Si la rentrée théâtrale est un défi pour de grandes salles comme le théâtre Duceppe qui ne peuvent maintenant offrir que moins du quart de leurs sièges aux spectateurs, imaginez comment la pandémie affecte un petit théâtre comme La Licorne ! Malgré les restrictions liées à la COVID-19, on y offre trois pièces, cet automne, dont le retour de Je suis mixte avec, entre autres, Yves Jacques. On ose aussi une création, mais, compte tenu de la limite fixée à quelques dizaines de spectateurs, on espère que la captation vidéo de cette pièce trouvera preneurs. Entrevue avec le grand manitou de La Licorne.
Une pièce catalane
Fidèle à son esprit aventurier, La Licorne explore «pour la toute première fois la dramaturgie catalane», se réjouit le directeur général et artistique, Philippe Lambert. Il s’agit de la pièce Fairfly de Joan Yago García. On y suit quatre amis dans la trentaine (Mikhaïl Ahooja, Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle Lalande) dont les emplois sont menacés. Nos trentenaires songent, alors, à redonner vie à une idée d’affaires inusitée qu’ils avaient eue quelques années auparavant. Ricard Soler Mallol signe la mise en scène de cette comédie sur l’émergence des startups et la culture entrepreneuriale, en exposant avec humour le décalage entre le rêve initial d’un projet d’affaires et la réalité. Ce spectacle est la mouture finale d’un texte qui a fait l’objet d’une lecture publique, l’an dernier, à La Dizaine de La Manufacture. Traduction : Elisabet Ràfols et Maryse Warda.
Le virtuel à la rescousse
Une captation vidéo sera aussi offerte à ceux qui préféreront voir Fairfly sur Internet. Durant la période de représentations, du 10 novembre au 12 décembre, on pourra donc visionner cette pièce en ligne, dans l’intimité de sa demeure, au coût de 20 $.
«Un acte de foi»
Bien sûr, la saison automnale se déroulera en entier dans la grande Licorne, une salle d’environ 180 places, où on ne peut désormais accueillir que 50 spectateurs. Le directeur général et artistique, Philippe Lambert, précise qu’on a enlevé une rangée de sièges sur deux et que chaque place est numérotée, ce qui n’était pas le cas auparavant. «On veut éviter que les gens cherchent leur place. Limiter les déplacements est l’une de nos principales préoccupations. D’ailleurs, les pièces sont présentées sans entracte, pour éliminer les attroupements aux salles de bain. Pour ce qui est de La Petite Licorne, une salle d’environ 90 places, nous avons renoncé à y présenter des spectacles, car on aurait dû se limiter à accueillir une vingtaine de personnes.»
Même si chaque représentation attirait le maximum de spectateurs permis, monsieur Lambert est catégorique : «ce n’est pas viable à long terme ! C’est un acte de foi que nous posons pour faire travailler les artistes, en espérant revenir à une certaine normalité.»
De ta force de vivre
Du 6 au 24 octobre, l’autrice et comédienne Marie-Ève Perron présente un spectacle solo inspiré de la fin de vie éprouvante de son père, au terme d’une longue maladie. De ta force de vivre se veut un mélange d’«autofiction et approche documentaire», où l’artiste repasse «avec humour et dérision dans
les étapes de son deuil».
Je suis mixte
Dans quelques jours, soit du 8 au 26 septembre, Yves Jacques et Benoît Mauffette, accompagnés du musicien Navet Confit seront de retour avec Je suis mixte de Mathieu Quesnel, présentée à La Licorne, en 2018. Cette pièce raconte l’histoire d’un Drummondvillois (Mauffette), troublé par sa visite d’un sauna mixte, lors d’un voyage en Allemagne. Ses révélations provoquent une remise en question de la part son oncle (Yves Jacques) qui n’hésite pas à s’immiscer dans le récit. Objet théâtral écrit et mis en scène par Mathieu Quesnel, mêlant performances d’acteurs, musique live et projections vidéo.
Sur la photo, de gauche à droite : Simon Lacroix (Fairfly) ; Mathieu Quesnel (Je suis mixte) ; Philippe Lambert, directeur artistique et général de La Licorne ; Marie-Ève Perron (De ta force de vivre) et Sonia Cordeau (Fairfly)
Crédit photo : Suzane O’Neill