Paul Piché présentait l’ultime concert de sa tournée 40 printemps, ce jeudi soir, à la Place Bell, entouré de nombreux invités dont 2Frères, Émile Bilodeau, Laurence Jalbert et Vincent Vallières. Dès son entrée en scène, l’auteur-compositeur-interprète a eu droit à une ovation debout. Des milliers d’admirateurs ont chanté spontanément avec lui son succès J’appelle. Compte rendu d’une soirée de retrouvailles en chansons qui rappelait certains spectacles de la Fête nationale.
Tout sourire, Piché remercie d’abord son fidèle public. «Plusieurs d’entre vous ont acheté leurs billets il y a deux ans et vous les avez conservés ! Heureusement ! C’est pour ça qu’on est là ce soir !»
Blagueur, le chanteur rappelle qu’il connaissait peu la musique à ses débuts de sorte qu’il avait composé une chanson à deux accords. Plus de 40 ans plus tard, dès qu’il joue le premier de ces deux accords, c’est l’euphorie dans la salle où l’on reconnaît instantanément Y’a pas grand chose dans l’ciel à soir. Suivront Un château de sable avec 2Frères, La gigue à Mitchouano avec Vincent Vallières et plus tard, Car je t’aime avec Daniel Boucher.
Le patriote change son discours
À quelques semaines de la Fête nationale, cet artiste emblématique du mouvement souverainiste québécois depuis des décennies, ne dira pas un mot à ce sujet. Le sexagénaire se rallie plutôt à des discours dans la mouvance actuelle.
Il raconte, entre autres, son passage chez des autochtones à l’époque où il était archéologue. Ce métier l’avait amené à visiter, dans les années 1970, des Innus et des Cris consternés de devoir quitter les terres où on s’apprêtait à ériger des installations hydroélectriques dont LG-2. «Aujourd’hui, quand j’utilise l’électricité, je sais que ce n’est pas gratuit et je me dis qu’il y en a qui l’ont payée plus cher que d’autres.»
Piché y va aussi de ses mises en garde sur la protection de l’environnement en guise d’introduction à la chanson Les ruisseaux que Marc Hervieux interprétera sur une scène secondaire placée au milieu de la salle. La voix d’Hervieux et la rencontre de ces deux monstres sacrés produisent l’un des temps forts de la soirée !
Savoir durer
Essaye donc pas, Sur ma peau, Ne fais pas ça, Heureux d’un printemps, etc., dès les premiers accords, on les reconnaît toutes, même si Piché se fait rare depuis plusieurs années. Quel est le secret de cette longévité ?
Le principal intéressé souligne que le temps lui a appris à s’entourer de collaborateurs talentueux et gentils. Du même souffle, il présente son équipe où l’on retrouve plusieurs de ses collaborateurs de longue date : Rick Haworth (guitare) et Mario Légaré (basse), Pierre Hébert (batterie), Pierre Belisle (claviers), Pierre Dumont-Gauthier (guitare), François Guay (violon) et Audrey Michelle Simard (choriste).
Porté par une vague d’amour, Paul se lance dans les confidences. «Je suis lent», admet-il, en présentant une chanson sur laquelle il travaille depuis sept ans et dont le titre sera peut-être Celui qui naît.
Savoir être aimé
Le spectacle se termine en apothéose ! C’est dans un escalier en colimaçon installé au milieu de la salle, que Piché interprète a cappella l’une des plus belles chansons du répertoire québécois. «Pis tout au long de l’escalier / Que j’ai descendu lentement… J’étais tout à l’envers / Parce que c’ qui manquait / C’était par en-dedans / J’ me sentais seul comme une rivière / Abandonnée par des enfants». Ce texte dense, on le connaît pourtant par coeur et on le murmure spontanément avec lui.
«J’ vous apprends rien quand j’ dis / Qu’on est rien sans amour / Pour aider l’ monde faut savoir être aimé». Un moment d’émotion mémorable !
Paul Piché était entouré de Vincent Vallières, Émile Bilodeau, 2Frères, Daniel Boucher, Marc Hervieux, Laurence Jalbert, Marie-Élaine Thibert, Stéphanie St-Jean et Léo Piché pour le tout dernier spectacle de sa tournée 40 Printemps, à la Place Bell, le 19 mai 2022. Damien Robitaille atteint de la Covid a dû annuler sa participation à cette soirée.