Un spectacle mystérieux et d’une grande originalité est à l’affiche au Prospero, jusqu’au 27 avril. Interpellée par le nombre croissant de locaux vacants de la mythique Plaza Saint-Hubert, la scénographe Odile Gamache rend un hommage poétique à ces commerces délaissés. Des objets qui faisaient le charme de ces petites boutiques sont mis en scène dans une sorte de ballet hypnotique, où l’on retrouve la marquise clignotante, le socle d’allure antique, les rideaux baroques, etc. Cette performance sans texte ni comédien, mis à part une discrète manipulatrice, nous plonge dans la nostalgie de l’époque déjà lointaine où le commerce en ligne n’existait pas.
Sans qu’un seul mot ne soit prononcé, on se sent entraîné en un lieu déserté, où la vie sommeille encore. Soudainement, un pompon suspendu à une corde se met à tourner à vive allure. Il y a du mouvement aussi du côté des présentoirs rotatifs. C’est comme si ces objets abandonnés nous faisaient signe d’entrer au Magasin, une dernière fois.
Les éclairages de Julie Basse contribuent largement à l’ambiance énigmatique de ce troublant chant du cygne. La musique de Christophe Lamarche-Ledoux accompagne judicieusement le spectateur dans ce rêve éveillé qui se poursuit durant une heure.
Le Magasin a d’abord été présenté sous forme de petits films au Festival International du Film sur l’Art. L’oeuvre conçue en collaboration avec Philippe Cyr a aussi été jouée une première fois sur scène au OFFTA, en 2022. Après avoir approfondi son travail de dramaturgie scénique, Odile Gamache nous présente une version remodelée du Magasin. Fascinant!
Le Magasin
Idéation : Philippe Cyr, Odile Gamache
Mise en scène, scénographie et interprétation : Odile Gamache
Au Théâtre Prospero jusqu’au 27 avril
Crédit photo : David Wong