Michel Marc Bouchard persiste et signe : l’adaptation par une troupe brésilienne de Tom à la ferme, présentement à l’affiche à Montréal, est «la meilleure production» de cette pièce. Interviewé à la suite de la première de Tom Na Fazenda à laquelle il a assisté à l’Usine C, cette semaine, l’auteur qui ne parle pas le portugais, nous explique la force exceptionnelle de ce spectacle présenté quelque 200 fois au Brésil.
Créée en 2011 au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, cette pièce raconte l’histoire de Tom, un jeune citadin, qui se rend en campagne pour les funérailles de son amant. Arrivé à la ferme, il doit composer avec la mère du défunt qui ne semble pas au courant de l’homosexualité de son fils. Quant au frère du défunt, il menace Tom de le tuer s’il venait à révéler cette vérité. Tom, terrifié, accepte de mentir.
«Ma pièce a fait son chemin jusqu’au Brésil grâce au film Tom à la ferme de Xavier Dolan», explique l’auteur. Ce qui ressort de l’interprétation de ces excellents comédiens, c’est un sentiment d’urgence, puisque la communauté LGBT brésilienne est victime de multiples sévices. Ça devient pour eux une sorte d’exutoire. Plus encore, leur intensité est dirigée avec brio par le metteur en scène Rodrigo Portella. »
D’ailleurs, à la fin de la représentation du 3 mars (2020), à l’Usine C, l’acteur Armando Babaioff s’est adressé au public avec une voix brisée par l’émotion. Essentiellement, Monsieur Babaioff a dit, en français, que le gouvernement brésilien ne respecte pas les minorités et que la violence dépeinte dans Tom Na Fazenda constitue une sorte d’appel à la résistance.
Chose certaine, ce spectacle rude, où les combats se déroulent dans la boue, a de quoi tenir le public en haleine. On s’inquiète même par moments pour Tom (Babaioff), tellement son partenaire (Gustavo Vaz) le frappe avec rage ! Quant à Soraya Ravenle, elle est d’une justesse confondante en mère qui feint de ne pas saisir les tourments de ses fils.
La mise en scène de Rodrigo Portella est si évocatrice qu’on finit par cesser de regarder les surtitres. Il n’en reste pas moins que le fait d’entendre cette terrifiante histoire en portugais nous rappelle avec éloquence que la haine de la différence n’a pas de frontière.
Tom Na Fazenda (Tom à la ferme)
Texte : Michel Marc Bouchard
Traduction : Armando Babaioff
Mise en scène : Rodrigo Portella
Interprétation : Armando Babaioff, Soraya Ravenle, Gustavo Vaz, Camila Nhary
À l’Usine C
3, 5, 11 et 12 mars, à 19h
6 mars, à 20h
7 et 8 mars, à 15h
Crédit photo : Marc-Yvan Coulombe
Michel Marc Bouchard, auteur