À la fois drôle, sarcastique et effronté, Christian Bégin a brillé de mille feux, ce soir, en animant la 4e édition de La nuit de la déprime, au Théâtre St-Denis. En grande forme, le sexagénaire a même chanté Tourne la page en duo avec Nathalie Simard, en ouverture de cette soirée bénéfice. De nombreuses vedettes ont pris part au spectacle dont Émile Bilodeau, Ingrid St-Pierre, Anne Dorval, Klô Pelgag, Marie-Pierre Arthur, Pierre Flynn, Dominique Fils-Aimé, Jean Maheux et Marie-Ève Janvier. On a même eu droit à une rare apparition de Véronique Béliveau, sans oublier quelques duos improbables…
Joyeusement cynique
Le prétexte derrière ce rendez-vous hivernal jubilatoire nous vient d’observations plus ou moins farfelues voulant que le quatrième lundi du mois de janvier serait la journée la plus déprimante de l’année. Il n’en faut pas plus pour que l’animateur passe en revue, ironiquement, tout ce qui le déprime dans l’actualité, en soulignant les paradoxes du monde d’aujourd’hui.
En des termes irrévérencieux, il condamne, entre autres, la décision d’avoir tenu la conférence des Nations unies sur le climat, la COP28, à Dubaï, ville des Émirats arabes unis qui comptent parmi les plus importants producteurs de pétrole au monde. C’est aussi illogique que d’organiser un congrès de diabétiques dans une cabane à sucre, peste Bégin, déclenchant l’hilarité générale dans la salle!
Mi-sérieux, mi-rieur, l’énergumène se permet aussi des commentaires loufoques sur certains de ses invités, ce qui fait rire la foule à tout coup! Il demande, entre autres, aux spectateurs s’ils ont reconnu la chanson La Bohème de Charles Aznavour que venait d’interpréter Guylaine Tanguay, en soulignant que la version de notre nouvelle «reine du country» diffère considérablement de l’originale.
Sans rancune, madame Tanguay reviendra sur scène pour chanter L’hôtel et la boisson, en duo avec Laurent Paquin. L’animateur observe les duettistes d’un oeil moqueur, en suivant attentivement les paroles de ce classique du country québécois : «Un verre, deux verres et puis trois verres Mais tu es encore dans ma pensée Quatre verres, cinq verres et puis six verres Voilà je t’oublie tout commence à tourner»
Drôle de déprime!
Parmi les surprises de ce spectacle éclectique, on a pu voir l’animatrice Monique Giroux se transformer en chanteuse, le temps d’une version endiablée du grand succès de Stromae: Alors on danse. Bégin a salué la dame en la qualifiant de «Patrick Roy de la chanson française» dont elle est une gardienne infatigable depuis de nombreuses années.
Ensuite, l’une des plus grandes voix de la soirée est venue clore la première partie. L’artiste d’origine géorgienne, Vladimir Kornéev qui avait fait grande impression à La nuit de la déprime en 2023, a séduit le public une fois de plus avec un fleuron du répertoire de Jean-Pierre Ferland : Un peu plus haut, un peu plus loin.
Après l’entracte, France Castel s’est attaquée à la déchirante Les vieux amants de Brel. Avec toute l’insolence dont il est capable, Bégin a souligné qu’il n’était pas surprenant que la septuagénaire ait été invitée pour une deuxième fois à La nuit de la déprime, en laissant entendre qu’elle a elle-même vécu de sombres périodes dépressives.
Puis, deux récepteurs téléphoniques rouges sont descendus du plafond, au son des premiers accords du tube de Claude François, Le téléphone pleure. L’inénarrable Bégin a chanté cette mélodie de 1974, alors qu’Anne Dorval s’est transformée en fillette hystérique sur les bords, ne sachant comment se débarrasser de son interlocuteur qui demande inlassablement à parler à sa mère. À lui seul, ce numéro valait le déplacement!
Par la suite, on a fait place à la tornade Gisèle Lullaby! La première drag-queen québécoise à avoir remporté la compétition Canada’s Drag Race s’est emparée de la scène, dans une intense séance de lipsync sur Total eclipse of the heart de Bonnie Tyler. Une fois de plus, Simon Gosselin, a confondu bien des sceptiques en jouant les femmes fatales!
Après tant de moments électrisants, dommage que la soirée se soit terminée avec une version décevante du grand classique de Charlebois, Ordinaire. Les envolées opératiques de Marie-Josée Lord laissent perplexe dans cette pièce introspective, axée sur l’humilité.
Malgré quelques bémols, le public de cette quatrième édition en a eu pour son argent, en plus d’avoir contribué à la Fondation Ronald-Denis qui vient en aide aux personnes souffrant d’obésité et qui sont parfois affectées par la dépression.
Les billets sont déjà en vente pour la 5e édition de La nuit de la déprime qui aura lieu le 20 janvier 2025. Infos