Les Violons du Roy étaient de retour à la Salle Bourgie, dimanche, tout juste neuf jours après leur concert dirigé par le flamboyant flûtiste Maurice Steger. Un tout autre ton se dégageait de ce rendez-vous dominical, consacré à des cantates de Bach et dirigé par Jonathan Cohen, dont le contrat de directeur musical vient d’être renouvelé jusqu’en 2024. Alors que le programme du 14 février misait sur des œuvres étincelantes de virtuosité, Cantates de Bach, un regard vers nous reposait sur des interprétations intimistes d’oeuvres religieuses. Deux concerts aux univers contrastants où Les Violons du Roy se sont montrés pleinement à l’aise.
Il faut dire qu’une fois encore, le choix des solistes a été convainquant. Le ténor Nick Pritchard chante avec prestance et semble habité, notamment, par le texte de la cantate BWV 134 (Un coeur qui sait que son Jésus est vivant). La superbe du baryton Tyler Duncan qui s’est produit, entre autres, dans le Messie sous la direction d’Andrew Manze, est indéniable dans la cantate BWV 159 (Voyez, nous montons à Jérusalem). C’est toutefois la voix puissante et émouvante du contre-ténor Alex Potter qui ressort durant pratiquement tout le concert. En plus de ses grandes qualités vocales, l’artiste a le geste expressif, sans tomber dans le maniérisme. On comprend pourquoi il a aussi été recruté par d’autres chefs de grande renommée, dont Jordi Savall et Philippe Herreweghe. L’agréable soprano Odéi Bilodeau s’est jointe aux trois solistes masculins pour interpréter les chorals en quatuor vocal.
Avec Jonathan Cohen au clavecin, Les Violons du Roy ont joué cette musique religieuse avec intériorité, autant qu’ils s’étaient montrés flamboyants la semaine précédente. S’investir pleinement, voilà l’art de la constance !
Poésie et musique
En mars, Les Violons du Roy proposent un concert axé sur l’écrivaine Hélène Dorion qui lira des extraits de son livre de poèmes Comme résonne la vie, en alternance ou sur la musique qui sera jouée sans chef. Au programme, entre autres, des oeuvres de Schubert et Pärt.
Comme résonne la vie, dans le regard d’Hélène Dorion
Programme
C. Gesualdo : Madrigaux des Cinquième et Sixième livres (transcriptions S. Bertrand)
S. Bertrand : Création sur des poèmes d’Hélène Dorion
F. Schubert : 2e mouvement du Quatuor en ré mineur, D.810 «La jeune fille et la mort» (arr. pour orchestre à cordes)
A. Pärt : Summa
L. Janacek : 1er mouvement du Quatuor n°2 «Lettres intimes»
Palais Montcalm, Québec
19 mars 2020, 14h
Salle Bourgie, Montréal
20 mars 2020, 19h 30
Crédit photo : Marc-Yvan Coulombe
Les Violons du Roy à la Salle Bourgie, 23 février 2020