C’est avec Lucia di Lammermoor, oeuvre des plus célèbres de Donizetti, que l’Opéra de Montréal termine l’année 2019. Pour relever le défi du tour de force vocal que représente le rôle de Lucia, on a fait appel à la soprano coréenne Kathleen Kim qu’on voit ci-haut sur notre photo prise lors d’une rencontre de presse à la Place des Arts, le 31 octobre dernier.
Mariage forcé
Les grandes lignes de cette oeuvre tragique, créée en 1835, ne sont pas sans rappeler l’histoire de Roméo et Juliette. La haine qui consume les clans Ashton et Ravenswood, en Écosse au XVIe siècle, met à rude épreuve l’amour d’Edgardo et de Lucia, soeur du sinistre Enrico Ashton. Mais, les amoureux qui échangent serments et alliance, jurent que rien n’aura raison de leur engagement. Enrico parvient toutefois à convaincre Lucia de la trahison de son amant, en brandissant de fausses preuves, dans le but qu’elle épouse plutôt l’homme qu’il lui a choisi, Arturo Bucklaw. Convaincue de la déloyauté de son amant, Lucia s’exécute et signe le contrat. Edgardo est mis devant le fait accompli et se défend de toute infidélité, accusant sa maîtresse d’avoir bafoué leurs promesses. Lucia épouse Arturo, mais sa raison chavire : au cours de ses noces, elle poignarde cet époux qu’elle déteste et sombre dans la folie. Ayant appris les dessous de la machination et ses conséquences fatales, Edgardo se suicide.
Un ténor québécois très en demande
Le rôle d’Edgardo, amoureux de Lucia, est confié au Québécois Frédéric Antoun, qu’on ne voit plus assez souvent chez nous et pour cause. C’est que le ténor est très en demande sur la scène internationale. Il a interprété, entre autres, les rôles de Belmonte dans Die Entführung aus dem Serail, de Thespis dans Platée et de Ferrando dans Così fan tutte à l’Opéra national de Paris; de Tonio dans La fille du régiment au Royal Opera House – Covent Garden, à l’Opéra de Lausanne et Opéra de Toulon; de Raul dans The Exterminating Angel au Festival de Salzbourg et au Metropolitan Opera; de Nadir dans Les pêcheurs de perles à l’Opernhaus de Zurich; de Laërte dans Hamlet au Theater an der Wien; et de Prince charmant dans Cendrillon à La Monnaie. Ouf !
M.Y.C.
-Cela dit, c’est la première fois que vous incarnez Edgardo ?
F.A.
-Oui et c’est un rôle qui me plaît davantage, disons, que les rôles mozartiens que j’ai eu à chanter.
M.Y.C.
-Le degré de difficulté doit pourtant être très élevé dans cet opéra de Donizetti exigeant virtuosité et dramatisme soutenu ?
F.A.:
Oui, c’est exigeant, mais la mélodie est conçue pour donner le temps aux chanteurs de bien faire entendre leur voix, en laissant s’épanouir leurs notes aiguës, ce qui n’est pas le cas chez Mozart. J’apprécie également de ne pas être en compétition avec les cuivres comme chez Puccini, par exemple. C’est formidable de pouvoir choisir, mais je dois dire qu’il y a un certain stress lié au fait que c’est une prise de rôle et que ça se fera à la maison, devant les amis et la famille. Mais, bon, je suis un chanteur plutôt choyé; je ne vais pas vous faire pleurer tout de suite», conclut-il en un éclat de rire.
Lucia di Lammermoor
Opéra en trois actes de Gaetano Donizetti
En italien avec surtitres en français et en anglais
Avec : la soprano Kathleen Kim en Lucia et le ténor québécois Frédéric Antoun dans le rôle d’Edgardo, ainsi que le baryton Gregory Dahl (Enrico), la basse Oleg Tsibulko (Raimondo), le ténor Mario Bahg (Arturo) et le baryton-basse Rocco Rupolo (Normanno). La mezzo-soprano Florence Bourget, artiste en résidence de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, complète la distribution dans le rôle d’Alice.
Mise en scène de : Michael Cavanagh
Orchestre métropolitain, dirigé par le chef italien Fabrizio Ventura
Chœur de l’Opéra de Montréal (préparé par Claude Webster)
À la Salle Wilfrid-Pelletier
Les 9, 12, et 14 novembre à 19h 30
17 novembre à 14h