Depuis leur lancement officiel en 1948 au Salon de l’automobile, les Citroën 2CV sont devenues une véritable icône dans le paysage automobile français. Ces voitures uniques, dessinées par l’Italien Flaminio Bertoni, basées sur le concept de la TPV (très petite voiture), et surnommées « deux chevaux » en référence à leur puissance fiscale de seulement deux chevaux, ont suscité un engouement sans précédent chez les collectionneurs. Aujourd’hui, ces passionnés, dont Jean-Marie, perpétuent l’héritage des 2CV, préservant ainsi une pièce importante de l’histoire automobile.
La passion de l’autophile
Ainsi au printemps dernier à Plouay en Bretagne, aussi connue comme point de départ et d’arrivée de la célèbre course cycliste Grand Prix de Plouay-Lorient Agglomération, je visitais le plus récent événement des 2CVs qui se tenait dans cette commune dont les écriteaux sont étonnamment bilingues, en breton et en français, accompagnée, entre autres, d’un spécialiste de la restauration de ces engins énigmatiques : Jean-Marie. D’ailleurs mon parcours de 300 kilomètres jusqu’à Plouay s’est fait dans l’habitacle d’une 2CV… écarlate !
Lui-même garagiste pendant 45 ans, cet autophile et passionné des deux chevaux s’est converti il y a 8 ans en restaurateur de ce 4-roues indispensable à la culture française. Pour mener à bien sa nouvelle carrière, il lui a fallu apprendre à porter tous les chapeaux : celui d’évaluateur pour identifier les travaux nécessaires, de carrossier, de peintre, de mécanicien, d’architecte d’habitacle, d’assembleur, et de spécialiste de la finition. Si bien que pour ce qui est de cette passion qui l’habite, Jean-Marie n’en démord pas et s’insurge quand les amateurs prennent trop de liberté dans leur reconstitution : « Il faut respecter le design d’origine », insiste celui pour qui il s’agit d’un classique intemporel et d’une icone rétro.
D’ailleurs son immense domaine de la Normandie est truffé de ces silhouettes reconnaissables entre toutes, bleues, jaunes, rouges, parfois décaties et utiles que pour les pièces, que les collectionneurs lui apportent en attendant de recevoir un peu d’amour sous ses bons soins.
La visite à Plouay
Ceci dit, à Plouay, un étourdissant 3000 voitures 2CV étaient exposées par leurs propriétaires-collectionneurs tandis que 15 000 visiteurs s’agglutinaient autour d’un vaste terrain de camping en faisant des ah! d’admiration et de surprise devant les petites 4-places.
Adjacent à ce gigantesque événement, une foire marchande proposait une variété de produits reliés aux 2CV mais aussi, des étals de pièces et accessoires automobiles pour satisfaire les constructeurs en herbe, autant que les restaurateurs amateurs et professionnels avides de trouvailles, venus de partout en Europe, pour vadrouiller et saisir l’objet rare sur lequel mettre la main.
Le spectacle qu’offre cette voiture emblématique est vertigineux. D’abord les collectionneurs sont divisés en clubs. Puis on est ébahi par l’imagination de tout et chacun : panneaux solaires sur le toit, couleurs éblouissantes parfois fluos, carrosserie modifiées, les 2CV devenues des campings cars, puis il y a ces mille-et-un gadgets qui pendent ou qui collent à la coque.
Le cinéma et la 2CV
Au cinéma, Louis de Funès et Bourvil ont fait fureur en donnant un rôle central à la 2CV dans Le Corniaud (1965) et créé des scènes mémorables de poursuites sur les routes de France dans La Grande Vadrouille (1966). Si en 1973, de Funès en a remis avec des situations rocambolesques dans Les Aventures de Rabbi Jacob, dans Amélie Poulain (2001), la 2CV fait son apparition en ajoutant une touche nostalgique à l’ambiance poétique du récit. Puis, en 1981, l’occasion d’une scène de poursuite dans le film Rien que pour vos yeux avec James Bond était irrésistible. À cette occasion Citroën a produit seulement 500 exemplaires de la Citroën 2CV 007.
Un héritage indémodable
Si les Citroën 2CV ont été produites pendant plus de quarante ans se terminant en 1990, avec 3 868 634 exemplaires fabriqués, et que leur popularité n’a jamais faibli, ces voitures compactes et fonctionnelles sont devenues un symbole de la vie rurale et de la simplicité à la française. D’ailleurs c’est en observant les fermiers qui utilisaient des charrettes tirées par des chevaux que le prototype TPV est né : l’engin devait être bon marché, minimaliste, avec peu d’entretien.
Sur le terrain de l’exposition à Plouay, ce sont des Français de la France profonde qui font d’ailleurs leur apparition. Cet univers des amoureux de 2CV est particulier. Loin du côté sophistiqué BCBG de la Grande capitale parisienne, la micro société des collectionneurs est rassembleuse car toutes les classes sociales, sans distinction, s’y croisent. D’ailleurs, ils ne se gênent pas pour déclarer haut et fort que
Ces réunions de 2CV sont une occasion de rencontres conviviales et liaisons amicales sous la tente ou dans des salons d’exposition. L’occasion de partager des histoires, d’exposer des modèles uniques et de se replonger dans l’atmosphère nostalgique des premières années de l’automobile.
Pour Jean-Marie, ce métier sert non seulement à préserver ces magnifiques véhicules mais également une tradition. Les 2CV représentent bien plus qu’un simple mode de transport, elles témoignent de l’évolution de l’industrie automobile et de la façon dont les voitures ont façonné la société française.
Un marché florissant
La demande pour les Citroën 2CV a augmenté ces dernières années, ce qui a contribué à la création d’un marché de la voiture de collection en plein essor en France. Si bien que les modèles les plus rares et les mieux conservés peuvent atteindre des prix élevés lors des ventes aux enchères spécialisées. Ces voitures uniques en leur genre sont ainsi devenues des investissements précieux pour certains, mais restent avant tout des objets de passion pour la plupart des collectionneurs.
Les Citroën 2CV continuent de fasciner les amateurs d’automobiles, ces passionnés dévoués comme Jean-Marie travaillent sans relâche pour préserver ces véhicules mythiques, témoignages vivants d’une époque révolue. À travers leurs rassemblements et leurs rencontres, ils partagent leur amour pour les Citroën 2CV et alimentent ainsi la passion qui les anime.
La Suisse ce week-end
Ce week-end jusqu’au 30 juillet c’est à Delémont dans le Jura en Suisse qu’a lieu le rassemblement des adeptes pour qui la 2CV n’est pas qu’une voiture mais bien un art de vivre!
Quelques surnoms de la 2CV
Deudeuche : dérivé de la prononciation de 2CV – deux chevaux
Tin snail : surnom anglais qui se traduit par escagot en enfer
Duck : car sa forme rapelle celle d’un canard
Spoutnik : en référence au premier satellite artificiel lancé dans l’espace en 1957 pour souligner son allure futuriste à l’époque
Brouette à chien : surnom humoristique qui fait référence à la capacité de la 2CV à transporter de grandes charges même sur des routes difficiles
Boîte à savon : se réfère à l’aspect petit de la voiture
Site web de référence pour la 2CV.
Photos: Suzette Paradis