spectacle a reçu de nombreuses récompenses parmi lesquelles celles de la meilleure musique et des meilleures chorégraphies, ce qui pour une comédie musicale augure bien. Il est vrai qu’avec Cyndi Lauper comme compositrice et parolière, elle partait sous les meilleurs auspices. Aucun ver d’oreille n’est à signaler, mais les chansons « Sex in the heel », « Not my father’s son » et « Hold me in your heart » sont chacune à leur manière, de petits bijoux.
La première partie évolue en montagnes russes : on passe de la tranquillité à l’euphorie, euphorie qui va de paire avec l’apparition des Angels, troupe de drag queens qui accompagne Lola. Pour ainsi dire, l’ambiance lève véritablement au moment où elles prennent d’assaut l’usine avec la chanson « Sex in the heel » que je viens d’évoquer. Le manque de charisme de Charlie peut éventuellement nous ennuyer – surtout au début, lors de son duo avec Harry – mais ne vous y méprenez pas : il prend sa place tout au long de l’histoire et parvient à s’affirmer dans toutes les sphères de sa vie, mais je n’en dirai pas davantage. Et puis, le contraste entre ce jeune homme posé et timide et la flamboyante Lola, est un moyen classique mais efficace de pimenter une histoire.
Deux autres moments viennent compléter mon tiercé gagnant pour ce premier acte : la chanson « Not my father’s son » durant laquelle Charly et Lola, redevenue Simon pour quelques minutes, évoquent les difficultés qu’ils ont eu tous les deux à répondre aux attentes de leur père, ainsi que le dernier numéro « Everybody say yeah », impressionnante chorégraphie sur tapis roulants qui vous donnerait (presque) l’envie de retourner faire du sport !
Je pense vous avoir déjà exposé le défaut des comédies musicales, qui, en général, souffre d’une deuxième partie plus laborieuse. Ici, bien qu’il y ait plus de dialogues que de chansons, mon intérêt n’a pas faibli ; certes, celle-ci est aussi plus courte, mais présente des valeurs qui nous sont chères, l’acceptation de soi, la tolérance, l’entraide, la famille… Pour preuve que nous étions un public conquis, Lola a eu droit à une ovation bien sentie après son interprétation de « Hold me in your heart ». Et naturellement, tous les moyens possibles sont déployés pour que le final soit phénoménal : néons lumineux, paillettes, costumes multicolores, amourette mielleuse et bien sûr bottes à talons !
Vous l’aurez peut-être compris, « Kinky Boots » ne réinvente pas le genre mais si votre objectif est d’aller voir un SPECTACLE, alors vous aurez tout gagné : ce sont évidemment les Angels qui volent la vedette, mais chacune de leurs apparitions est justifiée et logique : elles ne desservent pas le propos, elles le desserrent.
Croyez-moi, c’est une belle façon de commencer 2017 : Bonne année !
Le spectacle « Kinky boots » est présenté en anglais jusqu’au 8 janvier, à la salle Wilfrid Pelletier de la Place des Arts.
Durée du spectacle
2 H 25 avec entracte