Drôle et chaleureuse, Louise Latraverse réussit son pari avec son spectacle solo intitulé, L’amour crisse. La comédienne âgée de 83 ans y raconte sa vie mouvementée qui l’a menée de son Arvida natale, jusqu’à New York où elle a côtoyé des stars internationales, avant d’aller poursuivre sa quête spirituelle en Inde. Éternelle passionnée, elle se confie sur sa relation amoureuse avec Claude Léveillée. Avec humour, elle parle de son instinct aventurier qui l’a poussée à jouer un rôle déterminant dans la création du Théâtre de Quat’Sous. Le vécu hors du commun de cette femme libre qui a brillé au petit et au grand écran a fasciné le public de la Cinquième Salle de la Place des Arts, bien remplie pour la première médiatique de L’amour crisse.
Ce titre irrévérencieux reprend le cri du cœur de Louise Latraverse à une question de France Beaudoin, lors de l’émission En direct de l’univers : «Nommez quelque chose dont la Covid ne viendra pas à bout ?» Sa réponse avait enflammé le Québec.
L’amour crisse allait donc devenir le titre de ce one-woman-show, où la dame fait valoir que les jurons québécois, liés à notre passé religieux, valent bien ceux des Français qui se rabattent volontiers sur le mot «putain» pour manifester leur mécontentement.
Même si elle confesse qu’elle aime sacrer, la comédienne s’exprime sans agressivité dans un langage aux tournures souvent poétiques, sur un ton de gratitude envers la vie. Plus heureuse que jamais, l’octogénaire se souvient de tout…
Le show-biz dans le sang!
Alors qu’elle était encore une enfant, la petite Louise n’avait pas hésité à aborder le légendaire Maurice Chevalier qui était en tournée au Saguenay. Convaincante, la fillette s’était vu offrir deux billets par cet iconique chanteur français pour assister à son spectacle.
En fait, la fascination pour le domaine artistique a toujours été au coeur de la vie de cette rêveuse. Dès son jeune âge, elle chantait avec son frère, le regretté producteur Guy Latraverse, une ritournelle onirique de Piaf: Les neiges de Finlande. Après tout ce temps, madame Latraverse reprend a cappella cette mélodie d’antan. Visiblement, cet hymne d’espoir habite toujours Louise. Touchant!
Comme un livre ouvert, elle révèle sans détours qu’une faillite a obligé les Latraverse à déménager à Montréal, où la comédienne n’a pas tardé à prendre son élan. Qui d’autre qu’elle peut se vanter, aujourd’hui, d’avoir donné la réplique au comédien Jean Coutu, grande vedette du téléroman Le Survenant?
De fil en aiguille, la jolie saguenéenne croise un certain Claude Léveillée. Coup de foudre! L’auteur-compositeur de Frédéric compose, pour elle, La légende du cheval blanc.
À cette époque, elle rencontre Paul Buissonneau qui a été membre du célèbre groupe vocal français Les Compagnons de la chanson. Elle s’associe à lui, avec Claude Léveillée, pour acheter une synagogue qui deviendra le Théâtre de Quat’Sous.
En 1969, elle se rend au mythique Festival de Woodstock, une aventure qui changera le cours de sa vie. Elle y rencontre Albert Grossman, l’agent de Bob Dylan et de Janis Joplin. Le producteur la présente à Emmett Grogan, une figure marquante du mouvement hippie. Nouveau coup de foudre! Elle se marie et emménage avec lui à New-York. Elle y côtoie des géants de la pop dont les Stones, Dylan, ainsi que Joplin avec qui elle n’avait pas d’atomes crochus, comme elle l’exprime sarcastiquement, ce qui déclenche des rires.
De retour à Montréal, elle vit au carré Saint-Louis, où elle côtoie, entre autres, Pauline Julien qui débarque régulièrement chez elle pour lui emprunter des robes, en vue de ses passages à la télé. Espiègle, Louise précise qu’elle était réticente à les lui prêter, car les deux femmes participaient souvent aux mêmes émissions!
En une soixantaine d’années de carrière, madame Latraverse se réjouit d’avoir travaillé avec une foule d’artistes «sauf, Roy Dupuis! Faux-tu être malchanceuse!», s’exclame-t-elle, pince-sans-rire.
Véritable touche-à-tout, elle a même chanté La fille de l’île en duo avec Félix Leclerc, à la télévision. Elle interprète d’ailleurs a cappella ce joyau du poète de l’île d’Orléans, avec une ferveur presque juvénile, comme si les années n’avaient pas d’emprise sur elle! Moment magique!
Habile conteuse, son récit nous tient en haleine durant une heure et demie qui passe comme un éclair! Celle qui est allée jusqu’en Inde pour apprendre, entre autres, l’art de l’auqarelle, en a aussi retenu des valeurs humaines faisant d’elle un être de lumière qui n’a pas son pareil!
Louise Latraverse est en tournée avec L’amour Crisse
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*Crédit photo: Jean-Charles Labarre