Après sa tournée 40 printemps qui s’est terminée l’an dernier, Paul Piché reprend la route avec un spectacle axé sur les chansons d’un des albums marquants de sa carrière : Sur le chemin des incendies. Du parterre au balcon du Théâtre Outremont, les admirateurs de cette icône de la chanson québécoise étaient au rendez-vous, dans une ambiance festive, en ce vendredi soir. Habile raconteur, Piché multiplie les anecdotes savoureuses et révèle l’origine de certaines de ses pièces. Avec sa voix, son sourire, sa guitare, cet homme bienveillant sait toujours faire grimper le thermomètre de la chaleur humaine!
Piché nous arrive de l’arrière du parterre, en s’amusant à nous demander où est le chanteur, durant les premières mesures de Je lègue à la mer. On écoute les paroles avec une attention particulière puisque, juste avant l’entrée en scène de l’artiste, on a présenté une courte vidéo où Piché se confie avec humour sur la création laborieuse de cette pièce, en échangeant avec ses amis de longue date : Rick Haworth (guitare) et Mario Légaré (basse).
Ces musiciens ainsi que le batteur Pierre Hébert ont participé à l’enregistrement du disque Sur le chemin des incendies. 35 ans plus tard, ils sont toujours là! Avec le claviériste Jean-Sébastien Fournier et la choriste Chloé Lacasse, ils font revivre avec ferveur les mémorables Un château de sable, J’appelle, Sur ma peau, etc.
«Le feu, on le craint, mais on le vénère en même temps. Il y a les feux de la guerre, mais aussi les feux de joie. Il y a la passion brûlante de l’amour. Il y a l’étincelle qui rallume la flamme. Suivez-moi, venez avec nous Sur le chemin des incendies.»
Figure emblématique du nationalisme québécois, Piché souligne qu’à l’époque de cet album culte, l’option souverainiste ralliait moins de 30% de l’électorat, alors que quelques années plus tard, elle atteignait des sommets de popularité. «Il suffit d’une étincelle pour rallumer la flamme», dit-il. «Il y aura toujours une prochaine fois.» Des paroles que plusieurs applaudissent en lançant des cris d’approbation.
Bien sûr, les retrouvailles ne se limitent pas aux neuf chansons du disque célébré. En grande forme, le chanteur reprend avec fougue Voilà c’que nous voulons, enregistrée il y a 30 ans et qui semble toujours rejoindre les idéaux d’un bon nombre de Québécois : «c’qu’on veut n’a pas d’odeur de sang, de race ou de religion / tous nos espoirs sont à l’heure d’une cité libre sans cloison / on ne veut pas s’isoler ni rien qui nous renferme / que notre volonté soit citoyenne soumise à la seule race humaine.»
On retourne même au tout premier album avec l’inoubliable Heureux d’un printemps et une version particulièrement endiablée de Y’a pas grand chose dans l’ciel à soir. Tout le monde les chante de bon coeur, comme avec un ami, un frère!
Indépendamment de ses opinions politiques, cet homme a, aujourd’hui encore, quelque chose qui nous rassemble et qui nous ressemble aussi. Sur un ton conciliant et avec humilité, il nous parle de lui et de nous, dans ce que nous avons de meilleur et de pire. Entre autres, Le temps d’aimer et La haine sont des joyaux intemporels!
Enclin à l’auto-dérision, il risque une nouvelle chanson à laquelle il travaille depuis maintenant sept ans et dont le titre est toujours provisoire : Celui qui naît. Tourné vers le présent et l’avenir, Piché passe souvent par des souvenirs teintés de nostalgie pour parler de l’actualité. Il dira, entre autres, qu’autrefois la nature nous donnait des avertissements, mais qu’aujourd’hui elle nous les crie. La plupart des chansons sont accompagnées de projections d’images de cours d’eaux et de paysages paisibles, ce qui n’est peut-être pas vraiment utile.
Au rappel, ce sera l’increvable Mon Joe. Toute la salle est debout, une fois de plus! Il faudra insister quelques minutes mais, Piché reviendra pour une interprétation d’une grande douceur de L’Escalier, accompagnée au piano.
Intelligence, sensibilité, indémodables chansons, grandes émotions! De toute évidence, le public de ce soir de rentrée montréalaise s’est allègrement laissé emporté Sur le chemin des incendies, un voyage intense et lumineux de près de deux heures sans entracte, avec Paul Piché qui irradie de bonheur sur scène!
Sur le chemin des incendies – Tournée 35e anniversaire se poursuit ce soir-même (18 février), au Théâtre de la Ville à Longueuil. Il y aura aussi un arrêt à L’Étoile Banque Nationale, à Brossard, le 6 avril.