Textes percutants, belles voix, rythmes et arrangements diversifiés et même une pochette remarquablement soignée. Tout y est ! Il est rare qu’on puisse s’exclamer ainsi dès les premières écoutes d’un disque et surtout d’un album de Noël, créneau saturé de classiques indétrônables. Pierre Lapointe réussit donc l’exploit de chanter Noël en posant sa lumière sur des angles rarement abordés dans ce répertoire, tout en étant souvent festif.
L’entrée en matière est irrésistible. On y sifflote nonchalamment sur un rythme vieillot rappelant Toute la pluie tombe sur moi, en assénant pourtant quelques vérités grinçantes: «La famille a ce «je ne sais quoi» qui fait du bien même si elle nous dégoûte parfois Chaque année on y revient». Et vlan ! Mais le gant est de velours avec des arrangements qu’on croirait imaginés dans les grandes années de Burt Bacharach.
Charleston endiablé pour Chez Clara : «on peut danser le Cancan le Jerk ou le Twist On se fout d’être démodé Personne n’y résiste». L’oiseau rare est un véritable slow à la Put your head on my shoulder (Paul Anka). Accompagné, ici, par un orchestre symphonique, le grand Pierre plonge dans le spleen : «J’attends que tu cognes à la porte J’oublie que nos amours sont mortes… La nouvelle année va bientôt commencer À minuit je laisserai notre amour s’envoler Comme un oiseau rare au plumage abimé prêt à mourir dans le froid glacial de janvier».
C’est suivi d’un duo avec Mika sur une rupture amoureuse à distance : Six heures d’avion nous séparent. Puis, place à un rythme à vous enflammer le bassin que ne dédaigneraient pas certains danseurs de cha cha cha. Noël Lougawou, en duo avec Mélissa Laveaux, est chantée en partie en créole haïtien. Faut-il le rappeler, cette artiste d’origine canadienne et de nationalité française est née de parents originaires d’Haïti.
Si l’émotion est intense un peu partout sur ce disque, le coup de grâce arrive à la dernière chanson, livrée seul au piano : «Maman, papa Dites-moi comment ça va ? Depuis l’an dernier, à Noël que je n’ai plus de vos nouvelles J’savais que ça n’vous ferait pas plaisir J’vous ai annoncé tout sourire que j’avais rencontré l’amour après quelques longs détours J’ai vite compris que vous étiez surpris voire même presque choqués… Vous qui disiez fièrement m’aimer Pourquoi soudain tout a changé ?»
Un mot sur la magnifique pochette de Chansons hivernales qui nous montre Pierre Lapointe en coureur des bois. Elle est signée, Pierre et Gilles, un couple de portraitistes français qui, depuis des décennies, immortalise des grands de ce monde, qu’il s’agisse de Salvador Dali, Madonna, Mick Jagger, Catherine Deneuve, etc.
En résumé, Pierre Lapointe a gravé un disque qui pourra longtemps nous accompagner à Noël, en rappelant qu’on peut célébrer avec joie ce qui nous unit sans pour autant s’illusionner sur la nature humaine.
Recommandé, sans modération !
Chansons hivernales – Pierre Lapointe
4,5 / 5