« L’Océan vu du cœur” est un documentaire captivant réalisé par Yolande Cadrin-Rossignol et Marie Dominique Michaud. Il nous emmène dans un voyage fascinant à travers les profondeurs marines, qui, lorsqu’on le regarde depuis l’espace, couvrent les trois quarts de notre belle planète bleue en mouvement. Ce film a pour but de nous éduquer, de nous sensibiliser et de susciter en nous un sentiment d’engagement individuel et collectif pour agir en faveur de l’océan.
Depuis le 10 novembre, le documentaire de 90 minutes est projeté dans plus d’une dizaine de cinémas à travers le Québec. Le film emmène les spectateurs dans les profondeurs de l’océan en compagnie d’éminents scientifiques qui nous guident et nous sensibilisent sur la vie marine actuelle, depuis les eaux gelées de l’Arctique jusqu’aux mers chaudes de la Polynésie, du golfe du Saint-Laurent aux Caraïbes.
Grâce à des images sous-marines impressionnantes, nous sommes immergés au milieu des baleines, des requins, des poissons, des coraux et des minuscules organismes qui peuplent cet écosystème. Ce document, non seulement instructif, mais aussi visuellement et auditivement magnifique, met en évidence la destruction de notre océan due aux activités humaines, telles que le réchauffement climatique, la pollution plastique et la pêche en eaux profondes. Sans être moralisateur, ce remarquable documentaire nous informe sur l’état actuel de nos fonds marins et nous encourage à réfléchir afin de passer à l’action.
SYNOPSIS : Longtemps, l’Océan nous a paru inaltérable et inépuisable, mais l’impact de nos actions sur sa biodiversité et sa température est alarmant. Dans L’Océan vu du cœur, suite de La Terre vue du cœur Hubert Reeves, entouré de scientifiques, d’explorateurs passionnés, nous propose de redécouvrir ce qui le menace et surtout, sa capacité de régénération phénoménale. Un hymne au Vivant, dans ce qu’il a de plus riche, de plus précieux et nécessaire à préserver si l’on veut survivre, parmi d’autres espèces, sur notre planète bleue.
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Après le succès du film LA TERRE VUE DU CŒUR avec Hubert Reeves sorti en avril 2018, L’OCÉAN VU DU CŒUR nous invite à revisiter notre rapport à la nature, l’Océan et la vie elle-même. Nous faisons tous partie de cet espace océanique, naviguant ensemble sur la pirogue de l’avenir. Hubert Reeves nous a malheureusement quittés à l’âge de 91 ans le 13 octobre dernier. Il s’agit de sa dernière entrevue qu’il a accordée aux réalisatrices.
« J’ai eu le bonheur de fréquenter Hubert durant plus de vingt ans. Je vis mon deuil en perpétuant sa pensée et son engagement du fond du cœur. » Iolande Cadrin-Rossignol
« Mon amour et ma gratitude à son égard sont infinies. J’espère simplement que ce film saura lui faire honneur et que sa voix, unique, lumineuse et sage sera entendue et relayée en actions concrètes. » Marie Dominique Michaud
Dans L’OCÉAN VU DU CŒUR, Hubert Reeves, avec sa douceur, sa rigueur et son amour du vivant, nous propose de redécouvrir ce qui menace l’Océan, mais surtout, sa résilience phénoménale pour peu qu’on l’aide à se rétablir ! Pour ce faire, il s’entoure de scientifiques, d’explorateurs, de penseurs et d’activistes, qui mettent toute leur énergie à aider à sa régénération : Tomatoa Bambridge (anthropolgue), Sandra Bessudo (bioplogiste), Jonathan Balcombe (éthologue, auteur, conférencier), Gilles Bœuf (biologiste), Valérie Cabanes (juriste en droit international), Mario Cyr (caméraman sous-marin, explorateur), Chloé Dubois (Fondation Ocean Legacy), Laetitia Hédouin (chargée de recherche CNRS), Frédéric Lenoir (sociologue, philosophe), Uapukun Mestokosho (cinéaste militante), Lyne Morissette (biologiste), Hinano Murphy (directrice adjointe station de recherche GUMP), Claire Nouvian (Fondatrice BLOOM), Daniel Pauly (biologiste marin), Christian Sardet (biologiste moléculaire), Silla Watt- Cloutier (militante, prix Nobel de la paix 2007). Tous et toutes nous entraînent à la découverte d’un géant méconnu, remplis d’êtres étonnants d’intelligence et sensibilité.
