Le nouveau chef de l’Orchestre symphonique de Montréal, Rafael Payare, était tout sourire à la fin du concert marquant sa première rencontre avec le grand public montréalais, ce jeudi soir (9 septembre 2021), sur l’esplanade du Parc olympique. Il faut dire que les mélomanes se sont montrés attentifs et enthousiastes durant cette soirée où il a dirigé, entre autres, des oeuvres de Tchaïkovski et Stravinsky. Même le ciel a collaboré ! En effet, malgré les éclairs, l’orage n’est tombé qu’une bonne demi-heure après le concert, laissant à la plupart des spectateurs le temps de quitter les lieux.
Avec une grande assurance, le maestro guide d’abord ses musiciens dans l’Ouverture-fantaisie de Roméo et Juliette de Tchaïkovski. Par ses gestes amples et énergiques, le chef entraîne l’orchestre de 70 musiciens dans ce voyage musical d’une vingtaine de minutes, où domine le thème de la discorde et la haine opposant les Capulet aux Montaigu. Intense !
Le public est captivé, silencieux, admiratif ! Heureusement, on a déjà presque oublié le ton de l’animatrice de la soirée Katerine Verebely : «Tchaïkovski, vous le connaissez peut-être ? Casse-Noisette, c’est lui aussi.» Qu’il s’agisse d’une blague ou non, on est en droit de s’attendre à un peu plus de substance de la part d’une femme qui se targue d’être chroniqueuse culturelle à Radio-Canada, ainsi qu’une fidèle des concerts de l’OSM !
Après une courte pièce de la compositrice française Lili Boulanger, le maestro sort de scène au pas de course; il avale quelques gorgées d’eau et revient aussitôt pour Le Tricorne, Suite no 2 de Falla. Gesticulant et sautant presque à l’occasion, on le sent très à l’aise dans cette musique hispanique, bien connue à l’OSM qui l’a gravée sur disque sous la direction de Charles Dutoit, en 1981.
Parfois obligé de remonter ses lunettes qui glissent sur son nez en sueur, Payare plonge ensuite avec passion dans la Suite Estancia, tirée d’un ballet du compositeur d’origine argentine, Alberto Ginastera . Une musique rythmée et spectaculaire que le public accueille avec plaisir !
L’Oiseau de feu
L’oeuvre la plus attendue de la soirée était sans doute L’Oiseau de feu, Suite de Stravinsky. Cette grande musique va droit au coeur et nous semble familière. D’ailleurs, n’avait-elle pas des échos dans la mélodie de la belle chanson du Québécois Jacques Blanchet Le pays de tendre, magnifiquement interprétée par Marie José Thériault et André Gagnon ?
Quelques mots et «un petit cadeau»
Ce n’est qu’en fin de concert que Payare a pris brièvement la parole. «Bonsoir Montréal ! Merci pour l’accueil si généreux !», a-t-il lancé en demandant au public s’il pouvait offrir «un petit cadeau», soit une pièce d’un compositeur de son pays le Venezuela. La soirée s’est alors terminée avec une fugue d’Aldemaro Romero.
Au moment de quitter le site, les gens échangeaient des commentaires élogieux sur ce premier grand rendez-vous avec Payare. En tenant compte des mesures sanitaires, l’OSM avait distribué 3 500 billets pour cette soirée.
L’OSM dirigé par Rafael Payare / Parc olympique, 9 septembre 2021
Programme : Tchaïkovski : Roméo et Juliette, Ouverture-fantaisie / Lili Boulanger : D’un matin de printemps / Falla : Le tricorne, Suite n° 2 / Ginastera : Estancia, Suite / Stravinsky : L’Oiseau de feu, Suite