Alors que certaines comédies musicales traversent les époques, entre autres, grâce à leurs inoubliables mélodies, ce ne sera sans doute pas le cas de Pretty Woman. Cette romance surannée, racontée à travers des chansons écrites par Bryan Adams, réunit des chanteurs talentueux mais qui doivent se glisser dans une histoire ennuyeuse et qui avance à pas de tortue. Quant aux chorégraphies des plus convenues, elles étaient souvent approximatives en ce soir de première montréalaise. Plus encore, on cherchera en vain quelque parcelle d’originalité dans les décors qui se veulent hollywoodiens. Musicalement, il y a le tube de Roy Orbison qui sauve en partie la mise, mais il faut être patient!
Comédie musicale basée sur le film Pretty woman
La comédie musicale Pretty Woman, lancée en 2018 à Chicago, est basée sur l’histoire du film américain du même nom, sorti en 1990, où Julia Roberts partage l’écran avec Richard Gere. Le réalisateur de ce film, Garry Marshall et l’auteur du scénario, Jonathan Frederick Lawton, signent le livret de ce spectacle pauvre au niveau du contenu et du contenant!
Au coeur de cette comédie romantique sirupeuse, on découvre Ellie Baker dans le rôle principal de Vivian Ward. Elle incarne caricaturalement (!) une prostituée recrutée par un homme d’affaires qui veut qu’elle joue le rôle de sa petite amie lors de rencontres mondaines. De son côté, Chase Wolfe, excellent chanteur, a aussi le physique de l’emploi pour se glisser dans la peau d’Edward Lewis, beau jeune homme riche qui finira par tomber amoureux de cette femme qui se fait payer pour chaque moment qu’ils passent ensemble.
Tous les mécanismes sont ainsi mis en place pour un enchaînement de réflexions plus ou moins moralisatrices. Entre autres, Vivian doit porter des tenues plus conventionnelles pour accompagner Edward dans la haute société mais, elle se heurte aux préjugés de vendeuses de vêtements d’une boutique huppée de Hollywood qui ne veulent pas transiger avec une prostituée et lui demandent de quitter leur magasin.
Malgré tout, Vivian chante qu’elle est la fille la plus chanceuse au monde (Luckiest Girl in the World). À ses yeux, sa chance n’est pas tant d’avoir trouvé un amoureux mais plutôt que ce dernier lui prête sa carte de crédit! La jeune femme va d’ailleurs célébrer son nouveau pouvoir d’achat en retrouvant son amie Kit De Luca qui lui a enseigné le métier de prostituée. Rae Davenport se glisse dans ce rôle de fille de la rue rebelle avec une forte présence scénique à chacune de ses apparitions. On remarque sa voix puissante, entre autres, sur Rodeo Drive, l’une des meilleures pièces rock au programme.
Un nouveau personnage
Le rythme du spectacle est plombé par la lenteur des dialogues truffés de clichés et de blagues qui pour la plupart tombent à plat. Par exemple, durant le numéro qui gravite autour de la chanson Never Give Up on a Dream, l’un des protagonistes lance qu’il rêve de se marier avec Dolly Parton… Drôle?
Cela dit, on a ajouté un personnage qui n’était pas dans le film. Il s’agit de «Happy man» qui combine les rôles de gérant d’hôtel et de narrateur de l’histoire. Grâce au charisme de Adam Du Plessis , ce boute-en-train vient ajouter un peu de chaleur humaine durant cette longue soirée. Présent dès le premier numéro, Welcome to Hollywood, Du Plessis revient à quelques reprises pour stimuler le public qui en a bien besoin!
En résumé, comme on dit, tous les goûts sont dans la nature. Peut-être que cette romance d’un autre temps vous fera rêver.
Pour ma part, je n’ai pas été conquis par cette comédie musicale terne et ses rengaines prévisibles dont Long way home, interprétée comme une ultime déclaration des deux vedettes de la soirée, avant de ramener toute la troupe pour Together Forever.
Si c’est là l’essentiel de ce qu’on a à dire, faut-il vraiment consacrer plus de 2 heures 30 minutes à ce spectacle?
Enfin, la meilleure chanson du lot, Pretty Woman, grand succès de Roy Orbison, est interprétée comme ultime rappel.
Toute la troupe est alors mise à contribution et malheureusement, le calibrage du son n’était pas au point pour tous les chanteurs en ce mardi soir, à la Place des Arts.
Pretty Woman : The Musical
Livret de Gary Marshall et J.F. Lawton
Paroles et musique de Bryan Adams et Jim Vallance
À la Salle Wilfrid-Pelletier, du 5 au 10 mars
Présenté par Broadway Across Canada et evenko