Après avoir connu un grand succès mérité, la comédie musicale «Salut Claude!» est de retour au théâtre La Marjolaine de Eastman jusqu’au 8 septembre. J’ai vu cette production qui raconte la vie de Claude Léveillée, et vous passerez une soirée touchante et intime à écouter ses chansons mises en contexte tout au long de sa vie. En prime, c’est à Eastman, un décor enchanteur, qu’il a écrit plusieurs de ses premières comédies musicales dans les années 60. L’interprète principal, Simon Fréchette-Daoust, est intense et touchant, tout en ayant une texture vocale qui ressemble à celle de Claude Léveillée pour faire vibrer ses chansons. Pour cette reprise, deux nouvelles interprètes habituées aux comédies musicales, Élisabeth Gauthier Pelletier et Élise Cormier, complètent la distribution et apportent un nouveau souffle au spectacle. Le pianiste Marc-André Perron les accompagne dans les mélodies complexes de Léveillée comme s’il avait trois paires de mains. Le spectacle est divertissant grâce à un texte de Andréanne Marchand-Girard qui met en relief les moments importants et anecdotes qui ont marqué sa vie tumultueuse. «Salut Claude!» est un spectacle à voir et à revoir.
Une semaine avant la Première, j’ai parlé avec Simon Fréchette-Daoust, l’interprète de Claude. Il a été d’ailleurs mon coup de coeur 2018 comme meilleur interprète masculin francophone dans une comédie musicale pour ce rôle. Il est excité de reprendre ce rôle. J’ai senti sa passion pour ce spectacle et il m’a fait part de ses impressions du moment. Voici donc notre entrevue:
Quelle a été ta première réaction quand tu as su que tu allais interpréter une légende comme Claude Léveillée?
Beaucoup d’excitation et un grand honneur, mais un petit stress parce qu’on a envie d’être à la hauteur de Claude Léveillée. Il y avait beaucoup de chansons que je ne connaissais pas de lui. Ça m’a permis de découvrir une poésie, une musicalité et un langage du coeur qui m’ont excités, ce qui m’a fait comprendre que ça allait bien se passer et que j’allais vraiment m’amuser. À partir de ça, j’ai utilisé ma sensibilité pour incarner Claude Léveillée sans l’imiter.
On connaît bien son répertoire, comment as-tu fait pour découvrir l’homme derrière ses chansons?
Faut dire que le texte est déjà assez bien construit pour le découvrir, mais ce qui a retenu mon attention c’est qu’il doutait beaucoup durant toute sa vie et sa carrière. Il savait qu’il n’était pas un érudit de la musique et qu’il ne lisait pas les partitions, mais il savait qu’il était différent des autres. Il était autodidacte. Ses partitions, c’est André Gagnon qui les a retranscrites, mais Claude était un artiste instinctif qui avait vraiment sa place. Il a mis le Québec à l’avant, il a aussi été le premier Québécois à jouer à la Place des Arts. Ça me fascinait de voir comment un artiste aussi complet que lui pouvait douter comme ça. Mais c’est ce qui le rend attachant en même temps.
Comment as-tu fait pour retrouver son timbre de voix dans ses chansons?
À la base, on a naturellement un timbre qui se ressemble un peu, avec une voix un peu feutré et beaucoup d’air quand je chante. J’ai aussi beaucoup écouté Claude et je réalise qu’il ne chante jamais la même chanson de la même façon. Moi aussi j’aime ça me réinventer un peu à chaque fois, j’essaie de retrouver cette liberté qu’avait Claude d’interpréter ses chansons comme s’il les chantait pour la première fois.
Quelle a été la plus grande difficulté pour monter ce spectacle et dont tu es le plus fier? As-tu une scène préférée?
Pour commencer, je me greffais à un spectacle qui existait déjà. L’autrice Andréanne Marchand avait modifié le texte et c’était la deuxième version. Une difficulté aussi c’est que c’est un peu documentaire où je joue Simon sur la scène pour expliquer, et après je personnifie Claude. Faut vraiment rester à l’affût de ce défi technique. Parmi mes scènes préférées il y a le «Pierrot lunaire» pendant les funérailles de Pascal, son fils qui s’est enlevé la vie à l’âge de 20 ans. C’est très touchant, à fleur de peau et c’est une zone dans laquelle j’aime jouer et chanter. Il reconnaît qu’il n’a pas été assez présent pour son fils et ça me touche tout en faisant du bien au spectacle. La chanson finale «Quand le rideau tombe» est aussi une de mes favorites parce qu’elle est porteur d’espoir. On la chante tous les trois ensemble et il y a plein d’émotions dans l’air entre nous et le public pour résumer le spectacle dans son entier.
Les 90 minutes du spectacle (sans entracte) sont sans temps mort, grâce à une mise en scène ingénieuse et bien centrée sur son sujet. À 1h15 de route de Montréal, je recommande ce spectacle à tous, vous passerez une excellente soirée. Les aînés redécouvriront un grand homme, les plus jeunes apprendront l’origine et la richesse d’une partie de notre culture. En arrivant tôt, vous pourrez profiter de la région qui offre plusieurs activités et des paysages merveilleux.
Équipe de création
Production: Théâtre Omnivore
Chansons: Claude Léveillée
Texte: Andréanne Marchand-Girard
Mise en scène: Jacinthe Gilbert
Arrangements vocaux: Jason McNally
Basé sur la biographie de Marie-Josée Michaud
Distribution
Simon Fréchette-Daoust, Élisabeth Gauthier Pelletier, Élise Cormier et Marc-André Perron.
Présenté en français du 21 août au 8 septembre 2019 à 20h ou 15h (selon la journée) au Théâtre La Marjolaine (55 Chemin du Théâtre, Eastman).
Billets disponibles (42$) sur www.lamarjolaine.info ou par courriel à info@lamarjolaine.info ou par téléphone 450-297-0237.
Forfaits Souper-Théâtre disponibles avec tables d’hôte et menus variés.
Photos: Gilles Motard