ENTRETIEN AVEC MARIE-DOMINIQUE MICHAUD ET IOLANDE CADRIN-ROSSIGNOL
Entretien avec les deux réalisatrices du film L’Océan vu du cœur.
« Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce documentaire, qui est la suite du film La Terre vue du cœur (2018) réalisé par Iolande Cadrin-Rossignol et mettant en vedette l’astrophysicien et militant écologiste Hubert Reeves ?
Marie-Dominique Michaud : L’idée est née à la sortie du documentaire La Terre vue du cœur à Paris. J’y ai rencontré deux amis proches de Hubert Reeves, Jean-Luc Wibaux et Véronique Ataly, dont le projet de documentaire en lien avec le déploiement d’un immense rāhui (interdiction collective et sacrée de la récolte d’une ressource pour la restaurer) en Polynésie française a avorté, puisque le gouvernement français avait refusé de donner son aval au projet. Ce fut l’élément déclencheur : pourquoi refuser cette possibilité de protéger l’Océan et sa biodiversité? Qui décide de ce qui se passe dans cet immense écosystème ? Je me suis alors intéressée à la haute mer et au fait qu’elle ne soit absolument pas réglementée, alors que son importance est vitale pour tout le vivant. Assez rapidement, l’idée de traiter de ces enjeux dans le cadre de la ligne éditoriale développée pour la réalisation de La Terre vue coeur s’est imposée. Tout comme son titre : L’Océan vu du cœur. Avec l’intuition que le rãhui pouvait devenir une puissante métaphore et guider nos réflexions et actions collectives à prioriser dans un contexte de bouleversements climatiques et d’effondrement de la biodiversité, à l’échelle mondiale.
Iolande Cadrin-Rossignol : Il est à noter que quand nous avons entrepris la recherche pour documenter ce projet, en 2018, la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030) n’avait pas encore été proclamée. Nous ne pourrions pas tomber plus à point que durant ce moment.
Ce film est-il complémentaire à La Terre vue du cœur ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce documentaire, qui est la suite du film La Terre vue du cœur (2018) réalisé par Iolande Cadrin-Rossignol et mettant en vedette l’astrophysicien et militant écologiste Hubert Reeves ?
Marie-Dominique Michaud : L’idée est née à la sortie du documentaire La Terre vue du cœur à Paris. J’y ai rencontré deux amis proches de Hubert Reeves, Jean-Luc Wibaux et Véronique Ataly, dont le projet de documentaire en lien avec le déploiement d’un immense rāhui (interdiction collective et sacrée de la récolte d’une ressource pour la restaurer) en Polynésie française a avorté, puisque le gouvernement français avait refusé de donner son aval au projet. Ce fut l’élément déclencheur : pourquoi refuser cette possibilité de protéger l’Océan et sa biodiversité? Qui décide de ce qui se passe dans cet immense écosystème ? Je me suis alors intéressée à la haute mer et au fait qu’elle ne soit absolument pas réglementée, alors que son importance est vitale pour tout le vivant. Assez rapidement, l’idée de traiter de ces enjeux dans le cadre de la ligne éditoriale développée pour la réalisation de La Terre vue coeur s’est imposée. Tout comme son titre : L’Océan vu du cœur. Avec l’intuition que le rãhui pouvait devenir une puissante métaphore et guider nos réflexions et actions collectives à prioriser dans un contexte de bouleversements climatiques et d’effondrement de la biodiversité, à l’échelle mondiale.
Iolande Cadrin-Rossignol : Il est à noter que quand nous avons entrepris la recherche pour documenter ce projet, en 2018, la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030) n’avait pas encore été proclamée. Nous ne pourrions pas tomber plus à point que durant ce moment. Marie-Dominique Michaud : Absolument, nous avons tenu à conserver la ligne éditoriale de La Terre vue du cœur, c’est-à-dire que nous présentons à nouveau une pluralité de sujets (les coraux, les baleines, les requins, la pollution plastique, l’aquaculture, etc.) et des points de vue d’experts qui ont une crédibilité hors de tout doute lorsqu’ils se prononcent sur ces sujets. Nous avons aussi creusé certaines thématiques du premier documentaire, comme le droit de l’environnement et l’économie circulaire du vivant. Ainsi, tous les spectateurs peuvent se faire une idée globale de l’état des lieux. Ils seront, par la suite, mieux outillés pour comprendre les nouvelles environnementales dans les médias et possiblement agir concrètement dans un domaine d’activité qui leur est accessible et qui les inspire.
