Vendredi dernier, j’ai assisté à une répétition de la comédie musicale «La Géante», une nouvelle création du Théâtre de l’Oeil Ouvert qui nous avait déjà offert «La Corriveau» et «Belmont». Wow! Quelle belle surprise et une vraie inspiration que cette oeuvre sur les débuts d’une Géante de notre Québec du siècle dernier, Rose Ouellette. La musique est accrocheuse et le texte riche en couleurs.
Couvrant la période de 1910 à 1950, on plonge dans l’univers du Faubourg à m’lasse, de la Factory et du Théâtre National. Rose Ouellette devient la première femme en Amérique du Nord à diriger deux théâtres, la première femme à ne pas être le faire-valoir d’un homme dans un duo comique, et la première femme à avoir popularisé l’art de l’improvisation au Québec. Avec une suite de numéros musicaux et avec la narration du personnage du Cheminot, on découvrira qui était cette légende de notre patrimoine culturel québécois qui a ouvert la porte à plein d’autres femmes.
Pendant plus de 15 minutes, l’équipe a présenté une suite de numéros musicaux tous formidables. Ils ont de belles voix et leurs personnages sont charismatiques. Après la chanson du narrateur (Simon Fréchette-Daoust) au volant de son tramway, j’ai adoré la chanson «La Factory» qui m’a donné des frissons. «Sentinelle» chantée par l’amoureuse de Rose (Jade Bruneau) est aussi un coup de coeur, tout comme «Vous faire rire c’est ma vie» chantée par Rose (Gabrielle Fontaine) et dont le titre provient de l’autobiographie de Rose Ouellette.
Pour vous mettre l’eau à la bouche, des enregistrements de «Sentinelle» et «Vous faire rire c’est ma vie» sont disponibles. Voir les liens en bas de l’article.
Après la présentation, j’ai posé quelques questions aux artistes. Voici ce qu’elles m’ont révélé:
Qu’est-ce qui vous a surpris dans l’histoire de Rose Ouellette?
Geneviève Beaudet (autrice): Mis à part celle qu’on a connu à la télé vers la deuxième moitié de sa vie, j’ai été surprise par énormément de choses. C’est une femme extraordinaire qui a brisé des plafonds de verre. Elle a traversé un siècle, vu deux guerres, une grande noirceur et une période de grande précarité à Montréal. Elle a aussi su réunir les gens par le rire. Elle était tellement populaire que même un président français de l’époque allait voir la Poune quand il venait à Montréal. Ça s’est perdu quand la télé est arrivée, parce qu’elle était snobée et on la considérait trop vulgaire, contrairement à ses collègues masculins.
Jade Bruneau (metteure en scène): Que c’est un peu notre Amélie Poulain du Québec. Sur son chemin sans s’en rendre compte, elle a changé la vie de tant de gens. Une poète sans les mots, elle a transformé le milieu culturel et fait naître plein de talents. Sans compter son côté entrepreneure, précurseure et progressiste, proche des gens. Quand elle disait, «j’aime mon public mon public m’aime», c’était vrai. Et son histoire d’amour que sa petite-fille Katlheen Verdon nous a racontée, ça m’a vraiment touchée.
Jusqu’à quel point l’histoire est romancée ou véridique?
Geneviève Beaudet (auteur): Tout ce qui concerne Rose Ouellette est vrai, mais pour le reste je me suis inspirée d’anecdotes dans son autobiographie.
Comment fait-on pour interpréter le rôle d’une légende comme Rose Ouellette?
Gabrielle Fontaine (Rose): C’est rempli de vertiges en même temps que c’est un grand honneur. J’ai beaucoup regardé des vidéos, pour le reste c’est une fiction poétique. J’ai créé mon propre clown rouge [référence en théâtre à celui qui punch les gags et fait le personnage comique]. Je ne fais pas une imitation de celle qu’on a connue à 90 ans, je la joue de l’âge de 7 ans à l’âge de 35-40 ans. C’est une Rose qu’on connaît peu, mais ce qui est le plus important c’est d’incarner son essence. Elle avait un désir de faire rire et de mettre de la lumière dans la vie des gens. Donc pour moi c’est de retrouver ça. Et j’espère faire honneur à cette Géante.
Que diriez-vous aux gens d’une génération plus âgée qui l’ont bien aimée pour ses gags pour les inciter à venir voir ce spectacle?
Jade Bruneau (metteuse en scène): Ils vont être bien servis. Il y aura des blagues salaces et on reconnaîtra l’univers de la Poune sur scène. Mais je leur dirais aussi: «vous, comment voudriez-vous qu’on raconte votre histoire». Bien sûr il y a les blagues et autres, mais si on allait au-delà de ça. Les nostalgiques vont être servis de grivoiseries. Par le rire, on ouvrira le coeur pour rentrer dedans, ils vont vivre plein d’émotions.
Bien hâte de voir ça en juillet! D’habitude les présentations en répétition me laissent tiède. Mais cette fois-ci, je suis emballé. Pour l’instant, 3 villes seulement sont sur leur passage, voir le site web pour l’achat de billets.
Équipe de création
Texte/Paroles: Geneviève Beaudet
Musique: Audrey Thériault
Mise en scène: Jade Bruneau
Direction musicale/Arrangements: Marc-André Perron
Direction vocale: Chris Barillaro
Direction artistique: Jade Bruneau, Simon Fréchette-Daoust
Décors/Costumes: Adam Provencher
Éclairages: Maude Serrurier
Distribution
Gabrielle Fontaine (Rose), Simon Fréchette-Daoust (Cheminot), Jade Bruneau (Gigi), José Dufour (Finaud), Stéphanie Arav (Juliette), Philippe Robert, Rita Tabbakh, Christian Laporte.
Centre Culturel Desjardins (20 Rue Saint-Charles-Borromée S, Joliette)
Salle Les-frères-Lemaire (150 Rue Notre Dame East, Victoriaville)
En 2025: Théâtre Maisonneuve (Montréal)
Présenté en français du 11 juillet au 10 août 2024 à Joliette et du 15 au 31 août à Victoriaville.
Présenté à Montréal le 5 juin 2025.
Billets en vente (59$/28.25$ pour 23 ans et moins) au https://www.lageante.ca
Chanson «Vous faire rire c’est ma vie»: https://vimeo.com/953400373
Chanson «Sentinelle»: https://vimeo.com/953401229
Avant-goût: https://vimeo.com/953402168
Photos: Daniel Ouimet


