La saison 2021-2022 de l’Orchestre classique de Montréal débutera en novembre prochain, histoire de laisser passer la quatrième vague de la COVID-19, s’il devait y en avoir une. Au programme: 11 concerts dont une «version écourtée» de l’opéra Carmen et la présentation du Messie de Handel. La 82e saison de l’OCM est dédiée à la musicienne Lotte Brott, pionnière de cet orchestre aux côtés de son époux Alexander Brott. On va aussi rendre hommage «à d’autres femmes accomplies à l’extérieur du domaine des arts», dont l’ex-première ministre Pauline Marois.
Webdiffusion de concerts : un marché saturé ?
Depuis plus d’un an, les musiciens, chanteurs et comédiens ont multiplié les spectacles en webdiffusion, mais ce marché est-il viable ? «Pas vraiment», selon Taras Kulish, directeur général de l’OCM. «Premièrement, c’est cher ! On a des coûts entre 10 000$ et 15 000$ par webdiffusion. Et puis, il y a trop d’offres de concerts virtuels, maintenant. C’est pourquoi, nous prévoyons nous limiter à trois webdiffusions dont celle du Messie, qui nous a amené 3 000 spectateurs sur Internet, en décembre 2020.»
À vélo avec un violoncelle sur le dos et un bébé dans le panier
Cette saison mettra en lumière l’héritage laissé par Lotte Brott (1922-1998), violoncelliste et mère des musiciens Denis et Boris Brott. En plus d’avoir oeuvré au sein de l’Orchestre de chambre McGill (devenu OCM) dès le début, madame Brott est considérée comme l’une des premières à avoir développé la commandite corporative dans le milieu culturel. On rappelle aussi qu’elle a été instigatrice de concerts d’été sur le mont Royal et de concerts populaires à l’aréna Maurice-Richard.
Pour rendre hommage à madame Brott, on a commandé une oeuvre pour orchestre à cordes à la Canadienne Carmen Braden. Cette dernière a choisi le titre À vélo avec un violoncelle sur le dos et un bébé dans le panier, à la lumière des souvenirs racontés par Boris Brott, chef d’orchestre de l’OCM, au sujet de la femme active qu’était sa mère.
Cette pièce sera présentée dans le cadre d’un concert intitulé Grandes québécoises et mettant en vedette la harpiste Valérie Milot, la pianiste Élizabeth Pion, la guitariste Annie Labrie et la flûtiste Nadia Labrie.
Carmen pour quatre
L’opéra Carmen de Bizet sera offert dans une version abrégée d’environ une heure et demi que l’OCM rebaptise Carmen pour quatre. Avec une mise en place d’Eda Holmes, directrice artistique du Théâtre Centaur, ce concert réunira la mezzo-soprano Julie Nesrallah dans le rôle de Carmen, Ernesto Ramirez en Don José, Suzanne Taffot en Micaela et Hugo Laporte en Escamillo. Des projections tiendront lieu de décors. «Comme il y a une fosse d’orchestre à la salle Pierre-Mercure, les chanteurs auront toute la scène à eux», souligne monsieur Kulish.
Karina Gauvin chantera Haendel
D’autre part, l’OCM s’associe à l’Ensemble Caprice pour la co-production d’un concert de musique de Haendel dirigé conjointement par Boris Brott et Matthias Maute, fondateur de cet ensemble montréalais spécialisé en musique baroque. La soprano Karina Gauvin sera la pierre angulaire de Haendel pour toujours, une soirée présentant des airs et diverses pièces de ce compositeur associé à l’apogée de la musique baroque.
Hommage à Pauline Marois
Sept concerts rendront hommage à autant de femmes qui se sont illustrées dans différents domaines, dont la poétesse, parolière et réalisatrice innue Joséphine Bacon. Une autre soirée sera dédiée à la politicienne québécoise Monique Bégin qui a été ministre fédérale de la Santé et du Bien-être social du Canada dans les années 70 et 80. Elle a, notamment, travaillé à l’instauration du crédit d’impôt pour enfant qu’on appelle maintenant la prestation fiscale pour enfants.
Quant à l’ex-première ministre Pauline Marois, on veut souligner, entre autres, son implication pour la mise en place de crédits d’impôt pour encourager les dons au milieu culturel. «Chacune de ces femmes sera présente au concert qui lui est dédié», précise le directeur général de l’OCM. «Chaque fois, il y aura un hommage d’une dizaine de minutes, en début de soirée.»
Salle Pierre-Mercure
Mis à part Le Messie, présenté à l’oratoire Saint-Joseph pour une troisième année consécutive, l’OCM concentre ses activités à la salle Pierre-Mercure, où l’on souhaite voir le public revenir. «Je n’ai pas de boule de cristal, mais disons qu’on est confiant ! Et si jamais, la crise sanitaire perdure, nous nous adapterons pour que nos musiciens continuent de travailler. C’est ce que nous faisons déjà depuis plus d’un an.»