Dans la mesure du possible, le documentaire a-t-il été filmé de manière écoresponsable ?
Marie-Dominique Michaud : Nous l’avons tourné pendant la pandémie, ce qui n’a pas facilité la gestion du plastique à usage unique, notamment. Néanmoins, nous avons travaillé en équipe réduite. En Polynésie française, par exemple, nous avons collaboré avec un preneur de son local pour éviter de devoir réserver une place d’avion et un véhicule supplémentaire. Plus quotidiennement, nous avons trimballé notre propre bouteille d’eau, mangé des repas végétariens ou vegan, etc. À la toute fin de l’aventure, nous avons contrebalancé notre empreinte carbone via le programme d’un organisme de confiance.
Vous avez collaboré avec plusieurs scientifiques et militants de renommée internationale, comme Mario Cyr, Lyne Morissette, Gilles Bœuf, Valérie Cabanes et Tamatoa Bambridge. Comment avez-vous sélectionné vos experts?
Iolande Cadrin-Rossignol : Nous avions déjà en tête le sociologue et écologiste français Frédéric Lenoir. C’est le fruit d’une longue collaboration : cet ami d’Hubert Reeves avait déjà participé à mon premier film avec ce dernier – ‘Conteur d’étoiles’ – puis dans La Terre vue du cœur. En plus d’être très humble, il est un vulgarisateur né. La contribution d’Hubert s’est avérée incontournable et magique À titre d’exemple, tant Hubert que Frédéric ont suggéré que nous rencontrions Gilles Boeuf. Et c’est grâce à l’implication de Véronique Ataly et Jean-Luc Wibaux que nous avons connu l’œuvre de Sandra Bessudo etc. Ensuite, le choix des autres experts s’est fait naturellement puisque la communauté scientifique marine est comme une petite famille
Aux yeux de plusieurs, les peuples autochtones sont les gardiens de la Terre. Était-il essentiel pour vous d’aller à leur rencontre en Arctique comme au Québec ?
Marie-Dominique Michaud : Oui, car les Autochtones, depuis des millénaires, entretiennent la conviction que chaque être vivant, des coraux aux baleines, a des dons et, par conséquent, un rôle à jouer dans la grande chorégraphie du vivant. Avec ce documentaire, nous voulions inviter les spectateurs à être plus attentifs à ces dons et aux manières dont nous pouvons collectivement les soutenir, plutôt que de continuer de croire que l’humain est l’être qui domine ‘la création’. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous avons mis de l’avant les illustrations de l’artiste d’origine Attikamek, Eruoma Awashish dans notre documentaire. En toute transparence, nous ne sommes pas allés en Arctique dans le cadre de la production du film. C’est à Montréal que nous avons filmé Siila Watt-Cloutier, activiste inuite renommée. Et ce sont les images incroyables tournées dans d’autres contextes par notre directeur photo et son acolyte : Noé Sardet et Sharif Mirshak, qui illustrent la grandeur et la beauté de l’Arctique alors que Siila nous interpelle à son sujet….
Était-il primordial pour vous d’aborder les océans sous différents aspects, autant juridique, politique, sociologique, scientifique que spirituel ?
Iolande Cadrin-Rossignol : Il s’agissait de faire saisir l’Océan dans sa globalité. Peu de personnes en connaissent tous les aspects. De l’Océan gelé de l’Arctique aux eaux chaudes de la Polynésie, du golfe du Saint-Laurent aux Caraïbes, tout spectateur peut y trouver son compte, selon son champ d’intérêt. S’il ne s’intéresse pas à l’intelligence émotionnelle des poissons, il peut s’initier à d’autres sujets, comme les aires marines protégées, les fonds marins, ou les lois en droit de l’environnement.
