Margie Gillis, figure emblématique de la danse au Canada, célèbre ses 50 ans de carrière avec un émouvant spectacle intitulé OLD. La dame qui aura 70 ans, l’été prochain, explore les mystères de la vieillesse dans un solo où l’on navigue entre l’inévitable deuil de la perte de ses moyens et une joie de vivre tenace! La danseuse à la longue chevelure et aux pieds nus va jusqu’à chanter quelques mots qui semblent résumer une part de l’essentiel de sa vie.
Après un demi-siècle à danser sur des scènes d’Amérique du Nord et du Sud, d’Europe, d’Asie et au Moyen-Orient, l’artiste semble arrivée à l’heure d’un bilan. Elle s’amène sur la scène où l’on aperçoit une chaise qui n’a plus de pattes. Un drap blanc flotte sur un amoncellement d’objets. La longue pièce de tissus vaporeux sera emportée au son de vagues tumultueuses. On découvre alors une chaise berçante, une horloge et des fragments d’objets entassés pêle-mêle.
Sur un grand écran, à l’arrière scène, défilent des phrases écrites en anglais ou en français. Il est question de l’importance de connaître la danse de votre esprit. On peut aussi y lire : Le doux-amer de dire aurevoir.
L’artiste avance et tournoie dans cet univers où la vie continue, au milieu d’images de son passé. Puis, il y a la musique, souvent instrumentale du pianiste et compositeur Sebastian Zawadzki et quelques chansons. La voix de Jacques Brel revient nous hanter avec Les Vieux et la loi incontournable de «la pendule d’argent». Cliché? Peut-être mais, néanmoins, touchant, poignant!
Cela dit, tout n’est pas toujours sombre dans OLD. L’artiste cherche la beauté dans l’ultime étape de sa vie et trouve parfois des moments de sérénité, exprimés dans sa gestuelle gracieuse, au son du Largo du Concerto pour hautbois en sol mineur de Bach (BWV 1056). La protagoniste n’échappe toutefois pas à la peur de l’inconnu qui guette et qui la pousse à se recroqueviller sous une chaise.
Vêtue de noir durant la majeure partie de ce spectacle d’une cinquantaine de minutes, Margie Gillis vient conclure son histoire dans une robe blanche, qui pourrait être une robe de mariée.
C’est à ce moment qu’elle interprète elle-même, d’abord avec joie et fougue, une séquence de la chanson Savage Daughter de Sarah Hester. «I am my mother’s savage daughter I will not cut my hair I will not lower my voice».
Puis, elle se rapproche du public pour bien faire sentir sa version colérique de cet hymne à l’insoumission.
Enfin, elle reprend ces mêmes mots dans un tout autre registre teinté de résignation devant le temps qui passe… la voix au bord des larmes. Bouleversant!
Il y a une supplémentaire de OLD à l’Agora de la danse, aujourd’hui 12 mars, mais, comme on pouvait s’y attendre, c’est complet. Après le succès de ce spectacle présenté à guichet fermé durant toute la semaine, espérons que d’autres salles seront tentées de faire rayonner ce puissant solo!
OLD / Agora de la danse