Le milieu de la danse refait progressivement surface, avec quelques semaines de retard sur les salles de concert et les théâtres. C’est d’ailleurs dans une salle bien remplie que l’Agora de la danse présentait, ce soir (2 mars 2022), son premier spectacle de la saison : Se dissoudre de la chorégraphe Catherine Gaudet. De quoi s’agit-il ?

Crédit photo : Mathieu Doyon
Alors que Danse Danse reprenait du service la semaine dernière avec le nouveau spectacle de Sylvain Émard, Rhapsodie, réunissant une vingtaine de danseurs, l’Agora mise plutôt sur un solo exécuté par Marie-Philippe Santerre.
Dans le programme de la soirée, on nous indique que Se dissoudre se déroule dans «un espace où la solitude se fait révélatrice de ce qui reste quand tout est suspendu. Lentement, se dissoudre. Non pas disparaître, mais s’additionner, se multiplier, s’amalgamer. Comme le sucre dans un thé. Là où le temps se dilate, la consistance des heures est si légère, prise en étau entre un passé révolu et un futur incertain. »
C’est pourtant bien loin de cette promesse de légèreté que nous entraîne Se dissoudre, un spectacle tendu et répétitif. D’entrée de jeu, l’interprète passe une bonne quinzaine de minutes à balancer son torse nu de l’avant vers l’arrière, alors qu’elle se tient debout, jambes écartées. Haletant de plus en plus fort, elle poursuit essentiellement le même mouvement à genoux, ainsi qu’en position assise, en lançant des cris de plus en plus aigus.
La bouche crispée et les bras raides de l’interprète donnent à penser qu’elle est en crise devant les aléas du temps et que sa «dissolution» est douloureuse. On en rajoute avec une tempête de neige qui s’abat sur la protagoniste tremblante et toujours torse nue. Ces scènes d’agitation s’étendent sur une soixantaine de minutes et se déroulent majoritairement sans musique.
On aurait espéré un spectacle plus rassembleur pour ce retour à l’Agora. Il faut dire qu’on avait prévu relancer les activités en janvier dernier en reprenant Face-à-face de Jérémie Niel, mais les mesures sanitaires en ont décidé autrement.
Même sort pour Nightlight du chorégraphe George Stamos qui devait être présenté à la mi-févier. Dans ce cas, par contre, on aura droit à une webdiffusion.
Avec la complicité du batteur Rémy Saminadin et la collaboration du créateur de mode Antonio Ortega, on y met le cap vers «une nuit féconde… Lorsque l’obscurité tombe, certains sens s’émoussent et d’autres s’aiguisent. George Stamos incarne ici, le réconfort du sommeil autant que l’agitation physique de l’insomnie ou les gestes extatiques de la danse en boîte de nuit. Il explore avec vulnérabilité ces rituels nocturnes comme pour faire jaillir entre les interstices du jour et de la nuit, une lumière colorée, joyeuse, presque sculpturale.»
Un peu de joie et de couleur, n’est-ce pas ce que l’on souhaite en cette période incertaine ? Quoi qu’il en soit, l’Agora de la danse commence son année 2022 avec deux propositions : un spectacle en présentiel et une webdiffusion.
Se dissoudre
Chorégraphe : Catherine Gaudet
Interprète : Marie-Philippe Santerre
À l’Espace Orange de l’Édifice Wilder, du 2 au 5 mars
Nightlight

Crédit photo : Teagan Lance
Chorégraphe : George Stamos
Musique et interprétation: George Stamos, Rémy Saminadin
Costumes : pièces originales créées par Antonio Ortega et pièces préexistantes sélectionnées par George Stamos
Webdiffusion : du 11 au 20 mars