Marie-Dominique Michaud : Tout comme pour La Terre vue du cœur, nous avons souhaité offrir un état des lieux qui soit à la fois vaste et éloquent, non moralisateur et qui soit une inspiration à agir collectivement. Non seulement plusieurs sciences océanographiques y sont invoquées, mais nous avons inclus aussi la philosophie, le droit international, l’éthologie et l’économie car tous ces aspects contribuent à asseoir une vision d’ensemble riche et inspirante.
À la caméra, le sociologue et écologiste français Frédéric Lenoir parle de l’importance d’être dans l’action, de transformer les choses. Votre documentaire peut-il être perçu comme une œuvre militante qui dépasse sa mission d’éducation et de sensibilisation ?
Iolande Cadrin-Rossignol : Absolument, car nous sommes des militantes assumées. Avec ce documentaire, nous voulions éveiller les consciences en allant directement sur le terrain, Iolande Cadrin-Rossignol : Nous pensons qu’il a ce potentiel. Ce film s’adresse à un vaste public. Il démontre l’importance de prendre la parole et d’agir collectivement. Arriver ainsi à rejoindre les acteurs politiques est une ambition incontournable.
Était-il primordial pour vous d’aborder les océans sous différents aspects, autant juridique, politique, sociologique, scientifique que spirituel ?
Iolande Cadrin-Rossignol : Il s’agissait de faire saisir l’Océan dans sa globalité. Peu de personnes en connaissent tous les aspects. De l’Océan gelé de l’Arctique aux eaux chaudes de la Polynésie, du golfe du Saint-Laurent aux Caraïbes, tout spectateur peut y trouver son compte, selon son champ d’intérêt. S’il ne s’intéresse pas à l’intelligence émotionnelle des poissons, il peut s’initier à d’autres sujets, comme les aires marines protégées, les fonds marins, ou les lois en droit de l’environnement.
Marie-Dominique Michaud : Tout comme pour La Terre vue du cœur, nous avons souhaité offrir un état des lieux qui soit à la fois vaste et éloquent, non moralisateur et qui soit une inspiration à agir collectivement. Non seulement plusieurs sciences océanographiques y sont invoquées, mais nous avons inclus aussi la philosophie, le droit international, l’éthologie et l’économie car tous ces aspects contribuent à asseoir une vision d’ensemble riche et inspirante.
Pensez-vous que ce film puisse avoir un impact sur les décisions politiques environnementales dans le futur?
Iolande Cadrin-Rossignol : Nous pensons qu’il a ce potentiel. Ce film s’adresse à un vaste public. Il démontre l’importance de prendre la parole et d’agir collectivement. Arriver ainsi à rejoindre les acteurs politiques est une ambition incontournable.
Votre documentaire montre que l’océan est une machine ayant la capacité de se régénérer très rapidement si la volonté des citoyens est au rendez-vous. Avez-vous confiance en l’avenir ?
Marie-Dominique Michaud : Il le faut ! Nous avons chaque jour des preuves que les plus jeunes connaissent bien les enjeux et agissent en conséquence. Ils font partie intégrante de toute solution. Nous nous devons de les inclure automatiquement dans toute discussion importante et de leur reconnaître ainsi un pouvoir décisionnel. L’exemple des rāhuis de Teahupoo et de Tautira en Polynésie française en sont des exemples notables. Grâce à ces initiatives de la population locale soutenue par les enfants, le nombre de kilos de poissons commerciaux est passé de 60-70 à 400-450 par 1 000 mètres carrés. Au-delà des enjeux de sécurité alimentaire pour les populations humaines, les rāhuis révèlent l’intelligence inhérente aux écosystèmes naturels aquatiques qui se régénèrent rapidement grâce à la contribution de chaque espèce qui en font partie. Ils offrent ainsi une grande leçon de la force de l’interdépendance des espèces dans le royaume du vivant. Dont nous sommes.
Avez-vous d’autres projets à venir ?
Iolande Cadrin-Rossignol : Nous sommes actuellement en développement d’une série documentaire qui s’inscrit dans la continuité de ce film. Les protagonistes sont de véritables héros et nous souhaitons leur consacrer, un personnage à la fois, 52 minutes chacun pour les suivre dans leur univers dans l’action. »
Maison 4.3