Claude Champagne vient tout juste de publier, aux éditions Stanké, son plus récent roman, La dernière fois qu’on l’a vu, c’est au Perrette. Ce roman est un vrai petit bijou de nostalgie de la fin des années 1970 au Québec. Un beau voyage dans le temps, à 12 ans, à l’aube de l’été 1978. C’est un roman savoureux, qui évoque avec enthousiasme l’ambiance unique d’une bande de jeunes à la fin de leur 6e année du primaire. Cet auteur est une belle découverte pour moi.
Résumé : «Juin 1978, une bande d’amis rêvent à l’été. Mais un des leurs manque à l’appel : la dernière fois qu’ils l’ont vu, c’était au Perrette. Quarante ans plus tard, Patrice Montambeault retrouve ses anciens copains en se remémorant ces dernières semaines de l’école primaire. »
Tendre exploration de l’influence des souvenirs fondateurs sur la vie d’adulte, des baisers qui goûtent le Quik aux fraises et du royaume de l’enfance qu’étaient les années 1970 dans l’est de Montréal.
Ce roman me permet, avec un immense plaisir, de me remémorer mes jeunes années, puisque j’avais 13 ans en 1978. Et c’est fascinant de voir que mes souvenirs sont similaires à ce que décrit brillamment cet auteur. Claude Champagne nous fait faire un voyage dans le temps, en juin 1978, en utilisant des références visuelles précises, mais aussi le langage et les expressions de cette époque. Il a détaillé des anecdotes savoureuses, qui ne sont pas sans me rappeler des moments semblables dans mes propres souvenirs. Tel Michel Tremblay qui décrit avec précision son quartier d’enfance dans ses romans, Claude Champage nous décrit son quartier de classe moyenne de l’est de Montréal, dans le quadrilatère formé par les rues Sherbrooke, Rosemont, Langelier et Carignan.
La prémisse de cette histoire est l’enquête que les jeunes vont mener pour retrouver celui qui a probablement kidnappé leur ami Mario Lessard, qu’ils ont vu pour la dernière fois au Perrette du coin. Au fil des jours, cette bande d’amis va tenter de retracer et faire avouer l’un des six suspects qu’ils ont identifiés, avec leur imagination fertile. Mais cette ligne directrice n’est qu’un prétexte pour recréer des souvenirs d’enfance, pour se remémorer les quatre cents coups de ces jeunes en quête de sensations, de rigolade et de découverte de leur corps et de celui de leurs amies qui commencent à se développer à douze ans.
Avec ce roman, on se remémore les bonbons de la tabagie, «Des Pop Rocks qui sautent sur la langue. Des Fun Dip avec le bâton sucré qu’on trempe dans la poudre surette. Des cigarettes Popeye. Des casse-gueule. » On se rappelle aussi le fameux Jerrold pour changer les postes de la télé. Ou encore ces pantalons avec des zippers, les émissions de télé de l’époque avec Caliméro, Capitaine Caverne, Spiderman, en buvant un quick aux fraises, ou même les partys dans le sous-sol avec les filles pour frencher durant un slow, ou encore aller dehors et jouer à la cachette barbecue. Voici un extrait de cette plume très imagée, authentique et fluide, qui nous permet ce petit voyage dans le temps. «Je me souviens d’avoir joué pour la première et seule fois de ma vie à la cachette barbecue. Avec les enfants de la rue des autres avoisinantes. On sentait l’excitation dans l’air… Cette variante du jeu régulier impliquait d’embrasser la personne que l’on découvrait. Pourquoi ça s’appelait la cachette barbecue ? Aucune idée. Peut-être parce que c’était hot… Nous avions délimité le territoire de jeu. Pour cette soirée spéciale, le terrain à couvrir était plus vaste qu’à l’habitude, tant les participants étaient nombreux. Nous avions le droit de nous cacher sur un total de trois rues transversales, incluant les cours. » Que de souvenirs ! Et pour ceux qui n’auraient pas connu cette époque, c’est une belle découverte à faire, autant pour revisiter une époque, que pour savourer cette histoire et cette plume irrésistible, de Claude Champagne.
Diplômé en écriture dramatique de l’École nationale de théâtre du Canada, Claude Champagne détient une maîtrise en études littéraires de l’UQAM. Il a cofondé Dramaturges Éditeurs, où il a été éditeur pendant huit ans. Auteur pour la scène et la radio, il a signé plusieurs romans jeunesse en plus d’enseigner l’écriture dramatique à l’UQAR.
Date de parution : 2 septembre 2020
Sujet : Littérature québécoise
Nombre de pages : 216 pages
Prix : 24.95$
Éditions Stanké : http://www.editions-stanke.com/