Après s’être produit en divers lieux extérieurs, cet été, dont un stationnement de l’aéroport de Montréal, l’OSM lançait sa saison 2020/21, ce soir (11 septembre), devant 250 spectateurs, à la Maison symphonique qui peut en accueillir 2 100. D’entrée de jeu, le président du conseil d’administration de l’Orchestre, Lucien Bouchard, a pris la parole pour dédier cette soirée aux victimes de la pandémie de COVID 19. Sur scène, une quarantaine de musiciens, sous la direction de Bernard Labadie, ainsi que la soprano Karina Gauvin et la contralto Marie-Nicole Lemieux se sont mis à l’oeuvre pour ce concert d’ouverture intitulé : Les vocalises de Beethoven. Compte rendu de Marc-Yvan Coulombe.
Alors qu’un Yannick Nézet-Séguin, prend plaisir à venir expliquer au public le choix des oeuvres entendues, Bernard Labadie, lui, a préféré qu’on enregistre ses propos, dans une courte vidéo. Assis devant un intervieweur (imaginaire?) qu’on ne verra pas, le musicien explique avec simplicité et conviction que Beethoven est un compositeur si «direct» qu’en trois mesures, il fixe le ton dramatique de l’ «Ouverture» Coriolan. Puis, l’Orchestre joue immédiatement cette célèbre pièce. Une façon de présenter une oeuvre qui s’avère d’une grande efficacité. On entre immédiatement, non seulement dans l’univers de Beethoven, mais aussi dans celui de Labadie, dont le visage, projeté sur un écran placé au-dessus de la scène, témoigne d’une profonde fascination pour la musique du grand Ludwig.
Bien sûr, l’orchestre n’utilise qu’une partie de ses effectifs, mais l’effet n’en demeure pas moins percutant, voire troublant, tant l’émotion de se retrouver enfin réunis par la musique est puissante !
Certains musiciens et de nombreux spectateurs demeurent masqués durant le concert. À noter qu’il n’y a pas de programme sur papier, mais les titres des pièces et les textes chantés apparaissent sur l’écran installé devant les tuyaux du Grand Orgue Pierre-Béique.
Comment ne pas regretter de n’avoir qu’une seule apparition de Karina Gauvin pour « Ah, perfido », op. 65 ? «Par pitié, ne me dis pas adieu» et la voilà qui quitte la scène, après moins de quinze minutes, de ce concert d’un peu plus d’une heure. Même en si peu de temps, on constate à quel point la voix est demeurée agile, malgré la rareté des concerts.
De son côté, Marie-Nicole Lemieux viendra deux fois chanter des extraits de La clemenza di Tito de Mozart dont « Parto, parto ». «Réconcilie-toi avec moi, je serai tel que tu le désires», répète la contralto de sa voix douce et suppliante. Un appel à l’harmonie qui prend une résonance particulière, en ce jour où l’on commémore les attentats du 11 septembre. Encore là, les retrouvailles avec Marie-Nicole furent bien trop courtes.
Le mot de la fin revient à l’orchestre qui joue la Symphonie no 1 de Beethoven. Une fois de plus, on sent la ferveur de Labadie. Les habitués de la Maison symphonique remarqueront que la salle résonne plus qu’auparavant, les spectateurs étant moins nombreux pour absorber le son. Mais, on arrivera sans doute à corriger cette tendance, entre autres, en tirant des rideaux. Pour ce qui est de l’«habillage» de la salle, confié à Brigitte Poupart, il se résume à des plaques lumineuses disposées principalement derrière la scène et qui enveloppent la salle de teintes orangées.
Enfin, sachez que si vous allez à la Maison symphonique, il faut maintenant faire la file à partir du guichet des ventes de billets de la Place des arts. Curieusement, on n’a prévu aucune marque de distanciation. On se dirige ensuite vers le café urbain qui jouxte la Maison symphonique; c’est là qu’on vous demande si vous avez des symptômes de la COVID. Ce n’est qu’après cette étape qu’on accède à la salle de concert, où seuls les deux premiers niveaux sont ouverts.
Orchestre symphonique de Montréal – Les vocalises de Beethoven, à la Maison symphonique. 11 septembre 2020.
Bernard Labadie, chef d’orchestre / Karina Gauvin, soprano
Marie-Nicole Lemieux, contralto / André Moisan, clarinette de basset
Programme : Beethoven, Coriolan, op. 62 : « Ouverture » / Mozart, La clemenza di Tito , « Parto, parto » / Beethoven, « Ah, perfido », op. 65 (13 min) / Mozart, La clemenza di Tito , « Deh, per questo istante solo » / Beethoven, Symphonie no 1 en do majeur, op. 21 (26 min)
L’OSM et Labadie donnent trois autres concerts, en fin de semaine. Cet après-midi, 12 septembre à 14h 30, ils accueillent Charles Richard-Hamelin et James Ehnes. Au programme, entre autres, le Concerto pour piano no 4 de Beethoven.
Ehnes sera de retour pour le concert de ce samedi soir, 20h, où il jouera le Concerto pour violon en ré majeur, op. 61 de Beethoven.
Enfin, dimanche, 13 septembre à 14h 30, mesdames Gauvin et Lemieux seront sur scène pour interpréter des airs de Mozart, alors que l’OSM jouera la Symphonie no 6 de Beethoven