La Maison symphonique était remplie, cet après-midi, de jeunes enfants et leurs parents venus voir, sur scène, les personnages du livre Le pelleteur de nuages, de Simon Boulerice, publié en 2018. Le comédien Adrien Belugou joue le rôle-titre du petit garçon qui craint d’être rejeté, parce qu’il est atteint du vitiligo, un trouble de pigmentation de la peau. Quant à ses parents, incarnés par Fayolle Jean Jr et Salomé Corbo, ils forment un couple qui brouille certains stéréotypes liés au genre. Musicalement, on a fait appel à trois compositeurs pour construire la trame sonore interprétée par l’Orchestre Métropolitain. La musique vient souvent imager ce qui est raconté.
Des airs de jeunesse
De petits nuages de différentes couleurs sont suspendus au dessus de la scène; d’autres sont posés sur le plateau, devant l’orchestre. C’est là que les personnages prennent la parole. D’abord, le père (Fayolle Jean Jr) qui est jardinier, livre des textes d’une belle poésie, entre autres, sur le langage des fleurs et la fête des couleurs. Du même souffle, ce papa aimant, voit de la beauté dans les taches qui se dessinent sur la peau de son fils.
Pour représenter ce grand adepte du jardinage, la compositrice Marie-Claire Saindon va jusqu’à créer des effets sonores aux trombones qui imitent des tondeuses! Très vivante, la musique de Saindon pourrait pratiquement devenir celle d’un dessin animé! On perd toutefois des mots lorsque l’orchestre joue durant la narration.
Quant à la mère, Salomé Corbo lui donne vie avec beaucoup de dynamisme. Ses grands gestes et ses habiles intonations ont captivé petits et grands. Cette mécanicienne qui confesse avoir toujours les mains tachées d’huile, n’en demeure pas moins un être sensible. Elle dira, entre autres, «Une soupe maison, ça veut dire : je t’aime!» Son récit se marie harmonieusement à la partition symphonique de Stewart Goodyear.
Bien sûr, le mot de la fin revient au Pelleteur de nuages lui-même! L’univers d’Elliott bénéficie des rythmes syncopés du compositeur d’origine brésilienne, Denis Nassar. Certains instruments jouent un rôle particulier pour illustrer l’histoire. Par exemple, à l’école, les cuivres représentent le rire des enfants qui se moquent d’Elliot.
Ces trois parties du spectacle sont entrecoupées d’intermèdes musicaux où l’on a d’abord vu la saxophoniste Heidi Robichaud interpréter une pièce du Français Darius Milhaud. Puis, juste avant l’arrivée de Elliott, le jeune altiste Emad Zolfaghari nous a donné l’un des sommets musicaux du concert avec son interprétation du second mouvement du Concerto pour alto du Britannique William Walton.
Compte-tenu du très jeune âge d’un grand nombre de spectateurs (5 à 10 ans), disons que le public est resté globalement attentif durant ce spectacle de 70 minutes. En plus de voir en chair et en os les personnages créés par Simon Boulerice, on a pu admirer les illustrations de Josée Bisaillon, projetées sur grand écran.
Même s’il n’y avait pas de mise en scène, il aurait sans doute été préférable que les acteurs apprennent leurs textes plutôt que de les lire. Après tout, chacun n’a qu’une quinzaine de minutes de texte à apprendre. Disons que le lutrin brisait un peu la magie. Le vocabulaire utilisé est relativement simple sans être simplet. Cela dit, quand le jardinier s’exprime, les jeunes spectateurs savent bien qu’il parle de fleurs, même s’ils ne connaissent pas tous les mots qu’il emploie.
On applaudit l’agencement des projections d’illustrations du livre et les gros plans sur les comédiens, la chef d’orchestre, ou les solistes mais, il y aurait eu place à l’amélioration, en ce qui concerne l’amplification des voix.
Cela dit, l’Orchestre Métropolitain dirigé par Geneviève Leclerc a bien tiré son épingle du jeu avec ce spectacle original, axé sur l’oeuvre d’un auteur québécois prolifique et charismatique. Non seulement le public était au rendez-vous, mais il s’est laissé bercé par une histoire réconfortante tout en découvrant la puissance de la musique symphonique. Bien joué!
Le pelleteur de nuages
Présenté par l’Orchestre Métropolitain à la Maison symphonique, le 2 avril