L’Opéra de Montréal présente Madama Butterfly de Puccini, à la Salle Wilfrid-Pelletier, à compter de samedi, 6 mai. L’engouement du public est tel qu’on a ajouté une cinquième représentation. L’emblématique rôle de Cio Cio San a été confié à la libano-canadienne Joyce El-Khoury, alors que le ténor Matthew White incarne le lieutenant B. F. Pinkerton. Il faut s’attendre à certains éléments de nouveauté, en ce qui a trait à la mise en scène.
Une histoire remise en perspective
On se souvient de cette histoire déchirante qui se déroule à Nagasaki, au Japon, au début du XXe siècle, alors que Cio-Cio-San choisit de renoncer aux traditions de son pays, pour livrer son cœur à l’amour de sa vie, un officier américain. Malheureusement, cette passion qui la consume lui coûtera très cher.
«La difficulté d’approche dans la mise en scène de cet opéra réside dans le fait que l’histoire est racontée d’un point de vue occidental: un étranger qui regarde la culture japonaise sans la comprendre entièrement», estime la metteure en scène Stephanie Harvey. Dans le but de corriger le tir, dès la première scène, le public découvrira deux personnages situés 10 ans plus tard, soit Kate Pinkerton et Dolore, l’enfant de Cio Cio San, ayant grandi aux États-Unis. «Un jeune enfant asiatique découvre, en lisant Madama Butterfly, ses origines japonaises; Kate Pinkerton raconte à son fils adoptif les événements qui l’ont amené en Amérique. »
Avec cette approche, la metteure en scène et l’Opéra de Montréal entendent présenter cette œuvre célébrissime «dans le respect de la culture japonaise».
«En réfléchissant sur l’identité de l’enfant, j’ai commencé à imaginer l’opéra à partir des circonstances entourant sa naissance… Cela m’a fait penser à plusieurs de mes amis et collègues qui sont nés dans des pays d’Asie et ont ensuite été adoptés par des parents américains caucasiens.
J’ai mené des entrevues pour en savoir davantage sur l’histoire de leur adoption et sur la manière dont ils ont saisi leur identité en tant qu’Américains d’origine asiatique. Dans chaque entrevue, j’ai remarqué une expérience commune, celle du tiraillement entre deux cultures opposées, chaque personne adoptée ayant dû trouver sa propre façon de revendiquer son histoire et sa réalité présente.
C’est le cadre dans lequel nous avons raconté Madama Butterfly: son enfant découvre son histoire et la beauté de son passé complexe.»
De son côté, Michel Beaulac, directeur artistique de l’Opéra de Montréal ajoute: «Il est impératif que les compagnies artistiques abordent les grands classiques en y apposant un regard contemporain qui tient compte des enjeux d’appropriation culturelle. Pour assurer sa pérennité sur scène, une œuvre comme Madama Butterfly appelle à ces ajustements et à cette bienveillance qui n’altèrent en rien la beauté de l’œuvre. »
Distribution et orchestre
La distribution presque entièrement canadienne inclut la mezzo-soprano Lauren Segal dans le rôle de Suzuki et le baryton Hugo Laporte en Sharpless. Le Chœur de l’Opéra de Montréal et l’Orchestre Métropolitain seront dirigés par Pablo Halffter.
Madama Butterfly
Musique: Giacomo Puccini / Livret: Luigi Illica et Giuseppe Giacosa
Présenté en italien avec surtitres français et anglais
À la salle Wilfrid-Pelletier, du 6 au 16 mai
Sur la photo d’accueil: Joyce El-Khoury (Madama Butterfly) et Matthew White (Lieutenant B. F. Pinkerton)
Crédit: Vivien Gaumand