Un peu plus d’un an après le décès du légendaire Guy Lafleur, le «Démon blond» revit, cet été, dans un spectacle du Cirque du Soleil, à l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières. Pas besoin d’être connaisseur de hockey pour apprécier ce vibrant hommage, où les prouesses circassiennes se mêlent à des images d’archives de l’électrisant hockeyeur! On réussit de belle façon à raconter la carrière et l’époque de ce personnage qui, une fois de plus, rassemble le peuple québécois! Il y a du rythme, de la magie et beaucoup d’émotion!

Wow!
D’entrée de jeu, on évoque l’enfance du petit gars de Thurso qui, dès son plus jeune âge, ne ratait pas une occasion de sauter sur la patinoire, tout en se laissant emporter par ses rêves! C’est ainsi que d’immenses ballons gonflables en forme de Coupe Stanley font leur apparition sur scène puis, dans la salle. Déjà là, le metteur en scène, Fernand Rainville, nous donne envie de crier Guy ! Guy ! Guy ! Très réussi!

Crédit: Marie-Andrée Lemire
Ce numéro, impliquant toute la troupe d’une trentaine d’artistes, se déroule au son de l’inoubliable Wow d’André Gagnon. On y entend la description d’un match de hockey puis, la clameur de la foule qui monte aux accords de cette pièce en crescendo.
Bravo à Philippe Brault qui a conçu la musique de ce spectacle, en alternant entre ses propres compositions et des reprises de chansons québécoises marquantes des grandes années de Guy Lafleur.
Bien sûr, on entendra aussi à plusieurs reprises des ritournelles à l’orgue caractéristiques des matchs de hockey. Cet univers musical fascinant prend vie grâce au multi-instrumentiste et bruiteur Benoit Rocheleau, qui est la plupart du temps haut perché à gauche de la scène.
Le spectacle trouve rapidement son rythme. Après un numéro de patins à roues alignées, on fera place aux mâts chinois et mâts pendulaires, au son d’une enlevante relecture de Je suis cool de Gilles Valiquette. J’étais d’ailleurs assis tout près de monsieur Valiquette qui semblait très ému d’entendre le grand classique de son répertoire intégré à cette célébration de l’identité québécoise.

Toujours vivant
Les images de Lafleur à l’oeuvre sur la glace sont utilisées judicieusement sans briser l’élan des performances de cirque. Cela dit, certains numéros dont un en particulier, alliant roue Cyr et cerceaux, m’ont paru traîner en longueur. La plupart des pièces au programme sont d’une grande efficacité dont la festive et dansante Aimes-tu la vie comme moi de Boule Noire. Par contre, la chanson Pour l’amour qu’il nous reste, joyau de Francine Raymond, semble moins représentative de l’univers du hockeyeur. Et puis, n’aurait-on pas pu inclure une mélodie de Ginette Reno, grande admiratrice de Lafleur et qui a même enregistré, au début de sa carrière, une pièce intitulée J’aime Guy!
Grâce à la collaboration de la famille Lafleur, les concepteurs du spectacle ont eu accès à des écrits empreints de poésie que l’athlète a lui-même rédigé au fil des ans. On se sent ainsi plongé dans l’intimité d’un homme qui, malgré la gloire et la célébrité, ressentait le besoin de s’arrêter pour coucher sur papier ses réflexions sur la vie.
On entend aussi un extrait de l’album Lafleur!, sorti en 1979, alors qu’il était déjà une grande vedette du Tricolore. Guy Lafleur y prodigue ses conseils sur le hockey au son de musiques disco, funk, etc. Faut-il préciser que ce disque vinyle est aujourd’hui très prisé des collectionneurs ?
Cela dit, parmi les nombreux temps forts de la soirée, il y a celui où un funambule traverse la longue scène de l’Amphithéâtre Cogeco, sur un fil de fer, au son de Toujours vivant, interprétée par Michel Rivard. On retient son souffle, tellement on a l’impression que c’est Guy lui-même qui se raconte à travers cette chanson!
«Je suis celui qui fonce… Qui jamais ne renonce Au plaisir d’être libre». Dans ce contexte où l’émotion est à son comble, on dirait que cela a été écrit sur mesure pour «Flower» qui bravait tous les dangers sur la glace et sans casque!
«Je suis celui qui marche quand l’bonheur en arrache»… des mots qui résonnent très forts, alors qu’on vient de nous montrer une citation de Mark Lafleur qui, malgré ses démêlés avec la justice, témoigne de l’appui indéfectible de son père.
Jusqu’au bout
En 75 minutes, on réussit à évoquer les grandes lignes de la carrière exceptionnelle du premier joueur de l’histoire à connaître six saisons de suite avec au moins cinquante buts. Après avoir connu la gloire avec les Canadiens, il avait pris sa retraite avant de se raviser quelques années plus tard pour aller jouer une saison avec les Rangers de New York et, finalement, deux saisons avec les Nordiques de Québec.
Après ces montagnes russes émotionnelles, qui trouvent écho dans d’époustouflants numéros de vélo acrobatique et de patins sur rampes, c’est Guy qui a le dernier mot, avec un extrait de son ultime discours. Avec émotion, l’athlète nous incite tous à foncer pour réaliser nos rêves. Il ajoute, avec une pointe d’humour, qu’il ne faut pas oublier que le hockey est un jeu mais qu’il faut tout mettre en oeuvre pour gagner le plus souvent possible!
Guy ! Guy ! Guy ! est un hommage hors du commun pour un personnage dont la lumière nous éclairera longtemps encore. Véritable cadeau offert aux Québécois, ce spectacle est à ne pas manquer !

Le spectacle Guy! Guy! Guy!, du Cirque du Soleil, est présenté du 19 juillet au 19 août, à l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières.